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Le moucheron et le chameau

L'usage des illustrations

Les pédagogues modernes nous conseillent d'employer beaucoup d'images pour faire passer un message. Il n'ont rien innové. Le Seigneur utilisait déjà des illustrations empruntées à la vie quotidienne de l'époque, entre autres, une foule d'animaux.

Parmi les plus connus, on pense à la brebis perdue, recherchée avec amour par le berger (Luc 15. 4-7). Il y a les renards qui ont des tanières par opposition au Fils de l'homme qui n'avait pas d'endroit où reposer sa tête (Matt. 8. 20), ou encore la poule qui rassemble ses poussins sous ses ailes (Matt. 23. 37).

L'exemple du moucheron et du chameau

Le chameau était probablement le plus grand animal visible en Palestine. C'était un animal impur, le moucheron aussi, d'ailleurs. Or les Juifs filtraient (coulaient) leur boisson pour éviter d'avaler quelque chose d'impur. En Matt. 23. 24, le Seigneur reproche aux pharisiens d'avaler le chameau tout en coulant le moucheron. Image amusante ? Lisons ce que le Seigneur lui-même enseigne. La sévérité du contexte est loin d'être amusante !

"Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous payez la dîme de la menthe et de l'aneth et du cumin, et vous avez laissé les choses plus importantes de la loi, le jugement et la miséricorde et la fidélité ; il fallait faire ces choses-ci, et ne pas laisser celles-là. Guides aveugles, qui coulez le moucheron et qui avalez le chameau ! Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais au-dedans, ils sont pleins de rapine et d'intempérance." (Matt. 23. 23-25).

L'explication est claire. Les pharisiens mettaient une importance énorme sur de petites choses et avaient oublié les choses importantes : le jugement, la miséricorde et la fidélité.

Autrefois en Israël

Jérémie adresse des reproches sévères au peuple de la part de l'Eternel au chapitre 7 de son livre. Les hommes de Juda venaient régulièrement à la maison de l'Eternel (v. 10), ils se vantaient d'avoir "le temple de l'Eternel" (v. 4) et offraient scrupuleusement des sacrifices (v. 21). En même temps, ils n'hésitaient pas à voler, tuer, commettre adultère, jurer faussement et même offrir de l'encens aux idoles (v. 9).

Dieu ne leur présente que deux issues :

  • corriger leurs voies et retrouver la bénédiction (v. 5-7),
  • ne pas écouter l'avertissement et tomber sous le jugement, avec la maison de l'Eternel en qui ils se confiaient (v. 14-17).

Esaïe est porteur du même message au premier chapitre de son livre. Dieu les supplie de revenir, car il y a place pour le pardon : "Venez et plaidons ensemble... Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige" (v. 18).

Mais attention ! continuer sur un chemin de fausseté c'est aller au devant du jugement : "Si vous êtes de bonne volonté et que vous écoutiez, vous mangerez des biens du pays ; mais si vous refusez et que vous soyez rebelles, vous serez consumés par l'épée" (v. 19-20).

Est-ce pour nous aujourd'hui ?

Dans le Nouveau Testament également, nous trouvons des choses grosses comme un chameau : les Corinthiens toléraient l'adultère tout en étant satisfaits d'eux-mêmes ! Avec quelle sévérité l'apôtre Paul les reprend-il de la part du Seigneur (1 Cor. 5. 1-6) !

Ne nous croyons pas trop vite exempts de tels risques dans nos vies : respecter scrupuleusement les points secondaires, mais négliger les aspects importants de la volonté de Dieu.

Voici quelques situations concrètes qui se sont déjà vues, et dans lesquelles nous pouvons tomber :

Imaginons que je refuse toute occupation le dimanche, même un service qui me serait demandé, sous prétexte que ce jour-là doit être entièrement consacré à Dieu. Si, pendant la semaine, je suis connu par mon entourage comme sans gêne et prêt à tout pour acquérir un avancement, est-ce que je n'avale pas un chameau ?

Imaginons aussi que je sois très généreux dans les offrandes lors des collectes, et qu'à côté de cela j'agisse de façon malhonnête dans une affaire d'héritage ; et nous pourrions multiplier les exemples... Que de chameaux avalés et de moucherons coulés !

Prenons un peu de recul. Les personnes que nous connaissons bien, nos enfants, notre conjoint, nos collègues de travail, les frères et soeurs de notre rassemblement peuvent-ils certifier que notre vie est imprégnée de justice, de miséricorde et de fidélité ? Manifeste-t-elle de façon évidente le fruit de l'Esprit pour Dieu et pour les hommes, ce fruit aux neuf caractéristiques selon Galates 5. 22 ? S'il n'en est pas ainsi, nos efforts dans le soin des détails ressembleront à ceux des pharisiens qui ne nettoyaient que l'extérieur de la coupe.

Dieu veut "la vérité dans l'homme intérieur" (Ps. 51. 6). C'est ce qu'avait compris David après avoir "avalé un chameau" en commettant des choses absolument indignes d'un homme de Dieu : envoyer à la mort Urie dont il avait volé la femme. Mais le chemin de la restauration était ouvert. Encore devait-il accepter de se voir tel qu'il était et le confesser (2 Sam. 12. 13 ; Ps. 32. 5).

Conclusion

La stricte observation des plus petits détails de la volonté de Dieu consignés dans la Parole n'est pas répréhensible : "Il fallait faire ces choses-ci". Par contre, ce qui est gravement reproché, c'est de négliger les choses plus importantes : "Il fallait... ne pas laisser celles-là". Il y a donc des degrés d'importance dans les commandements divins. Le premier reste celui de l'amour, pour Dieu et pour le prochain ; non en parole seulement, mais en actes et par une attitude qui en démontre la vérité (1 Jean 3. 18).

J.-Ph. Chavey

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