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Barnabas

La collaboration dans le service

Introduction

L'étude de ce sujet pourrait nous amener à établir des règles ou édicter des consignes. Nous voulons l'éviter. Prendre un exemple de la Bible, considérer tout l'aspect positif de cet exemple pour recevoir instruction, en examiner aussi le côté négatif pour en tirer les avertissements utiles, voilà notre objectif.

Contexte historique

Un grand zèle évangélique et l'amour fraternel marquent le début de l'histoire de l'Eglise. C'est la fraternité absolue, même dans le domaine matériel et financier. Nul ne se dit propriétaire de ses propres biens (Act. 2. 44, 45 ; 4. 32).

Question : Quelle leçon en tirer pour aujourd'hui ? (Luc 16. 1-13).

Qui est Barnabas ?

C'est dans ce contexte qu'apparaît Barnabas. Il s'appelle Joseph ("Qu'il ajoute") et il est Lévite. Né à Chypre mais ayant de la parenté à Jérusalem, c'est probablement dans cette ville qu'il habite. Il est surnommé Barnabas ("fils de consolation, ou d'encouragement"). Vendre sa terre et apporter la somme aux apôtres n'est pas la seule raison qui lui vaut son surnom, car plusieurs l'ont aussi fait (Act. 4. 34, 35). De toute manière, comme Lévite, il n'aurait pas dû posséder de terre : le Seigneur lui-même devait être la portion des Lévites. Mais la loi de l'amour se manifestait avec une telle puissance que Barnabas se défait de sa terre et en donne la somme pour le bien de la communauté. Non, ce qui lui mérite avant tout son surnom est ce que Dieu a ajouté, c'est-à-dire son don de consolation, d'exhortation.

Premier contact avec Saul de Tarse

Barnabas n'est plus mentionné jusqu'au chapitre 9 du livre des Actes. C'est une période de persécution dont Saul est le plus ardent protagoniste. La communauté de Jérusalem est dispersée, ce qui permet à l'évangile de se propager dans les autres contrées.

Pendant ce temps-là, Barnabas ne reste pas inactif, preuve en est son rapport favorable sur Saul aux frères de Jérusalem (Act. 10. 27). Il dissipe leurs craintes. Cet épisode est la démonstration de son ministère de consolation.

Lorsqu'un nouveau converti cherche à se joindre à la communauté, ouvrons-lui la porte, tendons-lui la main et accompagnons-le, comme Barnabas l'a fait avec Saul.

Premier service public de Barnabas

Une œuvre remarquable se développe à Antioche parmi les païens : Dieu ouvrait aux nations "la porte de la foi" (voir Act. 14. 27). L'assemblée à Jérusalem en entend parler. Ils réalisent qu'il faut établir un contact entre les deux assemblées. Qui, mieux que Barnabas, le fils de consolation, pouvait être délégué à Antioche ? Il est "homme de bien, plein de l'Esprit Saint et de foi".

Barnabas n'arrive pas à Antioche en inquisiteur sur mandat de l'assemblée à Jérusalem ou simplement pour voir si tout est en ordre (Act. 11. 23). A son arrivée, ce frère bienveillant constate ce que "la grâce de Dieu" a accompli parmi ces croyants d'origine païenne. Il s'en réjouit. Plein de la sagesse que donne l'Esprit de Dieu, Barnabas n'insiste que sur un point primordial : demeurer attaché au Seigneur de tout son cœur (v. 23). Le résultat est selon la nature de l'exhortation : un grand nombre de personnes s'attachent au Seigneur (v. 24).

Barnabas ne profite pas de la situation pour gagner en influence dans ces conditions si favorables. Comme la tâche grandit, il se souvient d'un certain Saul qui avait dû s'enfuir de Jérusalem à Tarse. Antioche est un terrain idéal pour mettre en pratique ce que Saul est à même d'accomplir. D'ailleurs, la tâche ne va pas tarder à s'amplifier, deux frères ne seront pas de trop pour la réaliser ! Barnabas va chercher Saul à Tarse pour l'aider à enseigner ces nouveaux convertis. Bel exemple d'humilité, car Barnabas aurait pu facilement profiter de sa popularité à Antioche.

Un tandem approprié

Antioche était une ville importante. Elle se trouvait au carrefour des grandes voies de communication de l'empire, entre l'est et l'ouest, le nord et le sud. Combien de commerçants, faisant halte à Antioche, auront entendu la bonne nouvelle du salut par Christ !

Pendant une année entière, ces deux serviteurs de Dieu travaillent côte à côte. Ils se réunissent dans l'assemblée, édifient, exhortent, enseignent. Ni l'un ni l'autre ne se met en avant. On peut bien penser que le point central de leur enseignement est le Seigneur Jésus Christ, car en voyant vivre les disciples, on leur donne le nom de "chrétiens", un nom qui contient celui de Christ.

Les contacts avec l'assemblée de Jérusalem sont entretenus. Des prophètes se rendent de Jérusalem à Antioche et l'un d'eux déclare par l'Esprit qu'une grande famine sévira bientôt dans le monde entier. Les frères d'Antioche pensent à leurs frères de Judée qui ont été dépouillés de leurs biens. Par l'intermédiaire de Barnabas et de Saul, ils font parvenir une aide matérielle aux anciens de Jérusalem.

Aujourd'hui aussi, les besoins matériels sont énormes en de nombreux endroits. Bien que les besoins spirituels soient plus importants, ne négligeons pas de répondre aux vrais besoins matériels. Un geste concret peut souvent ouvrir le cœur à l'évangile.

L'épisode relaté au chapitre 13 nous permet de voir un aspect du fonctionnement de l'assemblée à Antioche : Saul et Barnabas se trouvent l'un et l'autre parmi les prophètes et les docteurs nommés : cinq croyants d'origines très diverses, mais unis pour servir le Seigneur et réunis dans la prière. Ils jeûnent, ce qui indique qu'ils attendent une directive, qu'ils recherchent la pensée du Seigneur. C'est alors que l'Esprit Saint leur indique de mettre à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle il les a appelés.

Ils étaient à l'écoute, et Dieu leur a répondu. Cet exemple nous fait envie !

Les relations de famille et leur impact

La visite à Jérusalem pour apporter le don de l'assemblée d'Antioche a probablement permis à Barnabas de visiter sa parenté, puisqu'il ramène son neveu Jean, surnommé Marc. On comprend quelle est l'intention de Barnabas dans cette initiative ; un homme plein de grâce comme lui ne peut qu'encourager un jeune croyant à partager de belles expériences. Venir à Antioche pour y constater l'abondante bénédiction répandue par la grâce de Dieu et partir en mission, quel privilège pour Marc!

Mais les liens de parenté ne suffisent pas pour un engagement sans faille. Peut-être que Barnabas n'a pas pesé les choses avec sagesse ni n'en a fait un sujet de prière. Comme l'Esprit Saint n'avait pas donné d'ordre au sujet de Marc, on pouvait s'attendre à des difficultés : cette initiative a bien été la cause initiale de la séparation entre Saul et Barnabas. Mais n'anticipons pas, car les chapitres 13 et 14 des Actes nous révèlent la valeur immense de la collaboration entre deux serviteurs de Dieu.

Collaboration fructueuse

L'assemblée à Antioche avait bénéficié du ministère conjoint de Barnabas et de Saul. Un ministère a vraiment porté ses fruits dans une assemblée quand celle-ci n'hésite pas à se séparer de ses meilleurs éléments pour le service du Seigneur ! C'est le cas à Antioche. L'assemblée laisse aller Barnabas et Saul et les accompagne de ses prières. Heureuse assemblée qui s'associe complètement au travail missionnaire !

Chypre, semble toute désignée pour commencer le travail. L'île est familière à Barnabas, il en est originaire. L'important pour Barnabas et Saul, c'est d'annoncer l'évangile là où il n'a pas encore pénétré. Notons qu'à partir de cette étape, Saul est dorénavant appelé Paul et le narrateur inverse l'ordre des noms en mettant Paul en premier.

Paul et Barnabas poursuivent leur périple, en dépit de l'abandon de Marc dès leur arrivée à Perge. Aucune fausse note n'est signalée durant la suite du voyage. Que ce soit face à l'hostilité des Juifs ou à la persécution des idolâtres, Paul et Barnabas sont unis dans une même pensée pour atteindre un même objectif : faire connaître l'évangile aux Juifs et aux nations. Rien ne les arrête, et ils ne craignent pas de revenir dans les endroits qu'ils ont dû fuir, pour y fortifier les disciples dans la foi et les avertir des souffrances réservées aux croyants. Ils en étaient des exemples vivants.

Leur courage nous stimule dans notre service pour le Seigneur ! La "porte de la foi" reste grande ouverte aux nations, malgré l'opposition grandissante à Jésus Christ.

Rapport missionnaire

Leur service accompli, Paul et Barnabas reviennent au point de départ . L'assemblée qui a accompagné Barnabas et Paul de ses prières est certainement heureuse et reconnaissante en prenant connaissance des résultats. Leur rapport est sobre : sans s'attribuer de mérite, ils racontent toutes les choses que Dieu avait faites par leur moyen. Ils feront le même rapport en Phénicie, en Samarie et à Jérusalem. Il n'en faut pas plus pour continuer d'exciter la jalousie des Juifs.

Dans la situation tendue à Jérusalem que relate le chapitre 15, que font Barnabas et Paul ? En se rendant avec d'autres à Jérusalem, ils racontent la conversion des nations et causent une grande joie à tous les frères. Le débat doctrinal concerne les apôtres et les anciens de Jérusalem, eux-mêmes sont des évangélistes et ils ne se laissent pas arrêter par le légalisme judaïque.

Cherchons toujours à relever ce que la grâce de Dieu opère, même si c'est par d'autres personnes !

Conflit et rupture

Accompagnés de Judas et Silas, deux frères mandatés par l'assemblée à Jérusalem, Paul et Barnabas retournent à Antioche pour y apporter la lettre contenant les conclusions positives du concile de Jérusalem. La joie est partagée par tous, car cette lettre apporte la consolation. C'est l'occasion pour Judas et Silas de faire bénéficier l'assemblée à Antioche de leur ministère prophétique, puis ils retournent à Jérusalem. Paul et Barnabas restent à Antioche, enseignant et annonçant, avec beaucoup d'autres, la parole du Seigneur.

Conscient de la nécessité de revoir les frères amenés au Seigneur lors de leur premier voyage missionnaire, Paul propose à Barnabas de repartir. C'est alors que surgit le conflit : Barnabas désire reprendre Marc, mais Paul refuse. Nous n'allons pas faire le procès de Paul et Barnabas, mais seulement constater quelles sont les causes à la base de ce désaccord. Essayons de mettre en parallèle le tempérament de ces deux serviteurs de Dieu :

Paul Barnabas
Caractère énergique Porté à la bonté et la douceur
Sévère dans son jugement Enclin à la grâce et au pardon
Droit et désireux de ne pas entraver le service Passant plus facilement par- dessus la faute
Libre des liens de famille Tient compte des affections naturelles
N'envisage pas de céder pour plaire à l'autre N'envisage pas de céder pour maintenir la collaboration

Ces caractéristiques permettent de mieux saisir les conditions dans lesquelles la rupture se produit. Barnabas prend Marc et s'en retourne à Chypre. Paul part avec Silas. La rupture ne sera pas permanente et l'œuvre de chacun se poursuivra puisque Paul place Barnabas au même rang que lui en écrivant aux Corinthiens (1 Cor. 9. 6). Marc deviendra un serviteur fidèle (Col. 4. 10 ; 2 Tim. 4. 11).

Nos différences de tempérament sont-elle vues comme des oppositions inconciliables ou comme des complémentarités qu'il faut mettre à profit ?

Autres services en duo

Le travail en duo comporte des obligations et des difficultés, mais aussi des privilèges et des avantages : "Deux valent mieux qu'un ; car ils ont un bon salaire de leur travail" (Ecc. 4. 9). Dans l'œuvre du Seigneur, personne n'est totalement polyvalent. C'est le principe même qui régit le corps de Christ. Or si un service particulier nous permet d'expérimenter l'interdépendance et la complémentarité de deux membres, il ne peut en résulter que du bien. Quelques exemples suffiront à le démontrer :

  1. Pierre et Jean montent au temple pour prier (Act. 3. 1). C'est l'occasion d'un témoignage percutant qui a fait croître le nombre des disciples de 3000 à 5000 et qui permet de démontrer aux chefs du peuple la puissance du nom de Jésus.
  2. Silas accompagne Paul dans son deuxième voyage missionnaire (Act. 15. 40). Leur passage à Philippe démontre la valeur de leur témoignage commun.
  3. Dans l'A.T. on peut citer Josué et Caleb, David et Jonathan, Zorobabel et Joshua, Esdras et Néhémie, qui tous ont collaboré dans une œuvre pour le plus grand bien du peuple de Dieu.

Dangers : concurrence, jalousie

L'apôtre Paul a souvent été la victime de Juifs et même de frères jaloux. Voici trois exemples :

  1. Dans Phil. 1. 15-18, l'apôtre constate avec tristesse l'état d'esprit de quelques frères qui annoncent l'évangile, poussés par la jalousie et par un esprit de rivalité. Notons qu'un tout autre état d'esprit caractérise l'apôtre, puisqu'il se réjouit que Christ soit annoncé.
  2. Dans 1 Cor. 3. 4-8, Paul fait état du piège dans lequel sont tombés les Corinthiens. Paul et Apollos ne sont que des instruments et non les maîtres à penser d'écoles rivales. Paul déjoue la manœuvre en rappelant que "celui qui plante n'est rien, ni celui qui arrose, mais Dieu qui donne l'accroissement" (v. 7).
  3. Dans 2 Cor. 10 et 11, l'apôtre met en évidence la perversité des "faux apôtres", qui veulent lui ravir sa qualification d'apôtre auprès des Corinthiens.

Bénéfices : appuis réciproques, stimulants

En disant : "Deux valent mieux qu'un", l'Ecclésiaste ajoute : "s'ils tombent, l'un relèvera son compagnon" (Ecc. 4. 9, 10). Moïse lui-même surmonte sa crainte quand Dieu lui donne Aaron son frère pour l'accompagner auprès du Pharaon (Ex. 4. 14).

Lors du retour des espions après la visite de Canaan, Caleb parle le premier (Nom. 14. 31). Josué semble être moins énergique, mais il prend hardiment position avec Caleb sitôt après (15. 6). Un homme seul ne résiste pas facilement en face de l'opposition de tout un peuple.

L'A.T. rapporte quelques autres cas, par exemple Jonathan et son serviteur (1 Sam. 14. 1), David et Abishaï (1 Sam. 26. 6). Elie, en revanche, n'est accompagné de personne quand, découragé, il s'assied sous un genêt et demande la mort (1 Rois 19. 4). Son serviteur, qu'il a laissé à Beër-Shéba, aurait peut-être pu le stimuler...

L'apôtre Paul prend courage quand il rencontre les frères de Rome (Act. 28.15) ; il réclame avec instance la présence de Timothée pour les derniers moments de sa vie (2 Tim. 4. 21).

L'apôtre Jean sait combien la tâche est difficile pour Gaïus, aussi lui recommande-t-il Démétrius pour que l'un s'appuie sur l'autre dans cette assemblée perturbée par l'attitude dominatrice de Diotrèphe (3 Jean v. 12).

Le Seigneur dit lui-même : "Je vous dis encore que si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux" (Matt. 18. 19).

Appliquons-nous donc à travailler ensemble et à nous encourager mutuellement dans toutes les situations !

Frédy Gfeller

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