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DANS LES BRAS DU PERE

L'amour inconditionnel de Dieu à l'égard de tous les hommes

"Le Père lui-même vous aime" (Jean 16. 27)

"Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père (Gal. 4. 6)

Jésus a beaucoup parlé du Père à ses disciples, il leur a même indiqué la mesure de l'amour du Père pour eux :"...tu les as aimés comme tu m'as aimé" (Jean 17. 23). Malgré tout cela, les disciples n'avaient pas compris que tout ce que le Seigneur était, faisait et disait représentait une révélation du Père.

Le soir avant que Jésus donne sa vie, Philippe lui demandait encore : "Montre-nous le Père, et cela nous suffit". Jésus lui dit : Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ? Celui qui m'a vu, a vu le Père ; et comment toi, dis-tu : Montre-nous le Père ?" (Jean 14. 8, 9). Philippe, comme un enfant adopté, recherchait encore son Père, car l'Esprit d'adoption, "par lequel nous crions : Abba, Père !" ne lui avait pas encore été donné (Rom. 8. 15 ; Gal. 4. 6).

Sous l'Ancienne Alliance, l'Eternel était déjà considéré comme Père et invoqué comme tel :

"Éternel, tu es notre père : nous sommes l'argile, tu es celui qui nous as formés, et nous sommes tous l'ouvrage de tes mains" (Es. 64. 8).

"Toi, Eternel, tu es notre Père ; ton nom est : Notre rédempteur de tout temps" (Es. 63. 16).

Toutefois, la paternité de Dieu était mêlée de crainte. C'est Jésus, le Fils de Dieu, qui a pleinement révélé le sens et le contenu du titre de "Père". C'est sous ce nom que Dieu est invoqué dans le Nouveau Testament. Ce nom sous lequel nous connaissons Dieu aujourd'hui résume pour le croyant toutes les autres appellations et tous les attributs de Dieu. Jésus, dans sa qualité de Fils, par le don total de lui-même sur la croix, en a été la manifestation : Dieu était en lui, réconciliant le monde avec lui-même (2 Cor. 5. 19). Dès lors, par Christ, "nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit" (Eph. 2. 18).

1. Le rôle du Père céleste

Créateur et dispensateur de la vie

Dieu est le créateur de la race humaine (Mal. 2. 10 ; Act. 17. 28) et Celui qui engendre et protège avec amour ceux qui deviennent, par la nouvelle naissance, ses enfants spirituels (Rom. 8. 15 ; Gal. 4. 6). La paternité divine se révèle à son plus haut degré dans cette notion de Dieu, qui donne une nouvelle vie à ses enfants.

Diffuseur de l'amour inconditionnel

Dieu a des sentiments de père et de mère à l'égard de ses enfants :

"Comme un père a compassion de ses fils, l'Éternel a compassion de ceux qui le craignent" (Ps. 103. 13).

"Comme quelqu'un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem" (Es. 66. 13).

Dieu n'est plus pour nous "comme un père", il est devenu "notre Père".

Protecteur et nourricier

Notre Père connaît tous nos besoins, nous protège et nous porte sur ses bras :

"Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi" (Ps. 139. 5).

"Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver" (Ps. 46. 1).

"Le Dieu d'ancienneté est ta demeure, et au-dessous de toi sont les bras éternels" (Deut. 33. 27).

Si notre Père céleste pourvoit aux besoins des oiseaux, à combien plus forte raison pourvoira-t-il aux besoins des êtres qui sont le couronnement de la création (Matt. 6. 25-33) !

Dieu est aussi le père des orphelins (Ps. 10. 14 ; 68. 5). Il prend lui-même en charge ceux qui n'ont plus de père terrestre, car il sait que la présence d'un père est non seulement nécessaire, mais aussi indispensable.

Éducateur

Le Père enseigne. Elihu faisait remarquer à Job : "Voici, Dieu se montre élevé dans sa puissance : qui enseigne comme lui ?" (Job 36. 22)

Le Père forme. Moïse, coléreux et violent devint l'homme le plus doux, le plus humble, le plus patient de la terre, au contact de Dieu (Nom. 12. 3).

Le Père stimule par des encouragements.

A trois reprises l'Éternel exhorte Josué qui va entreprendre la conquête de Canaan : "Fortifie-toi et sois ferme" (Jos. 1. 6, 7, 9).

L'Ange de l'Eternel encourage Gédéon, qui se sentait petit, faible, opprimé : "L'Éternel est avec toi, fort et vaillant homme" (Jug. 6. 12).

Le Père discipline, forme des disciples, c'est-à-dire des élèves, souvent par des épreuves. Elles font partie du processus éducatif de Dieu pour ses enfants (Héb. 12. 5-8). Rien ne se produit par hasard dans la vie du chrétien.

2. Le rôle des pères terrestres

Le terme "père", appliqué aux hommes, est riche de sens dans la Bible. Il désigne :

  • celui qui engendre,
  • celui qui transmet des valeurs morales et spirituelles (Deut. 6. 6-9),
  • celui qui, à l'égard d'un autre, a une attitude paternelle et sage (Gen. 45. 8),
  • celui à qui est dû le respect et l'honneur, surtout si c'est un vieillard (2 Rois 2. 12).

Né de nouveau, le chrétien acquiert des caractères correspondant à ceux du Père dont il devient l'enfant. Par amour pour son Père, il cherchera à l'imiter et à l'honorer dans tous les détails de sa vie. Le premier mouvement de retour au Seigneur appartient aux pères (Luc 1. 17). S'ils montrent l'exemple, les enfants seront mieux disposés envers le Seigneur et, en conséquence, envers leurs pères.

Le père est transmetteur de l'hérédité génétique et des valeurs spirituelles :

Il peut être un mauvais ou un bon exemple, de sorte que sa descendance en est influencée. C'est ce que signale la Parole de Dieu :

"Moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui visite l'iniquité des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui use de bonté envers des milliers de ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements" (Ex. 20. 5, 6 ; voir aussi Ex. 34. 7 ; Nom. 14. 18 ; Deut. 5. 9).

Une application erronée de ces paroles a conduit Israël à rédiger ce proverbe :

"Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en sont agacées" (Jér. 31. 29 ; Ezé. 18. 2).

Cependant la grâce de Dieu agit indépendamment de ces dispositions, comme pour Josias, Esdras, Néhémie et Daniel qui montrent que le bon chemin est la confession des péchés des pères, dans lesquels les fils s'identifient comme responsable eux aussi (2 Chron. 34. 19-21, Esd. 9, Néh. 9, Dan. 9). En opposition au verset 2 d'Ezechiel 18, Dieu dit par le prophète : "Le fils ne portera pas l'iniquité du père, et le père ne portera pas l'iniquité du fils" (Ezé. 18. 20).

Comme éducateur, le père donne "des racines et des ailes" à son fils et s'assure que ce qui est transmis est acquis. Le livre des Proverbes est un véritable manuel d'éducation à son usage.

Dans le Psaume 127, les fils sont comparés à des flèches dans la main d'un archer (v. 3-5). La responsabilité du père c'est de donner l'énergie et l'axe de direction précis pour lancer la flèche. Celle-ci volera ensuite par elle-même.

Le père est formateur de l'identité sexuelle et psychologique chez l'enfant (si le père est complètement absent, son identité sexuelle sera perturbée).

Le père est comparable à un "punching-ball" : le fils va tester sur lui sa combativité.

Le père est un symbole d'autorité exercée dans l'amour, non d'autoritarisme. Dans le Nouveau Testament, l'apôtre Paul donne deux ordres aux pères pour éviter qu'ils ne poussent leurs enfants à la révolte :

"Pères ne provoquez pas vos enfants" (Eph.6. 4)

"N'irritez pas vos enfants afin qu'ils ne soient pas découragés (Col. 3. 21).

Le père est aussi celui qui bénit ses enfants : "Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph" (Héb. 11. 21). Avons-nous prononcé sur nos fils et sur nos filles une bénédiction qui vienne de la part de Dieu ?

Les dangers et les ressources

Dans la société actuelle les pères sont de plus en plus absents. Selon le mot d'une psychologue réputée, " les pères sont devenus répudiables à merci ". Les divorces, les familles mono-parentales ou recomposées, l'activité professionnelle trop accaparante, les loisirs stressants vécus à 100 à l'heure, contribuent à faire éclater la cellule familiale et à dénaturer la formation des enfants qui va en décadence.

L'absence des pères produit un manque de repères chez les enfants. Sans identité, ils peuvent sombrer dans la violence, le rejet et la contestation de toute forme d'autorité. Ces courants dévastateurs, qui emportent la société dans laquelle nous vivons, font aussi pression sur les communautés chrétiennes : nul n'est à l'abri !

La responsabilité des parents dans l'éducation de leurs enfants est immense. Les enfants apprennent surtout par imitation. Si les parents se comportent d'une manière digne de l'évangile, ils seront comme des poteaux indicateurs qui signalent la bonne direction. Par contre si leur conduite est mauvaise, elle peut avoir de graves conséquences sur leur descendance. Mais la grâce de Dieu peut intervenir, comme on le voit dans l'histoire des rois d'Israël. Par exemple, Josias, le petit-fils du roi Manassé qui avait inondé Jérusalem de sang innocent et porté l'idolâtrie à son comble. Josias entreprit une profonde réforme et purifia le pays des autels païens et de leurs prêtres (2 Rois 22 et 23). Il reçoit ce témoignage : "Avant lui il n'y eut pas de roi semblable à lui, qui se fût retourné vers l'Éternel de tout son coeur, et de toute son âme, et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il ne s'en est pas levé de semblable à lui" (2 Rois 23. 25).

Personne n'a eu de père parfait : en conséquence, nous avons tous plus au moins transposé sur notre Père céleste, l'image des pères terrestres avec toutes leurs imperfections. Nous avons donc besoin de corriger cette image faussée pour redécouvrir l'image de notre Père céleste, son amour inconditionnel à notre égard, et le regard qu'il porte sur nous en méditant les nombreux exemples que la Parole de Dieu nous donne. En voici deux :

Quand Dieu a mené les enfants d'Israël au désert, c'était pour les éduquer, les former, changer leur mentalité d'esclaves, forgée et imprimée en eux durant toutes les années d'esclavage, tout cela afin de les transformer pour en faire des fils. Mais on sait que la génération sortie d'Égypte est morte dans le désert, et que seule la nouvelle génération a pu entrer en Canaan. Spirituellement aussi, le vieil homme doit mourir pour que le nouvel homme prenne toute la place.

Dans la parabole du fils prodigue, le père comprend qu'il doit prendre le risque de laisser aller son fils, pour que celui-ci aille jusqu'au bout de lui-même, et que c'est là qu'il le retrouvera comme fils. Par contre, le frère aîné, qui est toujours resté dans la maison du père, fonctionne comme un esclave et non comme un fils, parce qu'il n'a pas compris qui est son père (Luc 15. 11-32).

3. Les pères spirituels

La présence de pères (ou de mères) spirituels est une nécessité dans l'Église. L'apôtre Paul en donne l'exemple. Il avait agi comme un père envers les Corinthiens (1 Cor. 4. 15), comme un mère envers les Galates (Gal. 4 : 19), comme un père et une mère envers les Thessaloniciens (1 Thes. 2. 8-11). Timothée était, parmi bien d'autres, son fils spirituel, son "véritable enfant dans la foi" (1 Tim. 1. 2).

Le père spirituel discerne les dons chez les jeunes croyants (1 Tim. 4. 14), exhorte ses enfants, les encourage à marcher d'une manière digne de Dieu et à s'engager dans l'œuvre du Seigneur (1 Thes. 2. 11). Il les aide à " mettre le pied dans l'étrier ". Pour eux, il est un " repère ", il est symbole de l'autorité spirituelle.

Le père spirituel désire la croissance spirituelle de ses enfants et s'en réjouit comme l'apôtre Jean (3 Jean 4). Il leur écrit, mais en reportant toute discussion au moment où il pourra leur parler de vive voix (2 Jean 12 ; 3 Jean 13, 14).

Le père spirituel s'attache à transmettre à ses fils la Parole de Dieu (2 Tim 2 . 2). On ne peut pas transmettre Dieu, ni même la foi. On peut transmettre la Parole de Dieu et la montrer dans sa vie.

Quand Calvin implanta le protestantisme à Genève, il ne se contenta pas seulement de bâtir des églises, mais il créa des écoles et une université dans l'oratoire que l'on peut voir encore aujourd'hui à côté de la cathédrale. Nous, nous avons laissé des générations athées enseigner nos fils, et prôner la " laïcité " en idéal intouchable.

Le fruit d'un pommier n'est pas une pomme, c'est un autre pommier, le fruit d'un évangéliste c'est un autre évangéliste. Travaillons avec cette vision et dans ce but : après avoir goûté les soins du Père, cherchons, nous aussi, à être des pères spirituels pour former la génération montante. C'est ainsi que nous pourrons participer à la croissance du corps tout entier. Soyons comme Anne, femme d'Elkana, qui réclamait un enfant pour le donner à l'Éternel.

Osons demander à Dieu : " Donne-moi des enfants spirituels et que je sois pour eux comme un père ! "

Jean-Paul Blairy

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