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Le bon sens

"Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte,
mais de puissance, et d'amour, et de conseil (bon sens)"
(2 Tim. 1. 7)

Qu'est-ce que le bon sens ?

Dans le Nouveau Testament, le bon sens est un terme riche de... sens ! Il est la faculté de produire chez les autres ou en soi-même de saines pensées, de raisonner sainement, en dépit de nos connaissances limitées. Le verbe associé au mot traduit par "bon sens" signifie aussi avoir de saines pensées, être sobre et de sens rassis. Cette faculté implique modération, maîtrise de soi et discipline personnelle des pensées.

Il faut distinguer entre l'esprit de bon sens et la sagesse. La sagesse est la connaissance intime des choses, alors que le bon sens est la manifestation normale d'un esprit sain et équilibré.

Pourquoi l'esprit de bon sens nous est-il donné ?

L'esprit de bon sens que Dieu nous a donné est une qualité indispensable dans la conduite de nos vies et dans notre témoignage. Il permet de raisonner sainement, de distinguer entre ce qui est primordial et ce qui est secondaire.

La Bible n'est pas comme un code civil. Certes elle répond à chaque situation, non par des articles de loi, mais en donnant des principes de conduite. Chaque nouvelle situation, même si elle paraît analogue, voire identique à des circonstances que nous avons déjà vécues, doit être abordée dans la prière et la réflexion. Rien n'est automatique dans la vie chrétienne. L'esprit de bon sens nous permet d'examiner un problème avec le recul nécessaire. Il nous empêche de prendre de mauvaises décisions sous l'empire des émotions. Il permet d'examiner les problèmes objectivement, de produire en nous ou chez les autres des pensées saines et justes de manière à répondre à la volonté de Dieu.

Devant une situation tendue ou imprévue, nous avons tendance à réagir plutôt par nos émotions que par notre esprit. "Toutes les voies d'un homme sont pures à ses propres yeux, mais l'Eternel pèse les esprits (Prov. 16. 2).

Pour qui avoir un esprit de bon sens ?

D'abord pour nous-mêmes. Paul nous dit de ne pas avoir une haute pensée de nous-mêmes, au-dessus de celle qu'il convient d'avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées (Rom. 12. 3). Nous pouvons nous surestimer ; c'est de l'orgueil. A l'opposé, nous pouvons être tenté de nous dénigrer ; c'est critiquer le Créateur. En toutes choses, il faut un équilibre, même dans le domaine intime de notre personnalité.

Dieu nous donne aussi cet esprit de bon sens pour l'exercer envers les autres croyants. Sous différents prétextes, de faux docteurs à Corinthe accusaient Paul d'être un insensé (2 Cor. 11. 16). Non, Paul n'était pas fou. Il affirme que s'il est de bon sens, c'est pour eux, les Corinthiens (2 Cor. 5. 13).

Enfin, Dieu nous donne l'esprit de bon sens devant des incrédules. Festus entend Paul parler de la résurrection des morts dans sa défense auprès du roi Agrippa. Effrayé par ces paroles, Festus accuse Paul d'être hors de sens sous prétexte que son grand savoir dérange son esprit. Paul se défend en répondant avec politesse, sobriété et humilité : Je ne suis point hors de sens, mais je prononce des paroles de vérité et de bon sens (Actes 26. 25).

Comment savoir si nous sommes objectifs ?

Un premier critère est d'ordre négatif : quand on examine un problème objectivement, on s'aperçoit que la rancoeur disparaît, car derrière la sagesse terrestre se cachent souvent jalousie et esprit de querelle (Jac. 3. 14-15).

Le second est positif : nous pensons sainement et agissons selon la volonté de Dieu quand nous avons la paix intérieure.

Comment être objectif ?

Si nous recherchons honnêtement la pensée de Dieu en faisant abstraction de ce que nous voulons, de nos propres conceptions, Dieu nous révèle ses pensées et sa volonté. C'est sa responsabilité. Dieu trouve toujours les moyens pour communiquer avec ses propres enfants. Dieu est bien plus intéressé à nous faire comprendre ce qu'il veut que nous ne le sommes. Mais il faut faire taire en nous toute autre voix que la sienne. Nous avons comme guide la Parole de Dieu pour connaître sa volonté et ses pensées. "Ne t'ai-je pas écrit des choses excellentes en conseils et en connaissance, pour te faire connaître la sûre norme des paroles de vérité ?" (Prov. 22. 21). Paul recommandait les anciens d'Ephèse à Dieu et à la Parole de sa grâce. Les sûres normes morales ne changent pas avec les progrès techniques. Nous avons à les retrouver et à les défendre de toutes nos forces.

L'esprit de bon sens que Dieu nous donne n'est pas celui du monde. Aujourd'hui on prend des décisions sur la base de ce que tout le monde pense et fait. Il nous faut refuser ce mode d'agir. "Ne vous conformez pas à ce siècle ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez (éprouviez) quelle est la volonté de Dieu" (Rom. 12. 2).

Exemples d'esprit de bon sens

David et ses hommes avaient protégé les bergers et les troupeaux d'un riche propriétaire, Nabal, dont le nom signifie "fou". Quand David apprend que Nabal refuse de lui donner quoi que ce soit en retour pour nourrir sa troupe, il s'emporte et veut détruire l'ingrat (1 Sam. 25). C'est à ce moment qu'Abigaïl, la femme de Nabal, intervient avec bon sens sur deux plans. Pour calmer la colère de David, elle comprend qu'elle doit d'abord calmer sa faim. Elle apporte elle-même des vivres en grande quantité et réussit à empêcher David de faire justice lui-même. Abigaïl agit avec tout autant de bon sens, mais d'une autre manière, avec son mari. Il était ivre ce jour-là. Elle sait que dans son ivresse, Nabal ne comprendrait pas ce qui se passe ou réagirait d'une manière violente envers elle et envers David. Elle attend que le vin ait passé pour lui rapporter les faits.

Abigaïl savait analyser une situation et elle possédait ce sens des choses qui permet de saisir l'occasion et de choisir le moment propice, qui n'est pas toujours le moment immédiat (Eph. 4. 16).

Le Seigneur était revêtu de l'esprit de sagesse et d'intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte de l'Eternel (Es. 11. 2). Il savait ce qui était au-dedans de tous les hommes (Jean 2. 25) et derrière chaque circonstance.

Les ennemis du Seigneur ont souvent cherché à le surprendre par des questions apparemment futiles. Un jour, on vint lui demander s'il était permis de payer l'impôt à César (Luc 20. 20-26). Jésus répond par une autre question : Quel image porte le denier romain ? Les Juifs haïssaient cette monnaie : elle portait "Tibère César, auguste fils de l'auguste dieu". Si Jésus répondait qu'il fallait payer l'impôt, ses ennemis pouvaient l'accuser de trahir sa patrie. S'il disait de ne pas s'acquitter du tribut, il pouvait passer pour subversif. En voyant l'image de l'empereur sur le denier, Jésus dit : "Rendez les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu". Remarquez que le monde se souvient de cette parole, mais elle est rarement citée en entier. On oublie si facilement la part qui revient à Dieu !

Conclusion

Dieu nous a donné un esprit de puissance, et d'amour, et de bon sens. Dans quel but ? Pour que nous n'ayons pas honte du témoignage de notre Seigneur (2 Tim. 1. 8). Ces trois caractères du chrétien vont la main dans la main. Un esprit de puissance et d'amour exempt de bon sens est comme un navire favorisé par les vents, mais qui navigue sans barre. Que le Seigneur nous donne l'équilibre qui permet de maintenir le cap !

M. Horisberger

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