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Jésus
franchit les barrières
"Joseph est
une branche qui porte du fruit, une branche qui porte du fruit près d'une
fontaine ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille" (Gen. 49. 22). Les paroles
prononcées par le patriarche Jacob en bénissant chacun de ses fils ont un sens
prophétique évident. Celles concernant Joseph s'appliquent à Christ dont il
est une figure particulière. L'épisode de la rencontre de Jésus avec la femme
samaritaine relaté en Jean 4. 1-42 est déjà une réalisation de la prophétie
de Jacob. Jésus prêche
hors des synagogues
A priori, il y
avait peu de points communs entre cette femme et Jésus. Mais il
"fallait" (v. 4) que cette rencontre ait lieu ; pour cette femme, pour
les gens de son village, et aussi pour notre instruction. Si Jésus s'était
limité à prêcher l'Evangile dans les synagogues, il n'aurait jamais rencontré
cette femme dont le coeur était pourtant prêt à recevoir la grâce. De même
aujourd'hui, dans nos régions, une petite partie seulement de la population
(peut-être même pas la moitié) ose entrer dans un lieu où l'Evangile est
annoncé publiquement. L'autre moitié n'y vient jamais. C'est trop loin de
leurs habitudes, ou simplement leur religion le leur interdit. Pour les
rencontrer, c'est à nous d'aller vers eux, en franchissant si nécessaire les
barrières qui pourraient nous retenir. Regardons un peu
les barrières que Jésus surmonte pour approcher cette femme samaritaine. Jésus surmonte
les barrières raciales
Les barrières
entre Juifs et Samaritains étaient réelles, ancrées dans les esprits depuis
plusieurs siècles. L'étonnement de la femme quand Jésus lui parle en est une
preuve : "Comment, toi qui es Juif, me demandes-tu à boire...?" Les Samaritains
ne faisaient pas partie du peuple d'Israël mais ils occupaient une partie de la
terre depuis la transportation des dix tribus (voir 2 Rois 17. 24-41). Ils étaient
méprisés par les Juifs. Pour le Seigneur,
ce n'est pas un problème. Il s'arrête sur le bord de la fontaine et entre en
conversation. Pas de racisme, mais l'amour. Jésus surmonte
les barrières religieuses
Le culte des
Samaritains était un mélange entre l'idolâtrie et le culte rendu à
l'Eternel. Le passage de 2 Rois 17 se termine ainsi : "Ces nations (les
Samaritains) craignaient l'Eternel et servaient leurs images". N'était-ce
pas une raison suffisante au Seigneur de dire à ce peuple sa désapprobation
pour n'avoir jamais abandonné leurs idoles ? Ne devait-il pas montrer
publiquement qu'on ne mélange pas sans conséquence la vérité et l'erreur ? Eh bien non, le
Seigneur est venu chercher et sauver ce qui est perdu. C'est pourquoi il s'arrête.
Dans la conversation, il prend soin de dire la vérité à propos de leur culte
: "Vous, vous adorez vous ne savez quoi". En même temps, il va alors
faire une révélation stupéfiante : il n'y aura plus, dès lors, de lieu
unique sur la terre pour adorer, mais une nouvelle famille d'adorateurs, les
vrais, qui adoreront le Père en esprit et en vérité. Quel exemple !
Etre capable de parler avec quelqu'un d'une religion faussée, sans jamais
approuver l'erreur et en présentant la vérité d'une façon compréhensible.
Plus tard, Pierre, Paul ou Philippe s'approcheront eux aussi des Juifs
religieux, des Grecs philosophes, des Romains idolâtres, des barbares ignorants
et de toute autre nation avec la même ouverture. Jésus surmonte
les barrières sociales
Cet aspect est
moins marqué aujourd'hui dans les sociétés occidentales. Ce n'était pas le
cas autrefois, car les disciples sont étonnés de ce que Jésus parlait avec
une femme (voir la note à la fin du texte). Dans notre société, il y a encore
différentes catégories de personnes qui se côtoient en s'ignorant plus ou
moins. Elles sont établies par :
A l'exemple du
Seigneur, l'apôtre Paul pouvait dire devant deux grands de ce monde, Agrippa et
Festus. "Me voici... rendant témoignage aux petits et aux grands"
(Actes 26. 22). Jésus surmonte
les barrières morales
La femme
samaritaine n'était pas un exemple de moralité. En ce temps-là d'ailleurs, le
concubinage était, à juste titre, officiellement désapprouvé. Mais le
Seigneur n'est pas arrêté par cela dans son témoignage. N'est-il pas le médecin
envoyé aux malades ? Dans la conversation, il met clairement le doigt sur le
mal, mais avec une telle grâce que cette femme en est touchée. Nous trouvons
cette même situation avec la femme surprise en adultère (Jean 8. 2-11) ou la
prostituée qui s'introduit chez Simon durant le souper (Luc 7. 36-50). Dans le monde
actuel où une grande partie de la population vit dans de graves péchés, y
a-t-il une raison pour ne pas s'approcher des gens et leur annoncer l'Evangile ?
Bien au contraire ! Jésus surmonte
sa lassitude
La Parole donne
ce petit détail très important : "Jésus donc, étant lassé du chemin,
se tenait là, assis sur la fontaine". Physiquement, le Seigneur était
fatigué. Notre réaction naturelle en face de la fatigue est de nous reposer
sans laisser personne nous déranger. En général, la fatigue nous laisse sans
initiative. L'occasion se présentait
à un moment fort peu favorable : à une heure très chaude, donc peu propice à
un entretien approfondi. C'est pourtant dans ce contexte que Jésus engage la
conversation ! Conclusion
"Il est
venu, et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient loin, et
... à ceux qui étaient près" (Eph. 2. 17). Nous répétons
souvent : l'Evangile est pour quiconque. Souvenons-nous que nous devons nous-mêmes
être toujours prêts à répondre, avec douceur et crainte, à quiconque nous
demande raison de l'espérance qui est en nous (1 Pierre 3. 15). Quiconque, c'est
notre patron, notre collègue, notre voisin, les enfants de notre quartier, les
vieillards qui se promènent devant chez nous, les clochards qui nous dérangent,
les étrangers, oui, QUICONQUE. Quel programme ! J.-Ph.
Chavey |
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