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L'épreuve

Lire 2 Samuel 11 et 12 ; Job 1 et 2 ; 2 Corinthiens 11. 23-28

La Bible présente de nombreux exemples de personnes qui ont passé par de grandes épreuves. Trois hommes de Dieu, très différents l'un de l'autre, ont particulièrement souffert : David, à cause d'un péché très grave ; Job, dans un but de croissance spirituelle ; Paul, à cause de son service pour le Seigneur.

David

David est maintenant roi. Avec l'aide de Dieu, il gagne tous ses combats. Admiré de tous, félicité même par des étrangers, il règne avec bonté sur Israël et fait droit et justice à son peuple (2 Sam. 8 à 10). Comblé de succès, il cède pourtant à la tentation, qui est une forme d'épreuve. En peu de temps sa vie va basculer.

David commet adultère avec Bath-Shéba, la femme d'Urie, qui se retrouve enceinte. Très contrarié, David va tout essayer pour qu'Urie endosse, à son insu, la responsabilité de cette grossesse. Comme son plan échoue, David complote pour qu'Urie se fasse tuer dans une bataille (2 Sam. 11).

Par Nathan le prophète, Dieu parle à la conscience de David, sous la forme d'une parabole, afin qu'il comprenne la méchanceté de ses actes. David, sans réfléchir,  prononce son propre jugement. Il va en effet perdre quatre fils :

De plus, Nathan annonce à David que la corruption et l'inconduite persisteront dans sa famille : Amnon commet l'inceste avec Tamar sa sœur (2 Sam. 13. 14), Absalom fomente une odieuse conspiration contre son père et couche avec ses concubines (2 Sam. 15. 10-12 ; 16. 22). Mais Dieu, dans sa grâce, épargne la vie de David qui s'est repenti.

Dieu a pleinement pardonné à David, mais les conséquences du péché demeurent. Tout le reste de sa vie est désormais marqué par des souffrances qui ne sont que le fruit de son péché (il les décrit dans plusieurs psaumes).

Job

Job possédait de grandes richesses dont il faisait généreusement profiter les plus démunis.

Avec la permission de Dieu, Satan déclenche une soudaine attaque contre Job, une cible idéale, car il est parfait et droit, et il craint Dieu. Il perd ses bœufs et ses ânesses (des instruments de travail), ses brebis (la nourriture et le vêtement), ses chameaux (le moyen de transport et de commerce), et tous ses serviteurs. Plus terrible encore est la perte de ses dix enfants. Quelle est la réaction de Job ?

"L'éternel a donné et l'éternel a pris ; que le nom de l'éternel soit béni !" (Job 1. 21) : Job considère tous ses privilèges comme un don et non un dû. Il ne met pas en question la souveraineté de Dieu, estimant que le donateur est plus grand que ses dons.

La dignité de Job est d'autant plus remarquable qu'il ne sait rien de l'enjeu qui se cache derrière ce qui lui arrive.

Les épreuves continuent : Job est atteint d'une sorte d'ulcère ; sa femme devient l'instrument de Satan en le poussant à maudire Dieu ; enfin trois amis viennent auprès de lui pour mener deuil. Quand, l'un après l'autre, ils ouvrent la bouche après sept jours, ils n'ont que des paroles dures et blessantes pour Job qui répond en se justifiant. A son tour, Elihu intervient (Job 32 à 37). étant le plus jeune, il a attendu que les aînés aient fini de parler pour prendre la parole, mais c'est lui qui apporte enfin un message qui vient de Dieu.

Souvent, Dieu attend que nous soyons à bout d'arguments et que nous cessions de lutter pour nous donner une réponse et nous apporter sa bénédiction.

L'apôtre Paul

Paul a rencontré toutes sortes d'épreuves et a été souvent emprisonné pour sa foi (2 Tim. 3. 10-12), mais il n'y attache pas d'importance. Aucune circonstance adverse n'a raison de sa joie, ni de son enthousiasme, car il est plus occupé du Seigneur, de ses frères et sœurs et de son ministère que de lui-même.

En s'adressant, par exemple, aux Philippiens, alors qu'il est une fois de plus en prison, Paul commence sa lettre par des salutations bienveillantes. Loin de se plaindre de son sort, il leur souhaite "Grâce et paix de la part de Dieu".

Quand il évoque, mais avec discrétion, les circonstances difficiles par lesquelles il passe, il se réjouit d'avoir pu annoncer l'évangile jusque dans le tribunal, grâce à son emprisonnement. Libre il n'aurait jamais pu pénétrer dans l'entourage immédiat de l'empereur (Phil. 1. 12-14).

Ne pouvant pas stopper Paul dans son témoignage, Satan tente de fausser la pureté de ce message chez certains qui prêchent l'évangile, poussés par la jalousie et l'esprit de parti. Mais là encore, Paul par la foi, renverse cette situation : il se réjouit que l'évangile soit annoncé de toute manière (1. 15-18).

Paul considère que souffrir pour Christ dans le combat pour l'évangile est un privilège, et il encourage les Philippiens à combattre le même combat (1. 29, 30).

Enfin, Paul nous exhorte à cesser de nous plaindre (2. 14).

Cette épître aux Philippiens parle de joie dans chacun des chapitres. Paul en donne la raison : "J'ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve" (4. 11).

Ces trois hommes de Dieu, David, Job et Paul, ont eu chacun une personne pour les guider ou les encourager : Nathan, le prophète, révèle à David son péché (2 Sam. 12. 1) ; Elihu, qui désire que Job soit trouvé juste, met le doigt sur son problème, sa propre justice (Job 32. 2) ; Epaphrodite réconforte Paul en prison et lui apporte un don matériel dont l'apôtre avait certainement besoin (Phil. 4. 18). Luc est à ses côtés quand Paul, emprisonné une nouvelle fois au terme de sa vie, est abandonné de tous (2 Tim. 4. 11).

S'il est vrai que, dans l'épreuve, nous avons besoin de frères et de sœurs ayant un don de compassion et de discernement, rappelons-nous que tout retour à Dieu et toute délivrance viennent de Lui seul.

Après l'épreuve

A la suite de leurs épreuves, comment David, Job et Paul ont-ils poursuivi leur vie ?

David confesse son péché (2 Sam. 12. 13). Il sait que Dieu, dans sa grâce, pardonne et oublie la faute. Après avoir confessé sa faute et supplié Dieu de le purifier, David demande que ses lèvres puissent s'ouvrir pour annoncer la louange de Dieu (Ps. 51. 15). Le désir de louer le Seigneur est le signe d'un rétablissement spirituel complet.

Pour Job, il faut attendre 31 chapitres pour découvrir un changement d'attitude. C'est seulement au moment où Dieu lui parle qu'il réalise que Dieu peut tout et que lui, Job, a parlé sans comprendre. Il s'humilie. Il n'est pas encore guéri, ni rétabli, pourtant ces instants où Dieu se révèle sont décisifs. Le dernier chapitre du livre rapporte l'heureux dénouement de son histoire : Job est complètement guéri et doublement béni (Job 42. 12, 13). Dieu ne donne à Job aucune explication, ni la raison de son épreuve, car il n'a aucun compte à rendre à qui que ce soit (Deut. 29. 29 ; Prov. 25. 2). Pourtant nous savons que Dieu, et non Satan, a vu la fidélité de Job et en a parlé (Job 1. 8 ; 2. 3). C'est Lui qui, dans sa souveraineté, a demandé des comptes à Satan, c'est Lui qui a mis des limites à l'épreuve : en aucun cas Satan ne pouvait toucher à la vie (ou à l'âme) de Job (1. 12 ; 2. 6). L'épître de Jacques révèle le but final de l'épreuve : nous montrer "que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux" (Jac. 5. 11).

Suite à ses épreuves, Paul va-t-il un jour connaître une vie plus facile comme Job ? Non, il continuera de souffrir pour l'évangile jusqu'à la fin, mais sa joie est de vivre pour Christ ; cela lui suffit (Phil. 1. 21).

David et Job se sont retrouvés face à face avec le Dieu saint, juste et miséricordieux, à un moment précis de leur vie. Quant à Paul, il éprouve de manière constante la présence du Seigneur.

Pourquoi l'épreuve ?

L'épreuve la plus difficile à comprendre est celle que Dieu permet pour notre croissance spirituelle, comme celle de Job. Restons assurés que Dieu n'envoie pas d'épreuve surhumaine aux siens (1 Cor. 10. 13) et qu'il est toujours prêt à les consoler (2 Cor. 1. 3, 4).

Quand l'épreuve nous atteint, Dieu agit envers nous comme l'on affine l'or ; pour cela nous devons lui faire totalement confiance, car deux dangers nous guettent :

  1. Se tourner vers le passé, vers des temps prétendus meilleurs (Ecc. 7. 10)
  2. Laisser l'amertume envahir notre cœur lorsque Dieu nous arrête (Héb. 12. 15).

"Nous nous glorifions dans les tribulations, dit l'apôtre Paul, sachant que la tribulation produit la patience, la patience l'expérience, et l'expérience l'espérance ; or l'espérance ne rend pas honteux" (Rom. 5. 3-5).

Pour mieux comprendre ce verset, pensons à l'athlète qui veut gagner une médaille d'or. Que doit-il faire pour la mériter ?

  1. S'astreindre à un entraînement régulier, un dur exercice qui n'est pas exempt de souffrances.
  2. Participer à une " épreuve" sportive.

Le terme "tribulations" vient d'un verbe qui signifie en grec "presser" (des olives ou du raisin). Il évoque la forte pression exercée par les ennuis extérieurs ou l'angoisse intérieure. La tribulation produit la patience (la persévérance), c'est-à-dire tenir bon pour ne pas s'effondrer pendant la course. Cette persévérance produit à son tour l'expérience, une fidélité éprouvée par des épreuves successives. Le caractère se forme en surmontant une épreuve ou un échec. Aussi, c'est toujours pour notre bien que Dieu nous éprouve (Héb. 12. 7).

Sans entraînement, nous n'arriverons jamais à décrocher une médaille. Mais, contrairement au sportif, ne recherchons pas les épreuves, acceptons-les, sachant que notre récompense est la couronne du vainqueur (Jac. 1.12). Nous ne la garderons pas pour nous-mêmes, nous la déposerons au pied du trône (Apoc.  4. 10).

Joseph est un exemple de mûrissement spirituel extraordinaire suite à des épreuves successives. Jeune enfant gâté par son père, il est très tôt soumis à de dures épreuves avant d'être prêt à accomplir ce que Dieu avait prévu pour lui. Il lui a fallu 12 ans pour passer d'une prison à un palais (Ps. 105. 18-22).

Un sculpteur disait devant un bloc de marbre : petit à petit j'enlève tout ce qui ne ressemble pas à un cheval. C'est ainsi que Dieu nous façonne.

Pour conclure

Lors d'une épreuve, beaucoup de questions restent sans réponse. Dieu ne doit aucune explication à ses enfants. Nous devons simplement obéir à Dieu et lui faire confiance, même lorsqu'il semble rester silencieux.

En posant des questions à Dieu, nous croyons souvent rechercher des explications alors qu'en fait nous lui demandons bien souvent de nous rendre des comptes (voir Jac. 4. 3)

Alors que faire face à la souffrance ou à l'épreuve ?

Je n'ai pas de solution miracle, mais je désire vous transmettre ceci pour l'avoir expérimenté avec mon épouse, lors de la grave maladie de notre fils maintenant guéri :

Si le Seigneur a été ému de compassion sur cette terre envers des hommes et des femmes qui souffraient (Matt. 14. 14 ; 20. 34 ; Luc 7. 13), il reste aujourd'hui notre souverain sacrificateur qui sympathise à nos infirmités (Héb. 4. 15). Puisqu'il a été éprouvé dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont éprouvés.

Si vous vous trouvez dans une période difficile, voici quelques versets d'encouragement :

"L'éternel est la force de ma vie" (Ps. 27. 1)

"(L'éternel est) avec moi" (Ps. 23. 4)     

"Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver" (Ps. 46. 1).

"Ne crains point, car je suis avec toi, ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu" (Es. 41. 10).

"Je ne te laisserai point et je ne t'abandonnerai point" (Jos. 1. 5)

"Voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu'à l'achèvement du siècle" (Matt. 28. 20).

Bertrand Guignard

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