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Délicatesse
dans le langage
La Bible nous
rapporte un court dialogue entre Job et sa femme, dans des circonstances
dramatiques: Job vient de perdre tous ses biens, ses enfants, puis encore sa
santé. Quelle épreuve pour la foi d'un homme dont il est dit qu'il était
"parfait et droit, craignant Dieu et se retirant du mal". Par dessus tout
cela, alors que tout son corps est couvert d'ulcères et le démange, sa femme
lui dit: "Restes-tu encore ferme dans ta perfection? Maudis Dieu et
meurs" (Job 2. 9). Que va répondre
Job? Il est déchiré entre:
"Tu parles
comme parlerait l'une des insensées; nous avons reçu le bien de la part de
Dieu, et nous ne recevrions pas le mal? En tout ceci Job ne pécha point de ses
lèvres" (Job 2. 10) Job a choisi de
craindre Dieu. Il ne se laisse pas ébranler mais en même temps sa réponse est
d'une grande douceur. Même s'il emploie le mot "insensé", ce n'est
pas sans délicatesse. En effet, Job ne dit pas: - Tu es une
insensée, pour juger la personne de sa femme. Mais il dit plutôt:
- Tu parles comme
parlerait l'une des insensées. Il juge l'acte
(tu parles comme...). C'est un bel exemple. Combien de fois, lorsque nos enfants
ou nos frères nous dérangent, nous les accablons, en paroles ou en pensées,
de termes qui jugent la personne (Qu'il est pénible, il est méchant, ce n'est
qu'un orgueilleux...), au lieu de juger l'acte, si vraiment il le mérite. Pour
un enfant, s'entendre dire souvent qu'il est stupide ou méchant peut détruire
sa confiance et lui faire croire qu'il ne peut s'en sortir par lui-même. Mieux
vaut lui dire: "Ce que tu as fait est méchant" et le corriger en conséquence.
Mais Job ne s'arrête
pas à ce reproche mérité. Il donne à connaître sa façon d'envisager l'épreuve.
Il ne se désolidarise pas de sa femme en disant par exemple: "Toi, tu ne
sais pas recevoir le mal de la part de Dieu. Moi, je reçois le bien et aussi le
mal". Au contraire, en disant "nous avons reçu le bien de la part de
Dieu, et nous ne recevrions pas le mal?", il associe sa femme à sa propre
vie et lui rappelle les bénédictions reçues. Ainsi, la réponse
de Job est l'exemple d'un esprit de grâce qui ne manque pas non plus de sel,
car s'il désapprouve clairement sa femme, il lui propose d'accepter l'épreuve.
"Que vore
parole soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que
vous sachiez comment vous devez répondre à chacun" (Col. 4. 6) J.-Ph.
Chavey |
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