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Où est notre appui ?

Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora appuyé sur le bout de son bâton (Hébreux 11. 21).

Et l'Eternel lui dit (à Moïse) : Qu'est-ce que tu as dans ta main ? Et il dit : Une verge. Et il dit : Jette-la à terre. Et il la jeta à terre, et elle devint un serpent ; et Moïse fuyait devant lui. Et l'Eternel dit à Moïse : Étends ta main, et saisis-le par la queue (et il étendit sa main, et le saisit, et il devint une verge dans sa main) (Exode 4. 2-4).

Si l'on se reporte à Jacob au soir de sa vie, on le retrouve apaisé, adorant et bénissant ses fils, prosterné " en s'appuyant sur le bout de son bâton " ! Fidèle compagnon des jours agités qu'il a traversés, son bâton est là, jusqu'à la fin, béquille inséparable de son parcours chancelant.

Mais il y a plus ! Le bâton de pâtre que Moïse tenait à la main, au moment de son appel, était aussi un de ces objets familiers. Il lui servait à marcher, mais il était également le témoin discret de ses faits et gestes. Ainsi, lorsque Moïse parlemente au sujet de sa mission, qu'il accepte avec difficulté, Dieu l'interpelle : " Qu'y a-t-il dans ta main ? " Après avoir répondu : " Un bâton ", l'Eternel lui dit : " Jette-le par terre. Il le jeta par terre, et cela devint un serpent. Moïse s'enfuit devant lui... " (Ex. 4. 2-4).

Il y a là toute une parabole : n'avons-nous jamais vécu semblable renversement de situation ? N'avons-nous jamais vu de ces choses ordinaires, faisant partie de notre environnement coutumier, de ces choses qui nous servent de référence, sur lesquelles on compte ou à quoi on s'abandonne paisiblement, et qui se métamorphosent en un instant ? Lorsque le bâton débonnaire est devenu menaçant, quand ce qui faisait notre confiance et notre réconfort se retourne contre nous, transmué en serpent dangereux, que faisons-nous ? Prendre ses jambes à son cou est sans doute le réflexe le plus élémentaire... Déstabilisé, Moïse s'enfuit donc devant ce reptile surgi de nulle part : son bras démuni de tout soutien personnel et sa main délestée du bâton rassurant le laissent seul face au danger.

Le geste de la foi

Dieu ne va pas abandonner Moïse en si mauvaise posture, mais lui offrir l'occasion de reprendre pied face au serpent. Un ordre lui est donné : " Etends ta main et saisis-le par la queue " ... Etrange méthode... Mais il faut le faire, à mains nues ; oser approcher le danger et l'empoigner résolument, sans plus se poser de questions ! Alors, " il étendit la main et le saisit : et cela redevint un bâton dans sa main ".

Quand les circonstances de la vie ont tourné à l'adversité, quand le cours des choses a pris le visage du serpent, est-ce le moment de paniquer ? Ou de se sauver ? Il s'agit plutôt de passer à l'exercice de la foi, de tendre la main dans un geste de prière, pour que s'opère un retournement, et que la difficulté devant laquelle tout nous porterait à déserter redevienne un instrument docile. Rattraper ce qui nous échappe, empoigner les revers dans un mouvement de confiance en Celui qui nous dit, au cœur de nos désarrois : étends la main, voilà le geste de la foi !

Cette parabole vaut en toute situation, qu'il s'agisse de la vie privée, familiale ou professionnelle.

Saisir, avec confiance

Mais, en tout temps, ce qui était devenu menaçant ou périlleux peut redevenir une chose domestiquée, un atout. L'élément qui fait passer d'un état à l'autre, c'est cette confiance donnée par Dieu pour faire face à la peur. En définitive, la question qui se pose est de savoir si nous avons le courage de tendre la main, de nous saisir des "serpents" en embuscade, de juguler leur action, pour que l'objet servant d'appui retrouve son usage ordinaire. Quand l'alerte est passée, quand Dieu nous a visités et enrichis de son secours, il est alors possible de continuer le chemin en toute sérénité, appuyés sur notre bâton redevenu un humble compagnon de voyage.

Edmond Moret
Texte repris du bulletin de Radio Réveil avec l'autorisation de son auteur.

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