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Réponse
douce ou parole blessante
Partout où se
trouvent des hommes, il y a risque de situations conflictuelles. Bien qu'il ne
doive pas en être ainsi parmi le peuple de Dieu, notre propre expérience nous
montre que les chrétiens n'échappent pas à de telles situations. La parole de
Dieu, miroir fidèle de notre être moral, décrit à plusieurs reprises des
circonstances douloureuses parmi le peuple Israël, afin que cela nous soit
utile : "Toutes ces choses leur arrivèrent comme type, et elles ont été
écrites pour nous servir d'avertissement" (1 Cor. 10. 6 et 11). Le but de
Dieu est toujours positif, car : "Toutes les choses qui ont été écrites
auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience
et la consolation des Ecritures, nous ayons espérance" (Rom. 15. 4). Considérons deux
litiges survenus en Israël, pour en connaître les causes, le développement et
l'issue. Nous découvrirons alors comment agit la grâce de Dieu afin d'en
retirer avertissements et encouragements. Que Dieu produise en chacun un esprit
de grâce et de paix, selon le voeu de l'apôtre : "Que la paix du Christ,
à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos
coeurs" (Col. 3. 15). Avec Gédéon
(Juges 8)
Dieu lui-même
avait choisi Gédéon pour délivrer Israël des Madianites. Après avoir cherché
des combattants dans Manassé et dans trois tribus du Nord, Gédéon se trouve
à la tête d'une armée de trente-deux mille hommes. Dieu lui dit alors par
deux fois : "Le peuple qui est avec toi est trop nombreux" (Juges 7. 2
et 4). Epurée jusqu'à ne laisser que trois cents hommes, cette petite troupe
met en fuite l'immense armée ennemie. Dieu montre sa puissance au travers de la
faiblesse de ses serviteurs. Afin que la
victoire soit plus complète, des messagers sont envoyés en Ephraïm pour
inviter les hommes de cette tribu à s'associer à ceux de Nephthali, d'Aser et
de Manassé. Tous se rassemblent et infligent à Madian une cuisante défaite.
Chacun a eu sa part du combat et de la victoire. Si Gédéon lui-même et ses
trois cents hommes ont eu la première part active, ils ne vont pas s'en prévaloir.
Mais voici que le
trouble surgit au lendemain de la victoire. Pour affaiblir le peuple, pour le
diviser même, l'ivraie de la jalousie est jetée dans le coeur des Ephraïmites.
Que va répondre Gédéon à cette soudaine contestation ? Il lui eût été
facile de justifier son initiative en invoquant la visite de l'Ange de l'Eternel
et la sévère sélection opérée avant la bataille. Mais l'humilité de Gédéon
et l'esprit de grâce qui l'anime le conduisent à agir avec sagesse. Si la
chair répond à la chair, il ne s'ensuit que de l'amertume, mais conduit par
l'Esprit de Dieu, l'homme sage met en pratique ce proverbe : "Une réponse
douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère"
(Prov. 15. 1). "Qu'ai-je pu
faire en comparaison de vous ?" (Juges 8. 3). Cette réponse de Gédéon désarme
totalement les hommes d'Ephraïm et désamorce le conflit qui s'apprêtait. La
leçon est pour nous aujourd'hui. Savoir reconnaître le bien que Dieu produit
chez nos frères et soeurs, savoir le relever aussi, c'est ainsi que l'on estime
l'autre supérieur à soi-même (Phil. 2. 3). Après cette victoire, Gédéon
poursuit sa marche triomphale. Il répond avec sévérité à l'arrogance des
hommes de Succoth et de Penuel et ne se laisse pas séduire par les propositions
flatteuses de son peuple. Malheureusement, il se fait un trophée qui devient un
piège pour lui et pour Israël. Que
d'enseignements nous découvrons dans ce récit ! La jalousie est source de
beaucoup de litiges. Si l'orgueil les attise ou leur répond, ils dégénèrent
vite en conflits ouverts. Nul n'est à l'abri de tels dangers, individuellement
ou collectivement. Des assemblées entières ont été décimées, voire ôtées
totalement, suite au venin de la jalousie. Mais la grâce de Dieu peut en
triompher. Veillons cependant à ne pas nous en attribuer le mérite ! Avec Jephthé
(Juges 12)
L'histoire se répète
souvent, mais ses leçons sont rarement retenues. La période des Juges démontre
d'une part, la constante répétition des défaillances d'Israël, et d'autre
part, la grâce et le pardon que renouvelle souvent un Dieu de miséricorde.
Pour délivrer son peuple une nouvelle fois, Dieu se choisit un serviteur inapte
aux yeux des hommes : Jephthé, le fils d'une prostituée. Néanmoins, Jephté
remporte la victoire sur les fils d'Ammon. Comme Gédéon,
Jephthé n'envoya des messagers qu'à une partie du peuple. Il est vrai que les
fils d'Ammon opprimaient Galaad en particulier, mais ils firent aussi la guerre
à Juda, Benjamin et Ephraïm. Or seuls les habitants de Galaad ont montré
quelque énergie pour lutter contre l'ennemi. Pas étonnant alors que Jephthé
ne prenne pas conseil de la partie du peuple qui se complaît dans l'indolence.
Il y a déjà là le germe de la rupture. Une fois la
victoire remportée, les hommes d'Ephraïm se rassemblent auprès de Jephthé.
Vont-ils alors s'unir à lui pour remercier Dieu de la délivrance ? Hélas non,
ils contestent fortement et le menacent même : "Nous brûlerons au feu ta
maison sur toi" (Juges 12. 1). A nouveau, la jalousie provoque la querelle.
A l'inverse de Gédéon, Jephthé se justifie et condamne ses contradicteurs. Il
parle surtout de lui-même et dit "mon peuple", oubliant que c'est le
peuple de l'Eternel, lié indissolublement aux autres tribus. La guerre civile
s'engage dans toute son horreur : quarante-deux mille hommes sont tués. Un seul
critère était retenu pour déterminer l'appartenance à chaque camp : la façon
de prononcer le mot "Shibboleth". Ces choses sont du passé,
direz-vous. Est-ce vrai ? Réfléchissons aux critères d'appréciation que nous
utilisons pour reconnaître un croyant. Jephthé jugea
Israël durant six ans, mais le résultat du misérable "Shibboleth"
n'a été qu'un état de ruine qui s'est prolongé jusqu'aux jours de Samuel. Conclusion
Ces récits sont
aussi écrits pour nous servir d'instruction, afin que nous ne nous engagions
pas dans des luttes internes ou dans des combats d'influence. Seul le support
mutuel et la manifestation ouverte d'un amour sincère pour tous ceux que le
Seigneur aime permettra de maintenir un témoignage collectif jusqu'au jour de
la venue du Seigneur. F.
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