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L'eau

L'eau est l'élément le plus abondant sur terre, le mieux étudié, mais aussi le plus méconnu tellement ses propriétés sont extraordinaires et sa présence indispensable. L'eau ne cesse de fasciner les hommes et... de les inquiéter : sans elle, pas de vie !

Un bien précieux

L'eau est abondante sur notre globe. Elle recouvre 70% de sa surface. La majorité de l'eau se trouve dans les océans (97.4%). Salée, elle est impropre à la consommation humaine. Quant à l'eau douce, elle est en grande partie gelée aux pôles et dans les glaciers (88 %) et le reste (près de 12%) se trouve sous terre, en grande partie inaccessible. Il s'ensuit que seulement 0.014% de l'eau douce se trouve dans les lacs, les rivières et l'atmosphère. Une bien petite fraction pour soutenir la vie des animaux et des hommes !

Un peu d'histoire

L'eau recouvrait la terre avant que Dieu fasse surgir la lumière. Mais la Sagesse, qui personnifie le Fils de Dieu, préexistait à la présence de l'eau : "Quand il n'y avait pas d'abîmes, j'ai été enfantée, quand il n'y avait pas de sources pleines d'eaux" (Prov. 8. 24).

Ensuite, Dieu tire la terre des eaux (2 Pi. 3. 5, 6), fixe la mesure des mers (Job 28. 25), et prépare la terre pour que l'homme puisse y vivre.

Dieu plante un jardin en éden pour accueillir l'homme, chef-d'œuvre de sa création. Une vapeur montait du sol béni pour arroser la terre ; la pluie n'est mentionnée que plus tard, lors du déluge.

Un fleuve sortait d'éden. Contrairement à nos rivières qui reçoivent des affluents tout au long de leur parcours, ce fleuve se divisait en quatre rivières, une figure de la grâce divine qui s'étend sur le monde entier pour une bénédiction universelle.

Après le péché de l'homme, le monde va de mal en pis. Dieu décide alors de détruire le monde impie, en le submergeant par l'eau. Il retire sa main qui règle le cycle des eaux : les fontaines du grand abîme se rompent, les écluses des cieux s'ouvrent, le déluge emporte tous les hommes, à l'exclusion de Noé et de sa famille (Matt. 24. 39). Ce qui était pour la bénédiction de l'homme - l'eau - devient sa malédiction, à cause de sa méchanceté.

Mais Noé marchait avec Dieu. Il est sauvé des eaux avec les sept autres personnes de sa famille. A la fin de ce terrible jugement, le sec paraît à nouveau et l'arche se pose sur les montagnes d'Ararat (Gen. 8. 4). Un monde nouveau commence.

L'arche, le moyen du salut pour Noé et sa famille, est une image du Seigneur Jésus qui a traversé pour nous les eaux de la mort. C'est le baptême vers lequel il se hâtait et qu'il a reçu à la croix (Luc 12. 50) pour que nous puissions être sauvés. Ces eaux sont entrées jusque dans son âme (Ps. 69. 1), mais elles n'ont pas pu éteindre son amour (Cant. 8. 7).

"L'arche reposa sur le mont Ararat". De même Jésus Christ s'est reposé du péché : il ne souffrira plus pour cela, il s'est assis à la droite de Dieu, dans les cieux (1 Pi. 4. 1 ; Héb. 8. 1).

Et maintenant le bruit des flots
Qui passaient sur ta tête
A fait place au divin repos
De ton œuvre parfaite.

Une bénédiction de Dieu

La présence d'eau douce est une manifestation de la bonté de Dieu.

La pluie est mentionnée la première fois avec le déluge, mais Dieu transforme un des instruments de son jugement en moyen de bénédiction. Il établit une loi pour la pluie (Job 28. 26) : désormais "les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair" (Gen.9. 15) ; l'arc-en-ciel, quand il apparaît, est un rappel de sa promesse et une marque de sa grâce (Gen. 9. 13).

Aujourd'hui Dieu, dans sa bonté, "envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes" (Mat. 5. 45), car il aime l'homme et veut le sauver.

Dieu avait promis à son peuple "un bon pays, un pays de ruisseaux d'eau, de sources, et d'eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes" (Deut. 8. 7). En Palestine, le pays promis, l'eau venait du ciel, "les pluies en leurs temps" (Lév. 26. 4) : la pluie de la "première saison" au moment des semailles automnales, et la pluie de "la dernière saison" pour la croissance printanière. Par contre en égypte, une image du monde, les paysans irriguaient leurs champs en faisant monter l'eau du Nil par des pompes à eau qu'ils actionnaient avec le pied (Deut. 11. 10). L'eau, pour arroser les plantations, venait d'en bas, des propres efforts de l'homme.

Un symbole très riche de sens

élément le plus abondant sur la terre, constituant principal du corps humain, l'eau, indispensable à la vie, est l'image utilisée dans le plus grand nombre de sens dans la parole de Dieu pour illustrer la vérité et nous enseigner.

  • Comme croyants, nous sommes "nés d'eau et d'esprit" (Jean 3. 2-5). L'eau symbolise ici la puissance de la parole de Dieu pour engendrer la vie. Recevoir avec foi la parole de Dieu par la puissance de l'Esprit permet de saisir les réalités spirituelles, de comprendre qui est Dieu, de lui obéir, de lui plaire, d'entrer dans son royaume. Nous sommes "engendrés par la parole de la vérité"(Jac. 1. 18).
  • L'eau purifie. Le Seigneur sanctifie l'église en la purifiant par le lavage d'eau par la parole.
  • L'eau vive maintient la vie spirituelle à perpétuité, elle rend la vie fructueuse (Apoc. 21. 6 ; 22. 1, 2, 17).
  • La source d'eau vive symbolise les bénédictions spirituelles permanentes, inépuisables, que nous apporte la présence de Dieu (Ps. 36. 9)
    Beaucoup d'éléments dans la création ont une action positive, mais aussi négative quand l'équilibre est rompu. Le feu réchauffe, mais consume aussi. Le soleil fait vivre, mais peut brûler les récoltes. De même, l'eau, qui soutient la vie, peut avoir des effets dévastateurs, plus graves qu'un incendie (Matt. 7. 24- 27). De plus, parmi de nombreux exemples :
  • Les flots agités de la mer sont une image de celui qui doute (Jac. 1. 6) et de la confusion des peuples (Apoc. 17. 1).
  • Les grandes eaux symbolisent le jugement de Dieu : "le jugement roule comme des eaux" (Amos 5. 24).
  • Le baptême chrétien illustre ce double symbolisme de l'eau (vie et mort) : Nous sommes morts avec Christ, ensevelis avec lui dans les eaux du baptême, mais aussi ressuscités avec lui (Rom. 6. 3, 4).
  • L'eau trompeuse (Jér. 15. 18) est celle qui ne coule pas longtemps ou qui se perd vite dans le désert (Job. 6. 15-18). Par contre le débit des eaux vives qui sortiront de Jérusalem ne sera affecté ni par les temps ni par les saisons (Zach. 14. 8).

L'eau purifie

La pureté initiale du croyant vient du pardon accordé (1 Cor. 6. 11). Mais le croyant doit aussi passer par un exercice quotidien et nécessaire de purification, car il ne peut éviter la souillure morale en vivant dans ce monde. La Parole opère ce lavage renouvelé, comme le Seigneur l'enseigne à ses disciples en leur lavant les pieds le soir avant d'être livré. Le Seigneur montre à Pierre qui refuse ce lavage, que s'il ne le purifie de ses inévitables souillures, la communion est interrompue ("Tu n'as pas de part avec moi"). Nous sommes totalement incompétents pour le faire par nous-mêmes ! C'est l'œuvre de la parole de Dieu.

Boire l'eau pure

C'est à la source que l'eau est la plus pure. Spirituellement, il n'y a qu'une source d'eau vive : le Seigneur (Jér. 2. 13 ; 17. 13). Un seul fleuve traversait le jardin d'éden. Une seule source alimentera le fleuve d'eau vive qui sortira de Jérusalem pendant le millénium (Zach. 14. 8 ; Apoc. 22. 1).

La qualité de l'eau des étangs, des marais et des citernes est toujours suspecte. L'eau stagnante est source d'infection, d'où la distinction fortement établie dans la Parole entre l'eau vive (courante) des sources, puits ouverts, rivières, etc., et l'eau stagnante des étangs, marais et citernes. L'application spirituelle est évidente : L'eau est abondante, mais l'eau pure est rare, car les hommes la polluent par des fausses doctrines et leur mauvaise conduite.

épurer un fleuve est une tâche impossible. Pour l'assainir, un seul moyen : prendre les mesures nécessaires de prévention pour éviter tout apport de déchets et de polluants. Il doit en être de même dans la foi chrétienne : Les fausses doctrines, les mauvais comportements - des toxiques pour la foi - conduisent à la mort spirituelle. L'effet cumulatif de ces toxiques est particulièrement dangereux (Es. 28. 13). Revenons donc à la Parole de Dieu, buvons son eau pure, et veillons, en tenant ferme dans la foi (1 Cor. 16. 13).

La soif

Lorsqu'on évoque l'eau, on pense immédiatement à la soif. Le besoin d'eau est journalier car le corps humain ne peut la stocker, même si l'eau est le constituant cellulaire principal de notre organisme. Le corps d'un homme adulte contient 60 % d'eau, celui d'un bébé même un peu plus. Voilà de quoi nous sommes faits ! être privé de boisson deux à trois jours conduit à la mort. La soif agit donc comme un système d'alarme, physiquement...et spirituellement.

"Ho! quiconque a soif, venez aux eaux, et vous qui n'avez pas d'argent, venez, achetez et mangez; oui, venez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait" (Es. 55. 1). L'effet des eaux divines est permanent, et elles sont gratuites !

Le psalmiste compare son profond désir de Dieu à la soif d'un animal haletant (Ps. 42. 2, 3). Son âme a besoin d'être désaltérée par Dieu, "la source des eaux vives" (Jér. 2. 13). Ce thème revient souvent dans la Parole : les fontaines du salut, les torrents, les eaux vives, les sources d'eaux, les eaux paisibles, les puits à creuser ou à recreuser, l'eau qui sort du Rocher (Christ), etc., autant d'images que nous pouvons méditer pour rafraîchir nos âmes.

Prenons deux exemples de la Parole pour illustrer comment le Seigneur étanche la soif

L'eau du Rocher

Le peuple d'Israël campe dans le désert en Horeb, mais il n'y a pas d'eau à boire (Exode 17). L'éternel veut tester leur foi. Plutôt que de prier l'éternel qui les amenés là, les Israélites prennent Moïse à partie et exigent de l'eau. Au commandement de l'éternel, Moïse frappe le rocher et l'eau coule, une image de Christ, la source des eaux vives (1 Cor. 10. 4). Le peuple a péché, mais le rocher est frappé à sa place.

Près de quarante ans plus tard, la scène se répète. A Mériba, peuple se soulève contre Moïse et Aaron et se plaint amèrement du manque d'eau. Cette fois-ci, Dieu ordonne à Moïse et à Aaron de parler au rocher. Mais, excédé par l'attitude agressive du peuple, Moïse frappe le rocher, et même deux fois (Nom. 20. 11). Par ce geste inconsidéré, Moïse désobéit et déshonore Dieu en présence du peuple. Christ, le rocher frappé en Horeb, ne pouvait être frappé une nouvelle fois : il s'est offert "une fois pour toutes" pour nous donner la vie (Héb. 7. 27 ; 10. 10). Malgré la faute de Moïse, malgré la colère du peuple, l'eau coule du rocher en abondance à Mériba : la grâce surabonde, jamais limitée par l'infidélité de l'homme.

Désormais, pour entretenir une relation vivante avec le Seigneur, il suffit au croyant de lui parler, de le prier.

La Samaritaine (Jean 4. 3-30)

Au puits de Sichar, une femme vient puiser de l'eau en dehors des heures habituelles. Le Seigneur discerne, au-delà de la nécessité pratique, la soif spirituelle de cette femme. Il amorce la conversation, sans poser de questions indiscrètes, en lui disant: "Donne-moi à boire" (v. 8). Par cette simple demande, les barrières tombent. Le Seigneur peut alors poursuivre : "Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive" (v. 11). En contraste avec l'eau du puits de Jacob qu'il fallait venir puiser chaque jour,  l'eau vive que le Seigneur donne étanche la soif à jamais. La conscience de la femme s'éveille au cours de la conversation qui suit. La lumière pénètre en elle, elle trouve le Christ, la source de la vie et de toute joie. Oui, Christ satisfait les besoins les plus profonds (Jean 7. 37). La réserve est inépuisable (Es. 12. 3 ; Apoc. 7. 17).

Dégradée et malheureuse en sortant de Sichar, voilà cette femme heureuse, dévouée à Christ. Elle laisse sa cruche et s'en va témoigner. "Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait ; celui-ci n'est-il point le Christ ?" (v. 29). Comme fruit de son témoignage, plusieurs Samaritains crurent en lui.

Le Seigneur n'a pas rencontré à chaque détour du chemin un torrent pour se désaltérer (Ps. 110. 7) ou un puits pour étancher sa soif. Mais il est rafraîchi au puits de Sichar, quand cette femme samaritaine, une pécheresse, est amenée à le connaître. Là, il puise des forces nouvelles pour arriver au but ; là, il lève ses yeux et voit les campagnes déjà blanches pour la moisson (v. 35).

Le jour vient où l'agitation, le désordre, la confusion de ce monde, auront cessé. Tout sera dans un ordre parfait et immuable. La moisson sera rentrée, tous les rachetés seront arrivés au port. Ce sera la félicité éternelle.

Pour le temps présent, écoutons le dernier appel de la Parole, un appel universel à boire l'eau de la vie : "L'Esprit et l'épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie" (Apoc. 22. 17).

Jean-Paul Demaurex / Marc Horisberger

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