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D'UNE GéNéRATION à L'AUTRE

Résumé des messages apportés lors d'une rencontre d'assemblées à Montcherand, le 23 octobre 1999.

INTRODUCTION (éric Guignard)

Nous vivons dans une société où l'on prône l'éclosion du "moi", la réalisation du "soi". En conséquence, l'homme devient de plus en plus solitaire et de moins en moins solidaire. Il est donc important de nous encourager à coopérer entre générations. Une des missions de la génération qui s'en va (Ecc. 1. 4) est de transmettre le témoin à la nouvelle génération, celle de l'église de demain.

LA JEUNE GéNéRATION

S'aimer les uns les autres... (Yvan Lammers)

"Je vous commande ces choses, c'est que vous vous aimiez les uns les autres" (Jean 15.17)

Pour nous aimer les uns les autres, il faut pouvoir jouir des mêmes choses. Un simple exemple : Cet automne, j'ai admiré de loin la Jungfrau. Ce jour-là, ce sommet se détachait, flamboyant, dans la chaîne des Alpes. En parlant avec mes amis, j'ai découvert que cette scène les avait aussi remplis d'admiration. Bien qu'ils habitent d'autres localités, nos regards avaient convergé vers le même objet, au même moment.

Nous sommes aujourd'hui, jeunes et aînés, ensemble devant le grand Dieu Créateur qui a mis sa vie dans nos vies. Parce que nous avons tous des occupations et des préoccupations très différentes, une question peut se poser : la communion est-elle possible entre générations ? Oui, elle l'est, car "Moi, l'éternel, le premier ; et, avec les derniers, je suis le Même" (Es. 41. 4). Mais elle n'est réalisable entre nous que si nous avons un centre commun, quelqu'un que nous pouvons admirer ensemble : le Seigneur Jésus.

L'apôtre Pierre exhorte à nous aimer "l'un l'autre ardemment, d'un cœur pur" (1 Pi. 1. 22). Aimons-nous ardemment, même dans les remises en question. Apprenons à faire ce pas ensemble, car notre but à tous est de plaire à Dieu.

...Et rejeter le péché (F. Raynaud)

"Ayant purifié vos âmes par l'obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l'un l'autre ardemment, d'un cœur pur" (1 Pi. 1. 22).

On ne peut réaliser le véritable amour fraternel que si nos âmes sont purifiées. L'apôtre Pierre nous met alors en garde contre cinq péchés que nous avons à rejeter pour pouvoir expérimenter la communion fraternelle et croître ensemble : "Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l'hypocrisie et l'envie, et toutes médisances" (1 Pi. 2. 1).

  1. La malice : La première chose à rejeter est la malice (ou la méchanceté), ce penchant à vouloir le mal, ce désir de nuire à quelqu'un. Nous devons marcher en obéissant à Dieu. Si nous commettons un péché, il est important de le confesser, sinon notre relation avec Dieu est interrompue et nous ne pourrons aimer les autres de tout notre cœur.
  2. La fraude : Comme chrétiens, soyons honnêtes les uns envers les autres. On se rend compte de ce que Dieu pense de la tromperie en lisant le récit d'Ananias et de Sapphira en Actes 5. De manière générale, nous avons le devoir d'être honnêtes dans chaque situation de notre vie, même anodine, par exemple en payant le ticket du bus aussi pour un seul arrêt, ou en ne gardant pas l'argent rendu en trop au magasin...
  3. L'hypocrisie : L'hypocrisie (ou la dissimulation), c'est la piété ou l'amour feint. Dieu ne regarde pas à notre apparence, mais à notre cœur. Il est possible de paraître pieux aux yeux des autres : toujours bien habillés, présents à toutes les réunions de l'assemblée locale, etc. Mais on ne mesure pas la piété d'un croyant par son habillement ou son taux de participation aux réunions. C'est à Dieu que nous devons premièrement plaire.
  4. L'envie : Prenons garde à ne pas jalouser nos frères et sœurs‚ que ce soit sur le plan matériel ou sur le plan spirituel. N'envions pas les dons des autres, mais au contraire, réjouissons-nous avec eux de ce qui est fait pour Dieu. La Bible compare les chrétiens à un corps, et pour qu'un corps fonctionne correctement, tous les membres doivent agir, et agir dans le même but.
  5. La médisance : Faisons bien attention à ce péché car il est très répandu parmi les chrétiens. Lorsqu'on a dit du mal de quelqu'un, il est trop tard pour revenir en arrière : rien ne peut arrêter la rumeur qui se répand. On va même jusqu'à critiquer le travail fait pour le Seigneur, par exemple une action d'évangélisation parce qu'on n'aime tout simplement pas le style de musique. En agissant de la sorte, on montre qu'on n'aime pas nos frères et sœurs comme Dieu nous le demande. On risque aussi de les décourager. Si nous sommes tentés de critiquer un croyant‚ fermons la bouche et prions pour lui : "Celui qui prétend être dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres" (1 Jean 2. 9).

LA GéNéRATION INTERMéDIAIRE (Raymond Fuhrimann)

La vie est comme un voyage en avion avec ses trois phases importantes :

  • Le décollage. Dans cette phase ascensionnelle, on donne de la puissance, on prend de l'altitude, on acquiert de l'expérience.
  • Le vol lui-même. On n'en parle généralement pas beaucoup, à moins que l'avion ne soit pris dans des turbulences, que ses instruments tombent en panne, ou qu'il se perde.
  • L'atterrissage. Une phase du voyage aussi délicate que le décollage.

Placé entre les jeunes et les aînés, qui suis-je ? Quel message puis-je apporter à ceux qui me précèdent et à ceux qui me suivent ?

Dans le Psaume 78, nous voyons que le message se transmet d'une génération à l'autre par la voix : "Nous avons entendu..., nos pères nous ont raconté..., nous raconterons... (v. 3, 4).

Le reproche principal fait à ceux de ma génération est d'être absents ou d'être muets !

Comment allons-nous utiliser notre faculté de parler ? S'agit-il de parler des uns aux autres ou les uns aux autres ? "De la même bouche procèdent la bénédiction et la malédiction. Mes frères, il ne devrait pas en être ainsi" (Jac. 3.10).

Ceux de mon âge peuvent établir un pont entre générations avec la voix, un " pont aérien ". En quels termes, de quelle manière ? Avec des mots de bien, parlant en bien, en nous adressant aux uns et aux autres.

Un exemple : Dans Actes 3, nous voyons Pierre et Jean monter au temple à l'heure de la prière. Ils rencontrent un boiteux qui leur demande l'aumône. Quelle est leur réaction face à ce contretemps ?  Ne vont-ils pas à la prière ? Les apôtres n'ont pour ce " perturbateur " qu'une parole de bien, une parole qui apporte la guérison.

Autre pensée : Le boiteux guéri avait plus de 40 ans : un miracle peut donc se produire au-delà de 40 ans, dans la manière de parler, dans la manière de marcher !

Le message pour aujourd'hui ? apprendre à parler en bien, s'engager à apporter une parole de réconciliation qui survole les générations.

LES AîNéS (Frédy Gfeller)

En principe, les aînés peuvent s'adresser à chaque génération. Mais ils ont souvent la prétention de donner des leçons aux plus jeunes dans un esprit critique ou paternaliste (on a fait des expériences... quand nous étions jeunes... ce n'était pas la même chose).

Les expériences faites par les aînés ne profitent pas toujours aux jeunes, car les conditions ont beaucoup évolué. Que faire alors ? Prendre les nombreux exemples de la Parole et les appliquer à notre temps. Ils répondent à chaque situation. Voici quelques exemples tirés de l'expérience de croyants âgés :

  1. Jacob, en bénissant ses deux petits-enfants à la fin de sa vie, fait preuve de discernement spirituel. Il croise les bras pour bénir de sa main droite le plus jeune, contrairement à la coutume, et dit : "Que le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu'à ce jour,  l'Ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes hommes... " (Gen. 48. 15-16). Malgré ses expériences fâcheuses, Jacob a appris quelque chose durant sa vie : L'éternel a été pour lui un berger, il le sera pour ses petits-enfants.
  2. David, en remettant le royaume à Salomon, se tourne vers lui et lui dit : "Et toi, Salomon, mon fils, connais le Dieu de ton père, et sers-le avec un cœur parfait et avec une âme qui y prenne plaisir" (1 Chr. 28. 9). C'est comme si David disait : L'éternel est mon Dieu personnel, il est comme un père pour moi. J'ai pu me confier en lui ; il est aussi ton Dieu, et il te sera comme un père.
  3. Paul, sachant qu'il arrivait au terme de sa vie, écrit à Timothée, son enfant spirituel : "Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l'enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus" (2 Tim. 3. 14-15). Les jeunes peuvent apprendre l'enseignement des écritures de la part de leurs parents et aussi d'autres croyants.
  4. Pierre reconnaît qu'il est ancien parmi d'autres anciens dans l'assemblée (1 Pi. 5. 1). Il voit cette assemblée comme étant le troupeau du Seigneur et exhorte les anciens : "Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré,  ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau" (1 Pi. 5. 2, 3). " Paissez "... donnez la nourriture. Sans qu'ils soient nommés, les anciens seront reconnus comme tels. Est-ce que mon attitude me rend digne de cette fonction ?
  5. Samuel a passé le témoin aux jeunes avec des mains propres : "Me voici, témoignez contre moi, devant l'éternel et devant son oint. De qui ai-je pris le bœuf ? ou de qui ai-je pris l'âne ? ou à qui ai-je fait tort ? à qui ai-je fait violence ? ou de la main de qui ai-je pris un présent pour que par lui j'eusse fermé mes yeux ? Et je vous le rendrai" (1 Sam. 12. 3). Paul avait aussi les mains propres quand il prend congé des anciens d'éphèse :  "Je n'ai rien caché des choses qui étaient profitables" leur dit-il (Act. 20. 20). Par contre, le roi David, à la fin de sa vie, doit reconnaître ses manquements envers sa famille : "Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu, cependant il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée, car c'est là tout mon salut et tout mon plaisir, quoiqu'il ne la fasse pas germer" (2 Sam. 23. 5). N'ayons pas honte de reconnaître nos fautes devant nos enfants, mais en soulignant, comme David, la fidélité de Dieu.

Un mot à ma génération : Agissons avec la sagesse que conseille la Parole, ne faisons pas étalage de nos connaissances, n'assenons pas des exhortations en invoquant notre expérience. La sagesse, c'est de remettre la nouvelle génération aux soins du Seigneur. Que les jeunes ne se laissent pas décourager par les erreurs de leurs aînés, mais qu'ils mettent à profit ce qu'ils ont reçu de la Parole, de leurs aînés, de leurs parents.

QUELQUES REMARQUES (M. Horisberger).

Collaborer entre générations

La collaboration entre générations est possible et elle laisse souvent des traces mémorables. En voici un exemple :

Le 24 mai 1844, le professeur Samuel Morse envoya un message par câble de Washington à Baltimore. Le télégraphe était né. Samuel Morse, un croyant, était conscient de l'importance de son invention, mais il désirait que le Seigneur en reçoive la gloire. C'est à la plus jeune fille d'un ami qu'il demanda de choisir les mots de ce premier message télégraphique. Elle tira un verset du livre des Nombres : "Qu'est-ce que Dieu a fait ?" (Nom. 23. 23).

Passer le témoin à la nouvelle génération

Comment passer le témoin, comment transmettre la parole de Dieu ?

Dans une course de relais, tous les coureurs, sans exception, doivent s'être entraînés, mais l'entraîneur place les plus rapides (les plus jeunes ?) dans le dernier tronçon pour qu'ils franchissent, victorieux, la ligne d'arrivée.

Comme dans une course de relais, nous avons besoin les uns des autres, et nous ne pouvons nous tenir à l'écart : "Celui qui se tient à l'écart recherche ce qui lui plaît" (Prov. 18. 1). Dans la nature, quand un animal s'écarte du troupeau, c'est le signe qu'il est malade.

La conduite chrétienne

La conduite dans le couple ou dans la famille est la pierre de touche du témoignage chrétien. " En mettant la crainte de Christ à la base de la vie de famille, l'évangile a fait de la vie de famille le triomphe de la foi chrétienne " (A. Monod). Les enfants qui se conduisent mal affaiblissent le témoignage de leur parents. Par contre, ceux qui se conduisent bien en augmentent considérablement la crédibilité, dans l'église et dans le monde.

Quelqu'un a dit : " Si vous épousez l'esprit de votre génération, vous serez veuf dans la suivante ". Il faut donc analyser les tendances de notre société, comprendre les buts poursuivis et en mesurer les conséquences désastreuses, particulièrement dans le domaine moral. L'église n'a jamais échappé aux influences du monde. Dans les années à venir, l'église va être minée, moins par des erreurs doctrinales que par deux péchés : l'infidélité conjugale et les relations sexuelles avant le mariage. En refusant ces péchés, le croyant donne la preuve qu'il estime autrui, qu'il respecte la Parole, qu'il est soumis à l'autorité de Dieu. Notre société a besoin de ces valeurs et de tels exemples.

Dans notre société, la formule à la mode est : " Aime-toi toi-même ". Le refrain d'une chanson moderne résume bien la dérive : " Aimez-moi les uns les autres ".

Les aînés

Les retraités ont du temps à disposition. Que les aînés prennent donc le temps d'écouter les jeunes et de les enseigner (dans cet ordre, car on ne peut pas avoir les oreilles et la bouche ouvertes en même temps !).

Dans 6 ans, il y aura en Europe plus de grands-parents que d'enfants, davantage de personnes de 85 ans que d'enfants de 5 ans. Cette pyramide des âges ne s'est jamais vue dans l'église. Elle est entièrement nouvelle et amènera des changements dans l'accomplissement du service pastoral et dans la façon de se réunir. Réfléchissons-y déjà maintenant. Les personnes âgées, qui ne pourront plus se déplacer, devraient-elles rester en dehors de la vie de leur assemblée locale ?

Encourageons les jeunes croyants, discernons leurs dons pour les aider à les exercer et à les développer. Ils auront à défendre la foi mieux et plus que nous ne l'avons fait.

Nous ne sommes pas parfaits. Ne nous attendons pas à ce qu'ils le soient. Le président d'un empire commercial a récemment choisi comme successeur un homme qui avait fait quelques grosses erreurs, parce que, disait-il, il ne les refera pas !

Comme croyants, toutes générations confondues, soyons fidèles là où le Seigneur nous a placés. Soyons tenaces, énergiques, déterminés, convaincus. Nous avons un message libérateur pour les hommes, des valeurs à défendre, un témoignage de vérité, d'amour, de pureté, de sainteté à apporter au monde. N'ayons "pas honte de l'évangile, car il est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit" (Rom. 1. 16).

Que le Seigneur, dans sa grâce, nous aide à réaliser le beau programme qu'il nous a confié.

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