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Dessine-moi un modèle !

Dans la classe des petits, l'institutrice donne une leçon de dessin à ses élèves. Sur le tableau noir, elle trace à grands traits l'esquisse d'un oiseau. Suivent de brèves explications sur la manière de commencer l'ébauche et de la disposer sur la feuille.

- Alors, c'est à vous maintenant, on y va !

La maîtresse regarde chacun de ces artistes en herbe, espérant peut-être découvrir quelque don en devenir.

Madame, je n'y arrive vraiment pas, dessine-moi un modèle !

Tu as envie de décalquer ? Ce serait trop facile... Bien ! je t'en fais un.

Sécurisé, l'enfant s'applique maintenant à reproduire le modèle de la maîtresse.

Copier un modèle nécessite une attention soutenue. Il faut le regarder souvent pour ne négliger aucun détail.

Quel est le modèle du chrétien ?

L'apôtre Pierre a suivi le Seigneur durant tout son ministère sur cette terre. Il l'a vu dans les circonstances les plus diverses, de sorte qu'il peut écrire : "Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces" (1 Pi. 2. 21-23). Le modèle est parfait, mais nous sommes invités à en reproduire les traits, même s'il est inimitable. Le dessin de la maîtresse, même s'il n'était pas parfait, dépassait en qualité ce que ses élèves pouvaient faire. Aurait-elle dû faire une esquisse médiocre pour permettre à quelques-uns de la dépasser ? Cela n'aurait pas été digne d'un bon pédagogue. A l'inverse, serait-ce juste de sa part de mépriser tous les travaux de ces petits parce qu'aucun n'égale le modèle ?

Te ressembler, Jésus, c'est mon espoir suprême... On le chante, mais est-ce une réalité ? Alors nous nous appliquerons à mieux connaître notre modèle, à le considérer plus fréquemment là où il nous est dépeint, c'est-à-dire dans les évangiles. Voyons donc brièvement quelques traits qui nous révèlent l'excellence de la personne du Seigneur, à travers l'évangile de Marc.

Jésus, parfait serviteur

Aucune généalogie n'introduit le Seigneur dans l'évangile de Marc. Il entre de plain-pied dans le service pour lequel il était venu. Le Père lui-même a soin de relever la gloire de son Fils quand il s'associe aux humbles repentants que Jean baptise au Jourdain (Marc 1. 9-11). Dès ce moment, le service du Seigneur se poursuit sans relâche ; l'adverbe "aussitôt" souvent employé au premier chapitre, souligne le zèle de notre Seigneur.

L'arrêt que le Seigneur ne négligeait pas, c'était celui réservé à la prière (Marc 1. 35). La caractéristique d'un service fidèle, c'est de l'accomplir selon les directives du maître. Jésus l'a réalisé parfaitement.

Un autre fait démontre la perfection de Jésus comme serviteur : il ne se laisse pas arrêter par la critique de ses détracteurs. Les scribes et les pharisiens le blâment parce qu'il se met à table avec les publicains et les pécheurs, ou parce que ses disciples ne suivent pas les rites traditionnels (Marc 2. 16, 28) ; mais le Seigneur n'en a cure, et il poursuit son ministère.

Que ce soit sur la mer agitée ou sur la terre ferme, Jésus reste le même, prêt à répondre aux besoins de chacun. Tout l'évangile de Marc témoigne de sa disponibilité, selon qu'il dit lui-même : "Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup" (Marc 10. 45).

Que dire des jours de sa passion ?

La nuit où il a été livré, le Seigneur a pris un repas avec ses disciples, au cours duquel il les a instruits de façon magistrale. C'est l'évangile de Jean qui le relate. Au terme du repas, se levant pour se rendre à Gethsémané, le Seigneur a encore chanté une hymne, comme pour encourager les siens (Marc 14. 26). Saisi d'angoisse, il supplie son Père et se soumet pleinement. Il dit alors à ses disciples : "Dormez dorénavant, et reposez-vous ; il suffit, l'heure est venue" (Marc 14. 42). C'était pour lui l'heure de la croix ; mais pour les siens, c'était le moment où allait s'accomplir l'oeuvre du salut. Jusqu'au bout, Jésus a vécu pour les autres ; pour son Père, d'abord, mais aussi pour ses disciples, son peuple et l'homme, quel qu'il soit.

Le modèle que Jésus nous a laissé est bien au-dessus de notre mesure. Nous ne pouvons pas l'abaisser. Faisons alors comme l'apôtre Paul : "Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but" (Phil. 3. 14).

Dessine-moi un modèle, avait dit l'enfant. L'ayant bien regardé, il a pu dessiner quelque chose qui ressemblait à un oiseau. Et nous, allons-nous ressembler à notre divin modèle au point que ceux qui nous voient puissent nous appeler "chrétiens", c'est-à-dire de Christ, comme c'était le cas des croyants d'Antioche ? (Actes 11. 26)

F. Gfeller

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