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Lève-toi
!
"Lève-toi
!" n'est pas un appel, mais un "ordre de marche" adressé à
chaque croyant. Pas seulement à ceux qui se sont préparés à servir le
Seigneur, mais aussi à ceux qui se croient peu capables, mal équipés ou...
trop occupés. Quand je chante
avec d'autres chrétiens : "Toi, lève-toi ! et va au nom de Christ porter
l'amour de Dieu", pourquoi ne serait-ce pas à moi de répondre ? Le
Seigneur n'appelle-t-il pas à un service, quel qu'il soit, la personne qu'il
juge la mieux qualifiée pour l'accomplir ? Certes beaucoup d'autres croyants
paraissent tellement plus qualifiés que moi. Et si c'était à moi que le
Seigneur s'adresse aujourd'hui ? Son appréciation peut être très différente
de la mienne ! Toi, lève-toi !
et on le répète... Non, ce n'est pas possible, pourquoi moi ? Le Seigneur ne
recrute pas des volontaires, mais il enrôle des personnes qualifiées pour son
service, c'est-à-dire des personnes prêtes à obéir. Nous pouvons nous
lever... et nous borner, avec hauteur, à observer la scène de ce monde, à déplorer
tout ce qui se passe - violence, immoralité, avidité, égoïsme - à pleurer
sur l'état de l'église, sur ses luttes intestines, etc., et rester silencieux,
un silence de cimetière. Nous pouvons ressentir la puissance du mal, s'y
accoutumer et...se taire. Toi, lève-toi !
Encore ? Faut-il vraiment que j'écoute ce qui va être dit en le prenant pour
moi ? Le Seigneur donne à ses serviteurs une direction précise, un travail défini
et un but certain. Notre devoir
aujourd'hui est de nous lever, de tenir ferme contre le mal, de nous opposer au
pouvoir des ténèbres, de répandre la connaissance du Dieu Sauveur, de tout
faire pour promouvoir le royaume de Dieu, mais pas d'extirper le mal du monde ou
de réformer la société (le monde ne peut être amélioré). Il y a des
combats que nous devons livrer et d'autres que nous devons laisser au Seigneur.
Demandons-lui le discernement pour faire la différence. Prenons quelques
exemples dans la Parole de Dieu de personnes qui ont reçu l'ordre divin de se
lever. A tous, Dieu a donné un rôle défini, indiqué un but précis et accordé
les forces pour l'atteindre. Josué
Josué a été
instruit par Moïse dans la présence de l'éternel, dans la tente d'assignation
(la tente de la rencontre). Mais Josué était aussi un homme d'action. Il
combat Amalek dans la vallée, alors que Moïse se tient sur la montagne pour
intercéder. Il suit Moïse sur la montagne du Sinaï. Il accompagne Caleb pour
prendre résolument le parti de la foi et de l'obéissance quand, à leur retour
de Canaan, le peuple se rebelle contre l'éternel. Moïse lui donne des
instructions précises pour conduire le peuple dans le pays promis. Canaan est
maintenant en vue, plus de doute possible, le moment de la conquête est arrivé.
L'éternel s'adresse alors à Josué : "Moïse mon serviteur est mort ; et
maintenant, lève-toi, et passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple, pour entrer
dans le pays... Comme j'ai été avec Moïse, ainsi je serai avec toi : je ne te
laisserai point et je ne t'abandonnerai point. Fortifie-toi et sois ferme, car
toi, tu feras hériter à ce peuple le pays" (Jos.
1. 2, 5). Une génération
passe, une autre se lève, mais les responsabilités restent les mêmes. Si des
jeunes croyants se lèvent aujourd'hui pour prendre le témoin, ils pourront
demain, comme aînés, encourager la génération future à servir. Ils auront
donné l'exemple. Vous qui êtes
jeunes, Dieu vous accorde la grâce de vous prendre à son service. Vous allez
faire de nouvelles expériences, mais faites-les avec le Seigneur, cela vaut
bien mieux que de les faire seul et d'en porter le préjudice en cas d'échec.
D'ailleurs, Josué lui-même a subi des revers, par exemple à la suite du péché
d'Acan (Jos.
7). C'est justement à cette occasion - la défaite du peuple à Aï - que
Dieu dit à Josué prostré contre terre : "Lève-toi ; pourquoi te
jettes-tu ainsi sur ta face ?" (v.
10). Josué obéit, le péché d'Acan est jugé et Aï vaincue. Par la
suite, Josué continuera de manifester une fidélité exemplaire dans des
circonstances souvent difficiles. Esdras
Le peuple d'Israël
est tombé dans le péché en s'alliant avec les nations idolâtres
environnantes. Esdras l'apprend et s'en humilie, car il réalise que le péché
du peuple est grand, et il s'en estime solidaire. Sa tristesse le plonge dans un
grand désarroi. C'est alors qu'un homme fidèle du milieu du peuple s'adresse
avec fermeté à Esdras : "Nous avons été infidèles à notre Dieu...
Mais maintenant il y a espérance pour Israël à cet égard... Lève-toi, car
la chose repose sur toi, et nous serons avec toi, sois fort et agis" (Esd.
10. 2, 4). Esdras se redresse et entreprend une tâche très difficile :
amener le peuple à un retour à l'ordre divin. Chaque génération
est confrontée à des difficultés périodiques, des moments difficiles où la
tentation est forte de se laisser aller, de tout laisser tomber. Où sont les
causes de ces difficultés ? Nous les voyons souvent chez les autres, sans nous
apercevoir qu'elles se trouvent d'abord dans nos propres cœurs. Alors, comme
Esdras, courbons-nous devant Dieu en confessant nos infidélités, mais n'en
restons pas là. Un frère ou une sœur, même plus jeune que nous, viendra nous
dire : Ne reste pas à terre, lève-toi, sois fort, agis. Nous serons à tes côtés.
Le Seigneur est fidèle, il reste une espérance. Jonas
Le prophète reçoit
un premier ordre : "Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie
contre elle, car leur méchanceté est montée devant moi" (Jon.
1. 2). Jonas se lève bel et bien, mais pour s'enfuir à Tarsis sur un
navire ! Jonas est un prophète mais il ne veut pas apporter le message de l'éternel
à n'importe qui, et surtout pas à un peuple ennemi. Il faut que le maître
des rameurs dise à Jonas : "Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton
Dieu !", pour qu'il prenne enfin conscience de la situation (v.
6). Pouvait-il vraiment crier à Dieu en ce moment ? Il le fera plus tard,
dans les entrailles d'un poisson (chap.
2. 3), mais pour l'instant, il n'envisage qu'une seule issue, être lui-même
jeté à la mer pour que la tempête s'apaise. (Et c'est là qu'il devient un
type de Christ... mystère insondable de la grâce divine !) Dieu n'abandonne
pas son objectif, ni l'usage de l'instrument qu'il a choisi. Le prophète entend
un second "lève-toi". Pour l'encourager, Dieu ajoute qu'il lui dira
ce qu'il devra proclamer à Ninive. Dieu ne s'était pas trompé dans son choix.
Jonas était la personne la mieux qualifiée pour apporter le message de l'éternel,
peut-être la seule capable de le faire à ce moment-là. La preuve, même si
Jonas ne l'a pas acceptée ? Le peuple de Ninive se repent. Jonas paraît être
une exception, et pourtant ! Une ou plusieurs fois, nous aussi, nous sommes
partis dans une direction opposée à celle que le Seigneur nous montrait. Même
s'il ne s'est pas trouvé de grand poisson pour nous engloutir et nous ramener
sur la rive, notre conscience a travaillé et nous a fait sentir que le refus
d'obéir nous plongeait dans les profondeurs de l'état de rébellion. Le
Seigneur nous a relevés dans sa grâce. Certes, nous avons perdu des occasions
de témoigner, mais nous en retrouverons d'autres si nous repartons. Dieu nous fait
connaître la teneur du message à faire entendre autour de nous. Si nous en
sommes pénétrés, il ne faudra pas de longs discours pour qu'il prenne effet,
notre attitude et nos actes parlent pour nous. Philippe
Une Samaritaine
s'était ouverte à l'évangile lors d'une rencontre avec Jésus et beaucoup
d'autres personnes ont ensuite reçu Jésus comme le Messie grâce à son témoignage.
Beaucoup plus tard, suite à une persécution, Philippe l'évangéliste arrive
dans une ville de Samarie. Les foules l'écoutent et reçoivent son message (Act.
8. 6). Les apôtres Pierre et Jean viennent à leur tour, puis repartent
quand les croyants eurent reçu l'Esprit. Tout semble favorable pour continuer
le travail dans ce champ missionnaire. N'est-il pas nécessaire que Philippe
prolonge son séjour dans la contrée pour enseigner ces nouveaux convertis ? Or
un ange du Seigneur lui dit : "Lève-toi, et va vers le midi, sur le chemin
qui descend de Jérusalem à Gaza ; il est désert" (Act.
8. 26). Philippe a été
très actif et très utile dans cette ville de Samarie. Comment se fait-il qu'un
ange du Seigneur lui demande de partir ? Nous trouvons là un enseignement. Il
nous arrive d'être si absorbés par un service que nous oublions que le champ
du Seigneur est vaste. Grands et petits, Juifs ou païens, chacun a besoin du
salut. Dieu nous dit alors : "Lève-toi !" Ai-je bien entendu ? Aller
dans un endroit désert, quel non-sens ! Et j'ai un service à terminer ici !
Peut-être un peu plus tard, quand j'en aurai le temps ou le courage... Cette
attitude n'est pas celle de Philippe : il obéit, se lève et part. S'il n'avait
pas obéi immédiatement, s'il avait attendu le lendemain ou même une heure
seulement, il aurait raté la rencontre avec l'intendant de la reine d'éthiopie.
Cet homme important serait reparti dans son pays sans connaître Jésus et tout
un peuple aurait été privé de l'évangile. Les fruits
produits en éthiopie par cette rencontre sur un chemin désert ont été peut-être
plus nombreux que ceux vus en Samarie. Les déserts
spirituels sont proches de nous dans notre Occident qui se dit chrétien : Dans
notre entreprise, dans notre école, dans notre voisinage, même dans nos églises.
Saisissons chaque occasion. L'apôtre Paul le dit aux Colossiens : "Marchez
dans la sagesse envers ceux de dehors, saisissant l'occasion" (Col.
4. 5), et à Timothée : "Prêche la Parole, insiste en temps et hors
de temps" (2
Tim. 4. 2). Saul de Tarse
Renversé par la
lumière éclatante, bouleversé par la parole de Jésus - Saul, Saul, pourquoi
me persécutes-tu ? - Saul est terrassé sur le chemin de Damas. Il demande :
"Que dois-je faire, Seigneur ?". Le Seigneur lui répond : "Lève-toi
et va à Damas, et là on te parlera de toutes les choses qu'il t'est ordonné
de faire" (Act.
22. 10). Jésus s'est révélé à Saul le persécuteur des chrétiens, non
pour l'écraser, mais pour en faire un témoin "devant les nations et les
rois, et les fils d'Israël" (Act.
9. 15). Ananias est
ensuite appelé à se rendre auprès de Saul (Act.
9. 11). La mission n'est pas facile, et l'on comprend Ananias quand il
demande des explications à Dieu :
Deux appréciations
différentes sont en présence : Ananias voit ce que Saul a fait et Dieu voit ce
que Saul va faire. Sans lui faire de reproche, le Seigneur dit à Ananias :
"Lève-toi, et va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison
de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie" (Act.
9. 11). Ananias obéit et
va, à son tour, dire à Saul : "Et maintenant, pourquoi tardes-tu ? Lève-toi,
sois baptisé et lave-toi de tes péchés, en invoquant son nom" (Act.
22. 16). Quelqu'un
aurait-il été saisi tout récemment par l'appel de l'évangile, qu'il sache
que sa conviction de péché et le repentir qui en résultent ne sont pas une
fin, mais le point de départ dans la vie nouvelle. Alors, lève-toi pour être
prêt à servir là où le Seigneur veut t'utiliser. Conclusion
Josué est
une figure de la jeune génération placée subitement aux avant-postes, des
postes de responsabilité. Esdras, ce
sont ces aînés qui se redressent pour ramener le peuple à Dieu. Jonas représente
nos refus à obéir, nos préjugés. Philippe
est l'exemple de disponibilité totale. Ananias,
serviteur fidèle, se tient prêt malgré les difficultés. Il reconnaît immédiatement
la voix du Maître et obéit. Saul de Tarse,
le nouveau converti, est la preuve même de la réalité de la puissance de
transformation de Jésus Christ dans une soumission totale à la volonté
divine. L'ordre "Lève-toi"
s'adresse donc à toutes les générations. Les jeunes croyants ont peut-être
des hésitations à vaincre, des doutes à surmonter. Beaucoup de chrétiens d'âge
mûr sont déjà debout à l'ouvrage ; peut-on les charger de nouvelles
responsabilités ? Et les personnes âgées sont fatiguées ; d'ailleurs, on
leur dit souvent : Laissez la place aux jeunes. Si nous regardons
au Seigneur, si nous décidons de nous en tenir à sa volonté, il nous donnera
les forces, la sagesse et le temps pour accomplir les services qu'il nous
confie. Ce n'est pas à nous d'organiser la construction de l'église, c'est lui
qui la bâtit. Des nouveaux
champions de la foi se lèveront et auront la hardiesse de défier les ennemis
de la vérité. Il est illusoire de vouloir apprivoiser le monde pour éviter
ses sarcasmes. Le chrétien ne traverse pas le monde sans livrer un combat
spirituel - encore faut-il employer les bonnes méthodes et ne pas se tromper
sur l'adversaire. Le croyant n'utilise pas l'argent, le pouvoir, le chantage ou
son influence pour parvenir au but. Il n'utilise pas ses poings pour terrasser
l'adversaire. La foi, la prière, l'obéissance sont ses armes, elles rasent les
forteresses. Il faudra du
courage à ces hommes et à ces femmes que le Seigneur prépare aujourd'hui à
son service et une solide connaissance des écritures. Le Seigneur ne s'est
jamais laissé sans témoins sur la terre, il en prendra soin. F.
Gfeller |
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