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Fausse piste !

Il arrive chaque année que des pilotes de rallye (Paris-Dakar par exemple) s'aperçoivent qu'ils font fausse route. Certains s'arrêtent et cherchent à rejoindre la piste, mais d'autres continuent en espérant quand même atteindre le but. Souvent, ils doivent finalement renoncer ou même demander de l'aide.

Vous est-il déjà arrivé, à pied, en voiture ou en VTT, de vous apercevoir que vous êtes sur une fausse route ? C'est toujours une situation particulièrement délicate et désagréable. En effet, en plus de l'humiliation que cela cause, il faut se débrouiller pour retrouver le bon chemin. L'idéal est de rencontrer un connaisseur de la région qui vous expliquera où vous vous êtes trompés et vous montrera peut-être un raccourci. Sinon, une bonne carte permettra de faire le point et de voir jusqu'où faire marche arrière.

De même dans notre vie, nous pouvons nous tromper. Ce peut être un péché, mais aussi une façon de penser erronée, une mauvaise échelle de valeur, un mauvais conseil que nous avons donné à quelqu'un, ou reçu de quelqu'un.

Voyons quelques exemples bibliques de cette situation : des exemples plutôt négatifs, réactions de colère, découragement, mauvaises excuses ; mais aussi de belles attitudes comme la repentance et la reconnaissance envers ce Dieu de grâce qui veut arrêter les siens à temps.

Adam et Eve : la faute aux autres (Genèse 3)

La première erreur était une transgression inexcusable, car Dieu avait bien précisé les règles ("Tu n'en mangeras pas"), assorties d'un avertissement qui aurait dû retenir Eve loin de l'arbre : "Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement".

Mais la faiblesse d'Eve (et d'Adam) les conduit sur le chemin glissant de la désobéissance. Dès qu'ils se rendent compte de ce qu'ils ont fait, leur première réaction est la peur et la honte : ils se cachent. Puis vient le deuxième moment où Dieu vient mettre le doigt sur leur grave faute de parcours.

La réaction est immédiate : "La femme que tu m'as donnée, elle, m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé". D'après Adam, c'est la faute d'Eve, et presque de Dieu, puisque c'est la femme qu'il lui a donnée. Adam cherche donc à se disculper en accusant quelqu'un d'autre. Eve fait de même avec le serpent.

Ne nous reconnaissons-nous pas dans cette réaction ? Combien de fois cherchons-nous à justifier une colère ou une réaction excessive par le fait que c'est la faute aux autres... ou aux circonstances (donc à Dieu) !

Caïn : obstination et vengeance (Genèse 4)

Le sacrifice de Caïn est une erreur, parce qu'il provient de son propre travail. Dieu ne l'agrée pas. Caïn a fait fausse route.

Pour Dieu, ce n'était pas irrémédiable : Dieu lui propose simplement d'offrir un sacrifice convenable, et lui promet qu'il sera agréé. Dieu ne demande même pas d'excuses, simplement de changer de sacrifice. Dieu se place comme un guide sûr qui avertit un homme qu'il voit sur un mauvais chemin.

Caïn par contre prend les circonstances comme un cuisant échec. Il s'irrite et cela se voit même sur son visage. Les conseils et les promesses qu'il reçoit directement de Dieu, il ne les écoute pas. Il s'obstine, s'entête, devient profondément jaloux envers Abel qui n'avait rien fait contre lui. A force de cultiver des pensées sombres, il en arrive au meurtre ! Pourquoi n'a-t-il pas pu s'arrêter avant le précipice ?

Terrible histoire, pourtant conservée dès le début de la Parole de Dieu. Combien de fois s'est-elle répétée !

La culpabilité qui devient entêtement, irritation et méchanceté au point de faire du mal aux innocents, n'est-ce pas un risque qui nous guette, et spécialement les forts caractères ?

Les hommes du déluge : Insouciance complète (Genèse 6)

Du temps de Noé, les hommes étaient engagés sur une mauvaise voie : la débauche. Dieu avait pourtant fait proclamer un avertissement par Noé (2 Pi. 2. 5), car cette voie était sans issue et conduisait au déluge !

Mais personne n'a voulu reconnaître qu'il était sur une fausse route. Tous ont foncé tête baissée sans ralentir sur leur chemin de perdition. Jésus en parle en disant "ils ne connurent rien, jusqu'à ce que le déluge vint et les emporta tous" (Matt 24, 38).

Cette insouciance (ou inconscience !) est encore celle de beaucoup de nos semblables par rapport au salut.

Mais elle pourrait être aussi celle de croyants, aveuglés à cause d'une conscience peu sensible, ou par leur refus de se voir tels qu'ils sont.

Dans 1 Sam. 4, les fils d'Israël sont sur une mauvaise voie, particulièrement à cause des fils d'Eli. Malgré cela, ils partent à la guerre sans interroger Dieu et ils sont sévèrement battus. Ils se posent la question : "Pourquoi l'Eternel nous a-t-il battus aujourd'hui devant les Philistins ?" sans prendre conscience que cela provient de leur bas état moral.

Mais au lieu de rechercher où est la faute et d'interroger Dieu, ils s'obstinent à aller au combat, en prenant avec eux l'arche de Dieu, voulant l'utiliser comme un talisman.

Insouciance, puis repentance

Plusieurs exemples montrent que le croyant ne voit pas toujours clairement sur quel mauvais chemin il est :

  • Les Corinthiens toléraient le mal sans honte, jusqu'à la lettre de Paul (1 Cor. 5. 2) ;
  • Laodicée ne voyait pas son état. Elle est avertie clairement (Apoc. 3. 17) ;
  • Les frères de Joseph ont longtemps prétendu qu'ils étaient d'honnêtes gens, jusqu'à ce qu'ils reconnaissent avoir commis un acte terrible et qu'ils étaient coupables (Gen. 42. 11; 44. 16).

Lorsque Nabal refuse de l'assister, David se laisse emporter et s'apprête à la vengeance. Il prend ainsi un mauvais chemin, et par lui-même il est incapable de se dominer. Heureusement, une femme de bon sens, Abigaïl, va lui montrer qu'au bout de ce chemin il y aura les remords d'avoir versé le sang sans cause suffisante et de s'être fait justice lui-même. Dès que David s'aperçoit qu'il a fait fausse route, il bénit Dieu qui l'a retenu (1 Sam. 25. 33). N'est-ce pas un bel exemple des deux attitudes ? D'un côté, David a su écouter le conseil, et de l'autre côté, Abigaïl a osé s'interposer avec douceur pour ouvrir les yeux de David qui s'égarait.

Plus tard, David a de nouveau pris une route bien mauvaise, et l'a suivie plus longtemps. Voyons un peu les étapes dans ce triste parcours (2 Sam. 11) :

  • la convoitise (il voit Bath-Shéba, cette femme qu'il désire),
  • la fornication (il la prend),
  • la malhonnêteté (il cherche à faire croire qu'Urie serait le père de l'enfant à naître),
  • le complot et le meurtre (il fait tuer Urie).

Après ce long et sombre chemin, David prend Bath-Shéba pour femme et ne semble pas se rendre compte de la gravité de ce qu'il a fait. "Toutes les voies d'un homme sont pures à ses propres yeux, mais l'Eternel pèse les esprits" (Prov. 16. 9).

Ainsi, Dieu envoie à David un "guide", Nathan, pour l'avertir. Immédiatement, David se repent et reconnaît son grave péché. Il accepte aussi le jugement de Dieu sans une plainte (contrairement à Caïn par exemple). Lorsque le jugement est exécuté (l'enfant meurt), il sait se relever sans tomber dans des remords interminables qui auraient pu le laisser toute sa vie dans une sorte de dépression.

Regrets ou remords...

En effet, même après une vraie repentance, un risque guette celui qui a péché : s'estimer impardonnable et ainsi être constamment accablé par le poids des erreurs passées. Pourtant, le pardon que Dieu accorde est total.

Pensons à Paul. Avant sa conversion, il a emprisonné et fait mettre à mort des quantités de croyants. Va-t-il pouvoir oublier tout cela pour servir Dieu, ou rester triste toute sa vie ? Ecoutons ce qu'il dit de lui-même :

"Je suis le moindre des apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'assemblée de Dieu. Mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n'a pas été vaine, mais j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous, non pas moi, toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi" (1 Cor. 15. 10).

Paul n'a pas oublié le mauvais chemin qu'il suivait, ni les dégâts qu'il a faits, mais il est aussi pleinement conscient de la grâce de Dieu. Ainsi il peut être debout et nullement retenu par son passé pour servir son Seigneur.

Pierre, qui a fait un écart sur le chemin alors qu'il était déjà croyant a lui aussi été totalement restauré. Sa faute ne l'empêchera pas de dire aux Juifs : "Vous avez renié le saint et le juste" (Act. 3. 14). Probablement même que l'expérience de sa faiblesse pouvait l'aider à ne pas prendre les autres de haut, car il ajoute : "Frères, je sais que vous l'avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi" (v. 17).

Par opposition, Judas a sombré après avoir livré Jésus. "Ayant du remords, il reporta les 30 pièces d'argent... et ayant jeté l'argent dans le temple, il se retira ; et s'en étant allé, il se pendit" (Matt. 27. 3-5).

Les Corinthiens avaient aussi fait fausse route en tolérant le mal moral. Les avertissements de l'apôtre les ont rendus tristes, mais de la bonne manière. Non pas tristes pour sombrer dans le découragement, mais tristes pour se repentir. "Car la tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n'a pas de regret, mais la tristesse du monde opère la mort" (2 Cor. 7. 10).

A nous d'accueillir

Un moment à ne pas manquer est celui d'accueillir celui qui revient, non pas comme un ennemi, mais comme un frère.

Le frère du fils prodigue a mal réagi. Il considérait l'arrivant comme "celui qui a mangé le bien du père avec les prostituées", alors que le père le considérait comme "celui qui est revenu à la vie" (Luc 15). Cela changeait toute leur attitude.

Philémon devait recevoir dignement Onésime, malgré son passé.

Les Corinthiens devaient, une fois la discipline accomplie, recevoir à bras ouverts l'homme qui avait pourtant si gravement péché.

Puissions-nous nous-mêmes être prêts à nous arrêter lorsque Dieu nous ouvre les yeux sur notre mauvais chemin. Mieux encore, soyons à la recherche d'indications. N'attendons pas que Dieu nous reprenne fortement :

"Ne soyez pas comme le cheval, comme le mulet, qui n'ont pas d'intelligence, dont l'ornement est la bride et le mors, pour les refréner quand ils ne veulent pas s'approcher de toi" (Ps 32,9).

Mais ayons plutôt cette prière de David qui souhaitait être conduit et redressé :

"Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle" (Ps. 139. 24).

N'est-ce pas une prière à faire, et spécialement au début d'une nouvelle année ?

J.-Ph. Chavey

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