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Choses nouvelles et choses vieilles

Si, dans le domaine technique, chaque génération était contrainte de redémarrer à zéro, nous en serions encore à réinventer la roue. Le progrès ne peut être réalisé que sur la base des acquis du passé. Et si, d'autre part, la génération des aînés refusait obstinément de s'adapter à de nouvelles méthodes, toute amélioration serait vouée à l'échec. Ceci s'applique aussi bien au domaine spirituel qu'aux choses matérielles.

Exemples bibliques

Dieu s'est révélé à l'homme de façon progressive, de sorte que les connaissances données aux premiers âges de l'humanité ont servi de base aux révélations futures.

Deux dangers opposés, relevés par la Parole, menacent l'harmonie entre les générations:

  • élever la tradition au niveau d'un absolu,
  • ne pas tenir compte de l'expérience des anciens.

Bildad, un des amis de Job, fonde ses arguments sur la tradition de ses pères, ne pouvant concevoir quelque chose de nouveau (que Dieu frappe un juste): "Interroge, je te prie, la génération précédente, et sois attentif aux recherches de leurs pères", dit-il à Job (Job 8. 8). Finalement, Dieu désapprouve ses discours. A l'inverse, le roi Roboam se détourne du conseil des anciens, et c'est la ruine de son royaume (1 Rois 12. 6-15).

Exemples dans la création

Dans la nature aussi, ce double danger est démontré. Plusieurs espèces animales ont disparu de la terre et disparaissent encore parce qu'elles ne réussissent pas à s'adapter aux nouvelles conditions introduites par les changements climatiques. Et lorsque l'érosion, ou quelque cataclysme, a détruit les sédiments des âges précédents, il est très difficile de réintroduire un cycle naturel, soit végétal, soit animal.

Equilibre de l'enseignement des Ecritures

N'y a-t-il pas alors, dans l'exhortation de Paul à Timothée, le sain équilibre, garant d'un vrai progrès spirituel: "Considère ce que je dis; car le Seigneur te donnera de l'intelligence en toutes choses" (2 Tim. 2. 7). Lui enjoignant ensuite de demeurer dans les choses apprises, il dit que les saintes lettres peuvent rendre sage à salut, et qu'elles sont données pour enseigner, pour instruire, donc pour progresser (2 Tim. 3. 14-17).

En conclusion à la série des sept paraboles du chapitre 13 de l'Evangile selon Matthieu, le Seigneur dit: "Tout scribe qui a été fait disciple du royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui produit de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles" (Matt. 13. 52). Les trésors que nous découvrons dans les textes de l'Ancien Testament nous conduisent à rechercher dans le Nouveau les richesses supplémentaires qu'il renferme. De même, l'excellence du contenu du Nouveau Testament nous porte à considérer les enseignements de l'Ancien sur lesquels le Nouveau s'appuie. Dans notre étude personnelle de la Parole de Dieu, les découvertes que nous y faisons amènent à s'enquérir de ce que d'autres ont dit précédemment, comme aussi, en prenant connaissance des textes écrits par les chrétiens d'autrefois, nous serons stimulés à rechercher nous-mêmes les trésors que cette Parole renferme.

L'humilité convient toujours en face de la Parole de Dieu, mais cela ne doit pas être un argument pour justifier notre paresse. Se reposer sur les acquis du passé est un danger réel, mais les mépriser en est un autre. Rappelons avec vigueur la vérité communiquée autrefois, et ne manquons jamais d'en faire l'application pratique dans les conditions d'aujourd'hui.

Dans les familles et la société

L'environnement qui conditionne la vie de la société actuelle, et particulièrement dans les villes, est peu propice au contact entre les générations. Sans souhaiter revenir aux conditions de vie de nos ancêtres, nous déplorons cependant la distance qui s'est établie entre les jeunes et leurs aînés. Là où cela est encore possible, n'y a-t-il pas un bénéfice pour chacun, lorsque la troisième génération côtoie fréquemment la première? Le joyeux dynamisme de la jeunesse est un stimulant bénéfique pour les anciens, de même que la sérénité de ceux-ci et leur pondération maintiendront dans une juste mesure l'exubérance des jeunes. Quel heureux rassemblement que celui où règne l'harmonie entre les générations et où chacun tire profit de ce que le Seigneur a donné à l'autre!

Un commandement nouveau

Avant de quitter les siens, le Seigneur Jésus dit à ses disciples: "Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l'un l'autre; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l'un l'autre" (Jean 13. 34). Il y revient encore au chapitre 15, versets 12 et 17, en appuyant ses paroles par cette déclaration: "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour" (v. 9-10). Voilà donc la clef rendant possible l'obéissance à un tel commandement. Par nous-mêmes, comment en serions-nous capables? Nous n'y arriverions pas mieux que ce docteur de la loi qui, en face du commandement "tu aimeras... ton prochain comme toi-même", doit chercher à se justifier en disant à Jésus: "Qui est mon prochain?" (Luc 10. 27-29).

Un commandement ancien

L'apôtre Jean, à plusieurs reprises, répète cette parole du Seigneur. Il utilise toutefois une expression un peu énigmatique en disant: "Bien-aimés, je ne vous écris pas un commandement nouveau, mais un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement. Le commandement ancien est la parole que vous avez entendue. Encore une fois, je vous écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en lui et en vous" (1 Jean 2. 7-8). C'est certainement le même commandement, mais il est ancien, car déjà donné par le Seigneur au cours de son ministère. Il est nouveau aussi, parce que maintenant la vie de Christ dans le croyant rend ce principe d'amour vrai en nous comme il l'est en lui. Le coeur du racheté n'en devient pas une source d'amour, mais il est un vase dans lequel l'amour de Dieu est versé de façon continue "par l'Esprit Saint qui nous a été donné" (Rom. 5. 5).

Ne peut-on pas dire que tout ce qui est de Dieu est toujours nouveau? Si l'amour de Dieu est renouvelé dans nos coeurs, nous en apprécierons la fraîcheur comme au jour de notre conversion. Pour s'être éloignée de la source, l'assemblée d'Ephèse doit être reprise par le Seigneur: "J'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour" (Apoc. 2. 4). Restons donc dans la proximité de notre Sauveur et ainsi les choses anciennes données autrefois garderont leur saveur et nous découvrirons nous-mêmes des richesses toujours renouvelées.

F. Gfeller

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