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Trois appels, trois messagers, trois races

Avant de quitter ses disciples et de monter au ciel, le Seigneur leur donne un programme d'action pour le monde entier : "Vous serez mes témoins aussi bien à Jérusalem que dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre" (Act. 1. 8). Le livre des Actes en montre la réalisation progressive, dès la descente du Saint Esprit.

Jusqu'au chapitre 4, le témoignage des disciples reste confiné à Jérusalem, mais au chapitre 5 déjà, une foule de gens accourt des villes d'alentour avec leurs malades. Ils sont tous guéris. Dès le chapitre 8, la persécution provoque la dispersion des témoins de Jésus, et la Samarie est rapidement conquise par la bonne nouvelle du salut.

Il fallait encore aller plus loin, mais comment faire pour atteindre "le bout de la terre" ? C'est alors que commence la propagation irrésistible de la Parole du Christ. Les chapitres 8 à 10 du livre des Actes rapportent la conversion de trois hommes qui appartiennent aux trois zones géographiques peuplées par les descendants de Sem, Cham et Japhet après le déluge (voir Gen. 10) :

  1. L'intendant des trésors de la reine d'Ethiopie : il représente les descendants de Cham qui ont peuplé le sud-ouest de l'Asie, dont Canaan, et l'Afrique souvent désignée sous l'appellation Ethiopie.
  2. Saul de Tarse : comme Juif, il descend de Sem.
  3. Le centurion romain Corneille : il est issu de Japhet, l'ancêtre des nations occidentales.

Le plus éloigné est appelé le premier. Alors qu'il évangélise la Samarie, Philippe reçoit un ordre insolite par un ange du Seigneur : "Lève-toi, dit-il, et va vers le midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza ; il est désert. Il se leva et s'en alla. Et voici un Ethiopien, eunuque, homme haut placé à la cour de Candace, reine des Ethiopiens, intendant de tous ses trésors, et qui était venu pour adorer à Jérusalem, s'en retournait ; assis sur son char, il lisait le prophète Esaïe... Philippe accourut et l'entendit qui lisait... L'eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même, ou de quelque autre ? Alors Philippe ouvrit la bouche et, commençant par cette Ecriture, lui annonça Jésus" (Act. 8. 26-35). La vie de cet Ethiopien, revenant d'un pèlerinage à Jérusalem, est transformée. Après avoir été baptisé par Philippe, il continue sa route tout joyeux ! On peut penser que l'évangile a pénétré en Afrique par son moyen.

Si, pour annoncer l'évangile à l'eunuque éthiopien, Dieu envoie un évangéliste, et plus tard l'apôtre Pierre pour parler au centurion romain Corneille, c'est simplement un "disciple" que Dieu choisit pour communiquer son message à un descendant de Sem, Saul de Tarse, que le Seigneur vient de terrasser sur le chemin de Damas. "Lève-toi et va", tel est l'ordre que reçoit Ananias dans une vision. Le Seigneur ajoute : "Cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie" (Act. 9. 11, 12). Ananias est un homme pieux qui observe fidèlement la loi et qui est estimé de tous les Juifs de Damas. C'est le simple et beau témoignage que lui rend plus tard Saul devenu Paul (Act. 22. 12). Mais Ananias hésite. Il connaît la violence de Saul contre les saints. "Va, lui dit le Seigneur, cet homme m'est un instrument choisi pour porter mon nom devant les nations" (v. 15). Quand Ananias comprend que le Seigneur a choisi Saul, il se lève sans tarder et lui dit : "Saul, frère, le Seigneur Jésus qui t'est apparu dans le chemin par où tu allais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli de l'Esprit Saint". Saul recouvre la vue et est immédiatement baptisé, probablement par Ananias. Ce n'est pas une modification du comportement que le Seigneur a opéré en Saul, mais un changement radical : sans tarder, Saul prêche dans les synagogues que Jésus, qu'il persécutait avec tant d'acharnement, est le Fils de Dieu.

Au chapitre 10, l'ordre divin "Lève-toi... et va" est donné une troisième fois (v. 19). C'est l'apôtre Pierre qui le reçoit. Il doit se rendre chez Corneille, un officier romain, pour lui annoncer Jésus, car les nations occidentales sont aussi les objets de la grâce de Dieu. Corneille et tous ceux qu'il avait réunis à Césarée reçoivent l'Esprit Saint et Pierre commande qu'ils soient baptisés au nom du Seigneur (v. 44-48). L'entrée des païens convertis dans l'Eglise a été un événement si révolutionnaire pour les Juifs chrétiens qu'il a fallu un apôtre pour en rendre compte et les convaincre.

Dans ces trois cas de conversion, Dieu choisit un messager et il lui dit chaque fois : "Lève-toi, et va". Les trois messagers obéissent, mais leur service est différent. L'Ethiopien et le Romain cherchaient la vérité. Philippe et Pierre les ont amenés à la connaissance de Jésus. Par contre, Saul croyait détenir la vérité. Le Seigneur s'est révélé à lui sans intervention humaine, mais il envoie Ananias pour qu'il recouvre la vue et soit rempli de l'Esprit Saint (Act. 9. 17).

Notons encore que ces trois hommes qui se convertissent et qui sont tous baptisés sans délai, appartenaient aux trois grands domaines de la société organisée. L'évangile est pour tous, pour le simple citoyen comme pour "tous ceux qui sont hauts placés" (1 Tim. 2. 2).

  1. le domaine politique : l'intendant des trésors de la reine d'Ethiopie était un homme puissant à la cour de son pays.
  2. le domaine religieux : Saul de Tarse, un pharisien zélé pour Dieu, avait été instruit par Gamaliel, docteur de la loi réputé (Act. 22. 3).
  3. le domaine militaire : Corneille, même s'il n'avait pas un rang particulièrement élevé dans la garde impériale romaine, représentait le pouvoir militaire.

Voilà le canevas qui a déterminé la propagation de l'évangile.

Notre mandat est le même que celui que le Seigneur a confié à ses disciples : "Allez donc, et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" (Matt. 29. 19). Les occasions ne manquent pas, près de chez soi comme au loin. Sommes-nous prêts à nous lever pour témoigner et aller où Dieu nous envoie ? Peut-être, comme Philippe, sur un chemin désert, ou comme Ananias, auprès d'une personne réputée dangereuse, ou encore comme Pierre, là où nos frères risquent de nous le reprocher ! A nous de prendre la relève !

(Texte inspiré d'un entretien privé avec l'un des éditeurs)

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