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Deux édifices

Après le déluge, un monde nouveau se rebâtit. Il est peuplé des descendants de Noé, cet homme de foi qui a trouvé "grâce aux yeux de l'Éternel" lorsque le jugement du monde impie était arrêté (Gen. 6. 7, 8).

Comme le cœur de l'homme est incurable, la corruption et la méchanceté ont vite fait leur retour sur cette terre fertile, nettoyée et purifiée par les eaux du déluge.

La vanité de l'homme

Le premier édifice que les hommes vont élever en commun est la tour de Babel dont le sommet, selon leur projet orgueilleux, touchera au ciel (Gen. 11. 4).

Quel est leur but ? "Se faire un nom" en prenant leur destinée en main pour éviter leur dissémination sur la terre que Dieu voulait peupler (Gen. 1. 28 ; 9. 1). Dans cet effort d'union, nous ne voyons aucune allusion à la grandeur de l'Éternel qu'ils auraient dû connaître à l'instar de Noé, leur ancêtre. Au contraire, ils se forgent leur propre religion en construisant une ville et une tour dont le sommet doit atteindre les cieux.

Noé avait pris les avertissements de Dieu au sérieux et avait construit une arche pour sauver sa famille. Après le déluge, son premier acte avait été de revendiquer les droits de Dieu sur la terre purifiée en bâtissant un autel. Mais les hommes de Babel sont déterminés à ne pas tenir compte de Dieu, lui qui demeure "en haut" mais qui s'abaisse "pour regarder dans les cieux et sur la terre" (Ps. 113. 6). Leur union exclut la présence de Dieu : c'est bien l'affirmation orgueilleuse de leur prétention à la puissance. Dieu les arrête, brouille leur langage pour qu'ils ne se comprennent plus et les disperse.

A Babel l'homme a dévoilé l'intérieur de son cœur, en voulant, par ses propres moyens, échapper au plan de Dieu. Aujourd'hui, l'homme continue d'élever la tour de l'orgueil et de faire sa propre volonté : il veut oublier qu'il n'est qu'une créature dont l'existence, les capacités et les aptitudes ne dépendent que du Créateur. Ainsi, ce défi, que nous trouvons dans les premiers moments de ce monde nouveau après le déluge, se perpétue encore, de génération en génération.

Ce que Dieu a constaté à l'origine des civilisations, c'est ce qui va bientôt se reproduire concrètement après l'enlèvement de l'Église, mais sur une échelle mondiale : les hommes mettront sur pied une union universelle qui préparera l'ultime confusion des peuples. L'esprit de Babylone - puissance, orgueil et idolâtrie - sera pleinement manifesté sous le nom de "Babylone la grande" (Dan. 4. 30 ; Apoc. 17. 5). Devenue riche, dominant l'économie mondiale, elle s'attribuera aussi la place de l'Épouse de Christ. C'est "la grande prostituée", la fausse église (Apoc. 17. 1, 4).

A Babel, Dieu, dans sa sagesse, a suspendu son jugement en confondant le langage des hommes et en les dispersant sur toute la face de la terre. Mais quand le nom et l'esprit de Babylone se seront pleinement manifestés, quand ses péchés se seront amoncelés jusqu'au ciel, elle subira un jugement final, terrible, en une seule heure (Apoc. 18. 10, 19).

Le travail de Dieu

A côté du travail de l'orgueil humain, vain et futile (Ecc. 1. 14), qui entraîne le jugement et ses conséquences, il y a le travail de Dieu, seule œuvre qui porte un fruit éternel : "Ce que Dieu fait subsiste à toujours et il n'y a rien ày ajouter, ni rien à en retrancher" (Ecc. 3. 14).

Au moment fixé par Dieu, Christ paraît. Il déclare à ses disciples : "Je bâtirai mon assemblée" (Matt. 16. 18). Il vient, Lui le Créateur, poser ici-bas la première pierre de cet édifice parfait qu'est l'Assemblée du Dieu vivant : "La pierre méprisée... est devenue la pierre angulaire" (Act. 4. 11).

Ici-bas, notre Seigneur a commencé dans la douleur la construction de cet édifice. Il a été rejeté, humilié, frappé, alors qu'il venait sauver et délivrer les hommes. Il voulait en faire les pierres vivantes de cet édifice qui croîtrait pour être "un temple saint dans le Seigneur", "une habitation de Dieu par l'Esprit" (Eph. 2. 21). Pour cela, il a dû être jugé et condamné à notre place, Lui le Juste. Il a subi les souffrances de la croix et connu l'abandon de Dieu pour nous des injustes. Mais s'il a laissé sa vie, il l'a reprise car il en avait le pouvoir, et c'est en grand vainqueur qu'il est ressuscité. Alors s'est réalisée sa parole : "Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai" (Jean 2. 19).

Les résultats de l'œuvre parfaite de Christ ne se sont pas fait attendre : le jour de la Pentecôte, cinquante jours après sa glorieuse résurrection, l'Église est formée, constituée de pécheurs sauvés par la mort du Fils de Dieu. La venue de l'Esprit Saint est absolument attachée à cette position nouvelle des hommes vus en Christ comme ressuscités avec Lui, chaque croyant devenant le temple du Saint Esprit.

"Ayant été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis", Christ a répandu le Saint Esprit promis par le Père (Act. 2. 33). Alors, comme un souffle violent, a commencé cette nouvelle période, celle dans laquelle nous vivons, où le Seigneur ajoute pierre sur pierre à l'Assemblée, un édifice éternel.

Collaborateurs de Dieu

Ayant été créé dans le Christ Jésus qui a pleinement accompli l'œuvre de Dieu, chaque croyant est maintenant responsable d'accomplir les bonnes œuvres que Dieu a préparées d'avance.

Si, aujourd'hui, nous cherchons à reconstruire ce qui a été détruit par nos manquements, en disant avec insolence : "nous rebâtirons ce qui est ruiné", alors Dieu nous avertit : "Ils bâtiront, mais moi je renverserai" (Mal. 1. 4). Dieu ne construira pas un autre édifice que celui qui est basé sur l'œuvre de son Fils.

Appelés par grâce "collaborateurs de Dieu" (1 Cor. 3. 9), nous sommes donc invités à édifier sur le seul fondement qui est Christ - sa personne et son œuvre - avec ce que Dieu lui-même produit en nous par son Esprit. Cette action de l'Esprit en nous, c'est le secret de la puissance dans le service.

Ne soyons pas découragés par les difficultés dans la construction de l'Eglise. Le Seigneur a déclaré à ses disciples : "Je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle" (Matt. 16. 18). L'édification de l'Eglise a commencé à la Pentecôte et se poursuivra jusqu'au moment où la dernière pierre aura été ajoutée. Rien n'a pu arrêter cette construction, rien ne pourra l'arrêter : Jésus, par la mort, a rendu "impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable" (Héb. 2. 14).

En toile de fond entre ces deux événements que sont Babel et la Pentecôte se trouvent la croix de Christ et l'amour de Dieu en réponse à la vanité et à méchanceté du cœur de l'homme.

"Là où le péché abondait, la grâce a surabondé" (Rom. 5. 20).

Daniel Martel

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