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L'élitisme

Dans les écoles, une échelle précise de notation détermine la qualité du travail accompli. Ce système a de nombreux avantages : il motive les élèves, il permet de mesurer leurs compétences et de les orienter vers des formations adaptées à leurs goûts et à leurs capacités.

Il est à craindre cependant que ce système de pensée, bien que difficilement remplaçable dans les écoles, n'imprègne trop nos familles et nos assemblées.

Bien sûr, c'est une bonne chose d'encourager nos enfants à réussir à l'école, mais la limite est vite franchie quand on donne une plus grande valeur à ceux qui réussissent mieux. C'est déjà un risque naturel pour les enfants ou les jeunes de ressentir leur valeur en fonction de leurs résultats.

Si quelqu'un accepte ce système de pensée, il va chercher à capitaliser de la valeur, non seulement à l'école, mais aussi à la maison, dans son assemblée ou à l'école du dimanche, en cherchant à y être le meilleur, souvent au prix de sacrifices. D'autres abandonneront la course en déclarant forfait et ne feront plus d'efforts, jugeant la lutte perdue d'avance.

En fin de compte, on trouvera ceux qui ont gagné leur place d'honneur et ceux qui occupent les dernières places.

Puisqu'un bon arbre se reconnaît à ses fruits, on peut alors affirmer que ce système de pensée "élitiste" est un bien mauvais arbre.

Et que dit la Bible de ce système qui compare les gens suivant des critères de "performance" ?

Heureusement, la pensée de Dieu est tout à fait à l'opposé. Voici quelques versets qui montrent le danger d'évaluer une personne en fonction de ses performances :

"Ce qui est requis chez un administrateur, c'est d'être fidèle. Mais il m'importe fort peu, à moi, que je sois jugé par vous... Celui qui me juge, c'est le Seigneur... Ne jugez rien avant le temps... alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu. Qui est-ce qui met de la différence entre toi et un autre ? Et qu'as-tu, que tu n'aies reçu ? Et si aussi tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ?" (1 Cor. 4. 2-7).

A première lecture, certains autres passages semblent encourager à rechercher la performance :

"Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans l'arène courent tous, mais un seul reçoit le prix ? Courez de telle manière que vous le remportiez" (1 Cor. 9. 24). "Occupe-toi de ces choses... afin que tes progrès soient évidents à tous" (1 Tim. 4. 15). Ici, l'apôtre n'encourage pas la compétition spirituelle mais appelle les croyants à un engagement réel.

Nulle part nous ne sommes invités à faire des différences entre les personnes en fonction de leurs qualités, performances, ou position sociale :

Jacques 2. 2-3 donne un exemple tellement marqué qu'il est presque caricatural : deux hommes entrent dans un lieu de réunion. L'un est manifestement un personnage important et riche, l'autre pauvre et sale. Presque automatiquement, les croyants vont faire plus honneur au personnage important. Quoi de plus normal ? Pourtant la Parole appelle cela un grave péché (Jac. 2. 4) !

N'avons-nous pas cette même tendance ? Les méthodes d'évaluation du monde professionnel auraient-elle déteint sur nous ? N'avons-nous pas de multiples façons de classer les gens, et pas seulement d'après leur richesse ?

Comment est accueilli, invité, salué et encouragé un nouveau venu dans notre assemblée ? L'accueil dépendrait-il de sa position sociale, de ses capacités, de son passé, voire de petits détails vestimentaires ?

Comment nos propres enfants se sentent-ils aimés au sein de leur famille ? Serait-ce en fonction de leurs capacités mentales, de leur caractère agréable ou difficile, du fait qu'ils ressemblent ou non à leurs parents ? (voir l'exemple de préférences dans la famille d'Isaac en Gen. 25. 28)

Comment allons-nous recevoir dans une famille un nouvel arrivant (le futur conjoint d'un enfant par exemple) ?

L'état d'esprit qui range les gens les uns par rapport aux autres est strictement condamné dans le Nouveau Testament (Jac. 2. 9).

Faire des différences n'amène que des problèmes : jalousies et complexes chez ceux qui seront mal honorés, orgueil chez les "gagnants".

Par contraste, voici quelques exhortations à l'encontre d'un tel système de pensée :

"Honorez tous les hommes. Aimez tous les frères" (1 Pi. 2. 17), "Que, dans l'humilité, l'un estime l'autre supérieur à lui-même" (Phil. 2. 3).

"L'Eternel ne regarde pas ce à quoi l'homme regarde, car l'homme regarde à l'apparence extérieure, et l'Eternel regarde au coeur" (1 Sam. 16. 7). Dieu ne nous évalue pas selon nos propres performances, mais selon notre obéissance. Là nous n'aurons jamais assez d'ambition pour Lui plaire à tous égards (Col. 1. 10).

J.-Ph. Chavey

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