|
Le
bon sens
"Dieu
ne nous a pas donné un esprit de crainte, Qu'est-ce que le
bon sens ?
Dans le Nouveau
Testament, le bon sens est un terme riche de... sens ! Il est la faculté de
produire chez les autres ou en soi-même de saines pensées, de raisonner
sainement, en dépit de nos connaissances limitées. Le verbe associé au mot
traduit par "bon sens" signifie aussi avoir de saines pensées, être
sobre et de sens rassis. Cette faculté implique modération, maîtrise de soi
et discipline personnelle des pensées. Il faut
distinguer entre l'esprit de bon sens et la sagesse. La sagesse est la
connaissance intime des choses, alors que le bon sens est la manifestation
normale d'un esprit sain et équilibré. Pourquoi
l'esprit de bon sens nous est-il donné ?
L'esprit de bon
sens que Dieu nous a donné est une qualité indispensable dans la conduite de
nos vies et dans notre témoignage. Il permet de raisonner sainement, de
distinguer entre ce qui est primordial et ce qui est secondaire. La Bible n'est
pas comme un code civil. Certes elle répond à chaque situation, non par des
articles de loi, mais en donnant des principes de conduite. Chaque nouvelle
situation, même si elle paraît analogue, voire identique à des circonstances
que nous avons déjà vécues, doit être abordée dans la prière et la réflexion.
Rien n'est automatique dans la vie chrétienne. L'esprit de bon sens nous permet
d'examiner un problème avec le recul nécessaire. Il nous empêche de prendre
de mauvaises décisions sous l'empire des émotions. Il permet d'examiner les
problèmes objectivement, de produire en nous ou chez les autres des pensées
saines et justes de manière à répondre à la volonté de Dieu. Devant une
situation tendue ou imprévue, nous avons tendance à réagir plutôt par nos émotions
que par notre esprit. "Toutes les voies d'un homme sont pures à ses
propres yeux, mais l'Eternel pèse les esprits (Prov. 16. 2). Pour qui avoir
un esprit de bon sens ?
D'abord pour
nous-mêmes. Paul nous dit de ne pas avoir une haute pensée de nous-mêmes,
au-dessus de celle qu'il convient d'avoir, mais de penser de manière à avoir
de saines pensées (Rom. 12. 3). Nous pouvons nous surestimer ; c'est de
l'orgueil. A l'opposé, nous pouvons être tenté de nous dénigrer ; c'est
critiquer le Créateur. En toutes choses, il faut un équilibre, même dans le
domaine intime de notre personnalité. Dieu nous donne
aussi cet esprit de bon sens pour l'exercer envers les autres croyants. Sous
différents prétextes, de faux docteurs à Corinthe accusaient Paul d'être un
insensé (2 Cor. 11. 16). Non, Paul n'était pas fou. Il affirme que s'il est de
bon sens, c'est pour eux, les Corinthiens (2 Cor. 5. 13). Enfin, Dieu nous
donne l'esprit de bon sens devant des incrédules. Festus entend Paul parler de
la résurrection des morts dans sa défense auprès du roi Agrippa. Effrayé par
ces paroles, Festus accuse Paul d'être hors de sens sous prétexte que son
grand savoir dérange son esprit. Paul se défend en répondant avec politesse,
sobriété et humilité : Je ne suis point hors de sens, mais je prononce des
paroles de vérité et de bon sens (Actes 26. 25). Comment savoir
si nous sommes objectifs ?
Un premier critère
est d'ordre négatif : quand on examine un problème objectivement, on s'aperçoit
que la rancoeur disparaît, car derrière la sagesse terrestre se cachent
souvent jalousie et esprit de querelle (Jac. 3. 14-15). Le second est
positif : nous pensons sainement et agissons selon la volonté de Dieu quand
nous avons la paix intérieure. Comment être
objectif ?
Si nous
recherchons honnêtement la pensée de Dieu en faisant abstraction de ce que
nous voulons, de nos propres conceptions, Dieu nous révèle ses pensées et sa
volonté. C'est sa responsabilité. Dieu trouve toujours les moyens pour
communiquer avec ses propres enfants. Dieu est bien plus intéressé à nous
faire comprendre ce qu'il veut que nous ne le sommes. Mais il faut faire taire
en nous toute autre voix que la sienne. Nous avons comme guide la Parole de Dieu
pour connaître sa volonté et ses pensées. "Ne t'ai-je pas écrit des
choses excellentes en conseils et en connaissance, pour te faire connaître la sûre
norme des paroles de vérité ?" (Prov. 22. 21). Paul recommandait les
anciens d'Ephèse à Dieu et à la Parole de sa grâce. Les sûres normes
morales ne changent pas avec les progrès techniques. Nous avons à les
retrouver et à les défendre de toutes nos forces. L'esprit de bon
sens que Dieu nous donne n'est pas celui du monde. Aujourd'hui on prend des décisions
sur la base de ce que tout le monde pense et fait. Il nous faut refuser ce mode
d'agir. "Ne vous conformez pas à ce siècle ; mais soyez transformés par
le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez (éprouviez)
quelle est la volonté de Dieu" (Rom. 12. 2). Exemples
d'esprit de bon sens
David et ses
hommes avaient protégé les bergers et les troupeaux d'un riche propriétaire,
Nabal, dont le nom signifie "fou". Quand David apprend que Nabal
refuse de lui donner quoi que ce soit en retour pour nourrir sa troupe, il
s'emporte et veut détruire l'ingrat (1 Sam. 25). C'est à ce moment qu'Abigaïl,
la femme de Nabal, intervient avec bon sens sur deux plans. Pour calmer la colère
de David, elle comprend qu'elle doit d'abord calmer sa faim. Elle apporte elle-même
des vivres en grande quantité et réussit à empêcher David de faire justice
lui-même. Abigaïl agit avec tout autant de bon sens, mais d'une autre manière,
avec son mari. Il était ivre ce jour-là. Elle sait que dans son ivresse, Nabal
ne comprendrait pas ce qui se passe ou réagirait d'une manière violente envers
elle et envers David. Elle attend que le vin ait passé pour lui rapporter les
faits. Abigaïl savait
analyser une situation et elle possédait ce sens des choses qui permet de
saisir l'occasion et de choisir le moment propice, qui n'est pas toujours le
moment immédiat (Eph. 4. 16). Le Seigneur était
revêtu de l'esprit de sagesse et d'intelligence, de conseil et de force, de
connaissance et de crainte de l'Eternel (Es. 11. 2). Il savait ce qui était
au-dedans de tous les hommes (Jean 2. 25) et derrière chaque circonstance. Les ennemis du
Seigneur ont souvent cherché à le surprendre par des questions apparemment
futiles. Un jour, on vint lui demander s'il était permis de payer l'impôt à César
(Luc 20. 20-26). Jésus répond par une autre question : Quel image porte le
denier romain ? Les Juifs haïssaient cette monnaie : elle portait "Tibère
César, auguste fils de l'auguste dieu". Si Jésus répondait qu'il fallait
payer l'impôt, ses ennemis pouvaient l'accuser de trahir sa patrie. S'il disait
de ne pas s'acquitter du tribut, il pouvait passer pour subversif. En voyant
l'image de l'empereur sur le denier, Jésus dit : "Rendez les choses de César
à César, et les choses de Dieu à Dieu". Remarquez que le monde se
souvient de cette parole, mais elle est rarement citée en entier. On oublie si
facilement la part qui revient à Dieu ! Conclusion
Dieu nous a donné
un esprit de puissance, et d'amour, et de bon sens. Dans quel but ? Pour que
nous n'ayons pas honte du témoignage de notre Seigneur (2 Tim. 1. 8). Ces trois
caractères du chrétien vont la main dans la main. Un esprit de puissance et
d'amour exempt de bon sens est comme un navire favorisé par les vents, mais qui
navigue sans barre. Que le Seigneur nous donne l'équilibre qui permet de
maintenir le cap ! M.
Horisberger |
|