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L'épître
aux Galates... encore actuelle !
De tout temps,
l'apologie de la foi comporte une confrontation entre la loi et la grâce. Les
discours du Seigneur Jésus relatés dans les évangiles font fréquemment
allusion à ce thème, et bon nombre d'épîtres aussi. Le légalisme fait appel
à des réflexes automatiques et il peut paraître gratifiant. Par contre, l'évangile
de la grâce libère, responsabilise et pousse à la reconnaissance. Etre
conduit par l'Esprit de grâce donne une dimension extraordinaire à la vie. Contexte
historique
Les Galates
habitaient un territoire en Asie mineure qui avait été donné à des tribus
gauloises trois siècles auparavant. Il y avait parmi eux tout un amalgame de
religions, depuis l'idolâtrie celtique jusqu'aux diverses idoles grecques ; la
religion juive ne leur était pas étrangère non plus. L'apôtre Paul a passé
parmi eux, mais seule une brève mention en est faite en Actes 16. 6 ; lors d'un
voyage suivant, il y trouva des disciples et les fortifia (Actes 18, 23). Nous
ne connaissons pas la date de l'épître. Les Galates avaient reçu l'évangile
avec joie, mais ensuite, sous l'influence des Juifs, ils ont voulu se mettre
sous le joug de la loi. Il y a aussi une autre raison possible à cette déviation
: la loi romaine n'admettait pas la liberté religieuse. Une exception était
faite pour la religion juive, alors peut-être, pour échapper à la persécution,
quelques chrétiens se faisaient circoncire et se soumettaient au rituel légal
(Gal. 4. 9, 10 ; 6. 12). Gardons-nous de
compromis avec le monde où nous sommes. Notre témoignage comme chrétiens réclame
une réelle séparation de toutes les formes de la corruption qui est dans le
monde (1 Pi. 2. 11, 12 ; 4. 3, 4). Introduction à
l'épître (Ch. 1)
Les deux premiers
chapitres tiennent lieu d'introduction. L'apôtre est contraint à défendre son
apostolat auprès des Galates en rappelant sa conduite antérieure, son appel
par Dieu lui-même et ses premières années de service comme chrétien.
Insistant sur le fait que ce n'est pas l'homme, même pas un apôtre, qui l'a
consacré au service, l'apôtre Paul souligne sa relation directe avec Dieu.
Cette relation le libère de toute sujétion à une quelconque autorité
humaine. Les premiers mots
qui suivent les salutations nous surprennent par leur sévérité. L'état moral
et spirituel des Galates était tel que l'apôtre doit user d'une autorité étonnante.
Il leur dit qu'ils avaient abandonné Celui qui les avait appelés, c'est-à-dire
Jésus Christ lui-même, pour un autre "évangile"... comme s'il
pouvait y avoir un autre évangile ! Ils s'étaient tournés vers un
enseignement erroné que certains voulaient appeler "évangile". La condamnation
que porte l'apôtre sur la fausse doctrine doit être prise au sérieux,
aujourd'hui encore. Distinguons toutefois les applications particulières de ce
qui touche au fondement de la foi chrétienne. Notre compréhension de la Parole
n'est que partielle, comme sont aussi relatives les applications que nous avons
coutume de faire. S'il s'agit de la personne et de l'oeuvre du Seigneur Jésus,
alors ces versets 6 à 9 de Galates 1 s'appliquent directement. La norme nous
permettant de juger les enseignements propagés ne peut être que la parole de
Dieu et la personne de Jésus. L'apôtre Paul
rappelle ensuite son état avant sa conversion. Il souligne entre autre son zèle
dans le judaïsme qui l'a conduit à persécuter l'assemblée de Dieu. Le zèle
religieux, s'il est déconnecté de la personne de Jésus, devient de l'intégrisme
avec toutes les déviations possibles. Parlant de sa conversion elle-même, l'apôtre
la résume en quelques mots : "Il plut à Dieu... de révéler son Fils en
moi" (v. 15). Dès ce moment, tout ce qui n'est pas Christ dans sa vie est
balayé sans ménagement (Phil. 3. 7, 8). Paul en contact
avec les apôtres à Jérusalem (Ch. 2)
Cette narration
du début du chapitre 2 correspond au chapitre 15 des Actes. Une scission
risquait de se produire entre les assemblées d'Antioche et de Jérusalem, entre
les chrétiens juifs et ceux issus des nations. Dieu ne l'a pas permise, aussi
est-ce par révélation divine que l'apôtre Paul monte à Jérusalem.
L'occasion est fournie à Paul de faire connaître son enseignement et de
recevoir l'approbation des apôtres. Là, il doit aussi faire face à de faux frères
qui exercent des pressions sur les croyants. Paul ne leur fait aucune
concession. Il refuse de leur céder, afin que la vérité de l'évangile
demeure avec les croyants (v. 5). Un différend
entre l'apôtre Pierre et l'apôtre Paul est ensuite mentionné pour souligner
l'importance de la liberté que donne la foi en l'évangile de la grâce divine.
Se séparer des croyants issus du paganisme dès que viennent des Juifs de Jérusalem,
c'était, de la part de Pierre, renier une vérité fondamentale qu'il avait dû
apprendre autrefois. Dieu lui avait dit : "Ce que Dieu a purifié, toi, ne
le tiens pas pour impur" (Actes 10. 15). Le mur de séparation entre Juifs
et nations avait été renversé. Vouloir le rétablir pratiquement, c'était
transgresser cette nouvelle disposition qui remplace la loi (v. 18). Une belle déclaration
conclut ce chapitre 2 : "Je suis mort à la loi afin que je vive à Dieu...
Je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis... je le vis dans
la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour
moi" (v. 20, 21). Est-ce une réalité pour chacun ? C'est pourtant la vérité
concernant l'état chrétien, mais comment cela se traduit-il dans ma vie
quotidienne ? Enseignement de
base de l'épître (Ch. 3 et 4)
Quelques
questions sont tout d'abord posées par l'apôtre, - c'est une manière très
efficace de persuader - et ces questions peuvent se résumer ainsi : Etes-vous
devenus chrétiens en faisant des oeuvres ? N'est-ce pas plutôt en ayant reçu
l'évangile qui vous a été prêché ? Allez-vous maintenant ajouter quelque
chose à l'oeuvre de Christ par vos efforts ? L'exemple d'Abraham est rappelé
pour souligner l'importance de la foi qui a justifié ce patriarche et qui donne
à tout croyant le titre de fils d'Abraham, héritier de la même bénédiction.
Par contraste, la
loi conduit à la malédiction. Mais cette malédiction prononcée sur celui qui
enfreint la loi est aussi la part de celui qui est "pendu au bois". Et
c'est Jésus Christ qui a été fait malédiction pour nous quand il était cloué
sur la croix. Une image en avait déjà été donnée quand Moïse a élevé sur
une perche un serpent de bronze. Jésus cite cet épisode et en applique le
symbolisme à lui-même en Jean 3. 15. Les serpents qui mordaient les Israélites
sont la figure du péché qui est la part de tout homme et du jugement qui en résulte.
Or Christ, sur la croix, a été "fait péché pour nous" (2 Cor. 5.
21). La malédiction a été portée par Jésus pour que la bénédiction
promise à Abraham en faveur des nations puisse prendre effet (Gen. 12. 3). Le contraste
entre la loi et l'évangile est mentionné dans chacun des chapitres. Sous le régime
de la loi, il fallait à l'homme un médiateur pour s'approcher de Dieu. Il lui
fallait aussi un conducteur à l'instar de l'esclave qui, en Grèce, était
chargé de surveiller les enfants, de les corriger et de les mener à l'école.
Comme l'enfant en bas âge, l'homme était sous tutelle. Maintenant, sans différence
de races ou de conditions sociales, tous les croyants sont "un dans le
Christ Jésus", ils sont adoptés comme fils et deviennent héritiers (ch.
3. 28 à 4. 7). Les Galates,
comme nous tous qui avons reçu la grâce de Dieu, avaient part à tout le bénéfice
que leur avait apporté l'évangile. Se mettre alors sous des règles,
s'asservir à des ordonnances et s'imposer des contraintes était tellement
contraire à ce que la grâce de Dieu leur octroyait que l'apôtre leur écrit :
"Je crains... que je n'aie travaillé en vain pour vous" (ch. 4. 11).
Il doit même leur dire que sa peine à leur égard était un enfantement
douloureux pour qu'ils arrivent à une vie réelle, qui consiste à former en
eux une vraie image de Christ (ch. 4. 19). Par une allégorie
extraite d'un épisode de la vie d'Abraham, l'apôtre met en évidence ce que la
loi produisait : l'esclavage, alors que la grâce donne la liberté (ch. 4.
21-31). Cette déclaration conclut la partie centrale et doctrinale de l'épître.
Elle donne le ton aux applications pratiques qui en découlent. Dans la liberté
pour marcher par l'Esprit (Ch. 5)
"Christ nous
a placés dans la liberté en nous affranchissant" (v. 1). Affranchis, libérés
de ce qui nous tenait asservis, c'est-à-dire la loi et le péché, nous sommes
exhortés à ne pas nous remettre sous un tel joug. Si nous pensons que pour être
plus agréables à Dieu, il nous faut obéir à la loi, c'est à tous les
commandements que nous devons être soumis. Nous n'y arriverons jamais. Y prétendre
serait de l'orgueil, donc une première transgression ! Ce serait déchoir de la
grâce que de vouloir se placer sous un joug légal pour gagner quelque mérite.
Aucune valeur
n'est attachée à la circoncision ou à l'incirconcision (v. 6). Cela signifie
que le légalisme des uns et leurs efforts pour acquérir un mérite supplémentaire,
ou le libéralisme des autres qui s'affranchissent de toute contrainte,
n'ajoutent ni n'ôtent rien à la valeur absolue de l'oeuvre de Christ. Ce qui
en démontre la valeur dans la vie du croyant, c'est l'amour qui est le résultat
de sa foi, par la grâce de Dieu. Le risque
subsiste pour le chrétien, puisqu'il est encore dans le monde, de profiter de
sa liberté en Christ pour laisser libre cours à ses pulsions charnelles. Bien
qu'il soit soumis à diverses tentations, le chrétien n'est pas asservi à ses
instincts charnels. Il est un homme en Christ. Il participe à une nouvelle création
où un nouveau principe de vie l'anime, qui est l'Esprit de Dieu. Cette
puissance de vie est l'amour qui se plaît à se mettre au service des autres.
Il en résulte du fruit à la gloire de Dieu. Mais disons aussi qu'il n'est pas
suffisant que la loi elle-même nous commande d'aimer, car l'amour ne résulte
pas d'un ordre légal, il a besoin d'une source intérieure. Seul l'amour peut
produire l'amour ; et Jésus nous a aimés le premier, de sorte que le don de
son amour est seul capable de produire une réponse dans nos coeurs. Une ressource est
donnée au chrétien pour qu'il puisse manifester ce caractère essentiel de la
vie de Christ, c'est l'Esprit Saint. L'exhortation est donc donnée de marcher
par l'Esprit, ce qui signifie se laisser conduire par l'Esprit qui utilise la
parole de Dieu pour nous éclairer. Le verset 25 dit : "Si nous vivons par
l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit", ce qui pourrait être exprimé
ainsi : Puisque l'Esprit de Dieu produit en vous la vie elle-même, il peut bien
vous rendre capables de marcher selon ses directives. Il y a une lutte à l'intérieur
de vous-mêmes, et l'Esprit de Dieu est à même de dominer vos pulsions
charnelles (v. 17). Les oeuvres de la chair ne se manifesteront que si vous le
voulez bien, mais l'Esprit cherche à vous en empêcher. Par contre, il va
produire son fruit dans votre vie s'il n'est pas entravé dans vos propres
coeurs. A l'image des
soins apportés à un arbre fruitier, nous devons veiller à ne pas nous laisser
contaminer par l'environnement dans lequel nous sommes. Nos vergers sont envahis
par les germes de diverses maladies, ce qui rend nécessaire une lutte
anti-parasites. Il en est ainsi pour que notre témoignage soit fructueux.
Notons que les neuf caractéristiques du fruit de l'Esprit doivent toutes être
présentes dans notre vie. Si l'une d'entre elles est totalement absente, notre
marche sera boiteuse. L'un ou l'autre de ces caractères peut être plus
saillant ou moins évident, car l'équilibre parfait ne s'est trouvé que chez
le Seigneur. Tout est
contraste entre le fruit de l'Esprit et l'avertissement donné : "Si vous
vous mordez et vous dévorez l'un l'autre, prenez garde que vous ne soyez consumés
l'un par l'autre" (v. 15) "Ne soyons pas désireux de vaine gloire, en
nous provoquant les uns les autres et en nous portant envie les uns aux
autres" (v. 26). N'est-ce pas de saison encore aujourd'hui ? Ces deux
versets se complètent en s'expliquant mutuellement. La vantardise et la
jalousie signalées au verset 26, produits de notre orgueil, entraînent toutes
les animosités mentionnées au verset 15. Il en résulte la ruine totale d'un témoignage
collectif. Conclusion (Ch.
6)
Réaliser une vie
communautaire n'est pas facile. Un esprit de grâce peut seul le permettre.
Chacun prend ses propres responsabilités sans jamais ignorer les besoins de son
frère. C'est le paradoxe des versets 2 et 5. L'humilité est nécessaire, de même
qu'un amour désintéressé. En portant les charges les uns des autres, nous
nous aidons mutuellement à les déposer aux pieds du Seigneur dans la prière ;
chacun toutefois porte son propre fardeau, étant conscient de sa responsabilité
personnelle. Rien de ce qui
est réalisé pour le Seigneur n'est perdu : "au temps propre, nous
moissonnerons" (v. 8). Dieu se plaira à donner la récompense au plus
petit service rendu au nom de Jésus, même si ce n'était qu'un verre d'eau
froide (Matt. 10. 42). Le jour des récompenses n'est pas encore arrivé, même
si, quelques fois, Dieu permet qu'un résultat soit déjà visible maintenant,
car il sait notre penchant à l'orgueil et à la jalousie. Dans l'attente,
soyons diligents et actifs dans le service pour Dieu, car notre travail
"n'est pas vain dans le Seigneur" (1 Cor. 15. 58). Les derniers
versets sont comme un résumé de tout l'enseignement de cette épître. L'apôtre
parle à la première personne, non pour nous laisser penser qu'un tel langage
lui est réservé, mais pour montrer que cela est réalisable par chacun :
"Qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre
Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au
monde" (v. 14). Telle devrait être la réalité pour moi, pour chacun.
Christ est mort pour moi, je suis mort avec lui ; Christ est ressuscité, je vis
avec lui ; le monde a rejeté mon Sauveur, il peut bien me rejeter aussi. Mon état
chrétien dépend de la mort de Christ, de mon association à lui dans sa mort
et dans sa résurrection ; la vie de Christ peut ainsi être réalisée, mais je
n'y suis pour rien. Si j'ai à me glorifier, c'est dans cette croix de Jésus
qui me sépare du mal et des principes du monde, mais qui m'attache à Celui qui
est mort pour moi. Les éléments du
légalisme qui s'appuyaient sur la circoncision ne sont plus rien, car le chrétien
appartient à une sphère nouvelle, une création nouvelle où les choses
vieilles sont passées. Cela se réalisera en plénitude selon Apocalypse 21. 4
et 5, mais c'est une réalité spirituelle pour le croyant d'aujourd'hui. F.
Gfeller |
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