échanges

bimestriel

Precedente ] Remonter ] Suivante ]

Le langage

1. L'expression de la pensée

Un auteur français a dit en plaisantant que le langage avait été donné à l'homme pour déguiser sa pensée. Telle n'est pourtant pas la volonté du Créateur. Nous considérerons cet aspect du langage humain dans un des paragraphes suivants. Voyons d'abord les côtés positifs de cette faculté remarquable qu'est le langage articulé, propre à l'être humain. L'expérience d'une journée où l'on est totalement aphone a permis à plusieurs de mieux apprécier le fait de pouvoir s'exprimer par l'usage de la parole.

Les enfants, à l'âge où ils commencent à parler, nous amusent par leurs expressions bizarres. Mais si cette particularité se prolonge, il en résulte, à juste raison, une vive inquiétude des parents. De même, après un accident touchant le cerveau, les médecins sont particulièrement attentifs à la réadaptation de la faculté du langage. En effet, comment l'être humain fait-il connaître ses pensées et ses sentiments de façon naturelle, sinon par ses paroles?

2. La communication

Dans le règne animal, il existe une capacité de communication entre les individus d'une même espèce. Celle-ci est souvent réduite à sa plus simple expression, encore que l'homme n'a pas réussi à tout explorer. Toutefois, le langage articulé est le propre de l'être humain. Qu'une technique avancée permette aussi de transcrire et de transmettre le langage par un support autre que la parole, cela ne le remplacera jamais, car il reste la base de toute communication.

3. Puissance et beauté du langage

De tout temps, les oeuvres littéraires ont enchanté leurs lecteurs. Elles n'ont de saveur, pourtant, que par la musique de leur langage. La phrase éloquente résonne à nos oreilles, même lorsque nous la lisons mentalement. Que dire alors de l'élocution de l'orateur dont l'objectif est de persuader son auditoire?

Pour présenter le message de l'Evangile aussi, la modestie ne doit pas être confondue avec la médiocrité. Il est dit des apôtres Paul et Barnabas, lors de leur premier voyage missionnaire, qu'ils "parlèrent de telle sorte qu'une grande multitude de Juifs et de Grecs crurent" (Actes 14. 1). Dans ce domaine, toutefois, l'éloquence n'est pas seule en cause, mais bien la puissance du Saint Esprit. C'est aussi le Saint Esprit qui conduisait Etienne de sorte que ses contradicteurs ne pouvaient résister à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait (Actes 6. 10).

Cette éloquence du langage comporte aussi un danger: elle nous empêche de discerner la séduction qui pourrait s'y cacher. C'est l'avertissement donné par l'apôtre Paul: "Par de douces paroles et un beau langage, ils séduisent les coeurs des simples" (Rom. 16. 18). Satan a toujours cherché à contrefaire la vérité, mais ce n'est pas une raison pour refuser l'éloquence lorsqu'elle est donnée par Dieu. Le cas d'Apollos est instructif; nul ne lui a reproché son éloquence. Il lui manquait encore la connaissance de certains éléments fondamentaux du christianisme; Aquilas et Priscilla les lui ont alors communiqués (Actes 18. 24-26).

4. Vérité du langage

La boutade de l'écrivain citée au début de ce texte nous amène alors à voir l'importance de la vérité dans ce que nous exprimons. Il serait fort long de citer les nombreux versets du livre des Proverbes nous enjoignant de veiller sur ce qu'expriment nos lèvres. La fâcheuse tendance au mensonge ne date pas d'aujourd'hui. Il y a le mensonge caractéristique, et celui-là ne trompe pas beaucoup de gens. Mais le mensonge camouflé en demi-vérité, la vérité tronquée qui laisse l'auditeur perplexe, même celui qu'on appelle le pieux mensonge, voilà tout autant d'usages coupables du langage. Toute vérité n'est pas bonne à dire, certainement; gardons alors le silence, car "même le fou qui se tait est réputé sage, et celui qui ferme ses lèvres, un homme intelligent" (Prov. 17. 28).

L'apôtre Jacques dit: "Si quelqu'un ne faillit pas en paroles, celui-là est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride" (Jacques 3. 2). C'est dire la facilité avec laquelle nous commettons des impairs lorsque nous parlons. Faut-il alors toujours se taire? Le silence peut être pire car il interrompt souvent toute communication et laisse supposer des sentiments négatifs.

Revenant à l'épître de Jacques, nous sommes mis en garde contre le langage débridé à cause de ses effets pervers. L'exemple de la fontaine (chap. 3. 11) porte nos pensées vers la source à laquelle notre coeur s'abreuve, car "de l'abondance du coeur, la bouche parle" (Matt. 12. 34). Il y a tant de choses mauvaises dans les médias qui nous envahissent; allons-nous en faire notre nourriture? Occupons plutôt nos pensées des choses bonnes, pures, vraies, aimables, etc. (Phil. 4. 8), alors notre langage en sera le reflet.

5. La Parole de Dieu

Pour se révéler à l'homme et communiquer avec lui, Dieu a choisi le langage. Il aurait pu prendre un autre chemin, l'image par exemple, mais il a parlé le langage de l'homme. Plus que cela encore, Dieu s'est exprimé par le moyen de ses serviteurs en utilisant leur style propre. Chaque époque est caractérisée par une culture particulière, et Dieu a transmis son message au sein de cette culture de façon à être compris. Son message, toutefois, est donné dans un langage supra-culturel qui, aujourd'hui encore, ne présente aucun signe de vieillissement. Cette merveille de la Parole de Dieu confond l'homme du vingtième siècle. Elle est une Parole vivante, une Parole éternelle.

Un jour, Dieu a voulu s'approcher davantage de sa créature. Il lui avait parlé par l'entremise des prophètes, mais quand Jésus est venu sur la terre, lui-même était la Parole devenue chair (Jean 1. 14). "Dieu nous a parlé dans le Fils" (ou en Fils selon le texte original de Hébr. 1. 2). Jésus Christ était révélation de Dieu, sa Personne et tout son comportement exprimait la vérité de Dieu: "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jean 14. 9).

6. Le langage humain de Jésus

Le Seigneur Jésus, homme parfait, était parfaitement Dieu. Sa Personne, ses actes et tout son comportement était "Parole de Dieu", devenue chair pour habiter parmi nous. Il a parlé l'araméen, la langue de ses concitoyens, le langage du peuple. Des paroles de grâce sortaient de sa bouche (Luc 4. 22), des paroles d'autorité aussi (Matt. 7. 29), des paroles propres à confondre ses adversaires (Jean 7. 46). Le prophète l'avait annoncé en mettant ces mots dans la bouche du Messie: "Le Seigneur l'Eternel m'a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir, par une parole, celui qui est las" (Esaïe 50. 4). Prenons exemple sur Lui qui a d'abord écouté et dont l'oreille a été ouverte (id. v. 5-6), pour être rendus capables, comme Lui, de communiquer la parole à propos, celle qui est comparée à des pommes d'or incrustées d'argent (Prov. 25. 11).

7. Une langue renouvelée

Dans un temps futur, lorsque le Seigneur aura établi son règne terrestre de justice et de paix, les diverses langues parlées sur la terre subsisteront certainement. Cependant, la Parole dit que l'Eternel changera "la langue des peuples en une langue purifiée, pour qu'ils invoquent tous le nom de l'Eternel pour le servir d'un seul coeur" (Soph. 3. 9). Notre langage, même le plus correct, n'arrivera jamais au niveau voulu pour pouvoir être reçu tel quel par le Dieu saint. Mais nous avons les ressources de notre Sauveur dans le ciel, car c'est lui qui sanctifie nos paroles, et celles de l'Esprit Saint sur la terre qui nous aide dans notre infirmité (Rom. 8. 26). Cette part est celle du croyant dans la période actuelle où l'Esprit de Dieu habite dans l'Eglise. Mais plus tard, la terre entière bénéficiera de l'action de l'Esprit de Dieu. Ce sera alors l'accomplissement de la prophétie de Sophonie car, comme le dit un autre prophète, "la terre sera pleine de la connaissance de l'Eternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer" (Esaïe 11. 9). Cette période bénie sera en contraste avec celle d'aujourd'hui où l'on n'ose plus lire ou écouter tout ce qui est véhiculé par les médias.

F. Gfeller

Precedente ] Remonter ] Suivante ]

échanges

© 1994-2004

contact