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L'indifférence, comment la combattre ?

Définition

"Tu es tiède... tu n'es ni froid ni bouillant" (Apoc. 3. 16).

En peu de mots, voici définie l'indifférence dans ce reproche fait par Dieu à un groupe de chrétiens. L'indifférence est l'absence de sentiments, d'intérêt pour une personne, une chose ou un événement. Elle rend insensible et pousse à la neutralité.

Dans les évangiles, on rencontre Jésus toujours dévoué, attentif aux autres, déterminé à faire la volonté de son Père, appliqué à servir, s'impliquant dans les souffrances, sensible aux conséquences du péché pour les hommes et pour la création tout entière.

A l'image de Christ, un chrétien ne devrait pas être indifférent. Mais si un peu de tiédeur ou d'insensibilité nous a atteint, voici quelques réflexions pour prendre conscience de notre apathie et la combattre.

Signes avant-coureurs

L'indifférence n'arrive pas brutalement, mais elle s'installe progressivement, souvent à notre insu. Elle se signale toutefois par des signes avant-coureurs.

Celui qui vient de croire au Seigneur Jésus, comme un nouveau-né, désire ardemment boire "le pur lait de la Parole" (1 Pi. 2. 2). C'est un besoin vital et en même temps un plaisir intense (Jér. 15. 16 ; Ps. 119. 162). Mais il arrive que peu à peu cet appétit diminue, que l'ardeur du premier amour s'estompe et que la lecture de la Bible perde de son intérêt. C'est ce qui est montré, en image, par la nourriture du peuple d'Israël dans le désert. La manne, type de Jésus et de la Parole, "était comme de la semence de coriandre, blanche, et avait le goût d'un gâteau au miel" (Ex. 16. 31), mais au fil des jours, elle a perdu de sa saveur, et au bout d'un an, elle n'avait pour lui que "le goût d'un gâteau à l'huile". (Nom. 11. 8). Elle devint plus tard un "pain misérable" dont les Israélites furent dégoûtés (Nom. 21. 5). En même temps, ils se révoltèrent contre Dieu et contre Moïse, s'impatientèrent et se découragèrent. C'était pourtant la même nourriture, préparée par un Dieu qui aimait son peuple d'une manière immuable, en vue de répondre aux besoins de chacun.

Si la lecture de la Parole de Dieu devient insipide, ou si on ne se sent plus concerné personnellement par ce qui est écrit, c'est le premier signal d'alarme. Puis les prières deviennent machinales, ou cessent même d'exister. Ensuite, on n'a plus envie de chanter les louanges de Dieu. Les réunions d'assemblée et la compagnie des chrétiens apparaissent des corvées, du temps perdu. L'intérêt pour les frères et les soeurs disparaît (1 Jean 4. 20 ; 1 Jean 5. 1). Enfin, on s'isole, on ne sait plus dire merci et la critique s'installe.

Ce qui, pour nous, était un péché au moment où notre amour pour le Seigneur était très fort, nous le commettons maintenant sans nous sentir vraiment coupables. Le péché perd de son acuité, il est même toléré dans nos vies.

Le but de la vie chrétienne est perdu de vue, et l'on n'attend plus le retour du Seigneur (Phil. 3. 12 ; 1 Pi. 1. 8-10).

Source de l'indifférence

  • Une grande fatigue physique ou une accumulation de soucis provoquent un état de lassitude et de découragement.
  • La négligence ou le manque de discipline personnelle.
  • Les affaires de la vie prennent de plus en plus de place dans notre emploi du temps, dans nos pensées et dans notre coeur, de sorte que le Seigneur est relégué à une place secondaire.
  • Le monde influe sur notre manière de penser : l'absence de tri dans nos lectures et de maîtrise de ce que nous regardons, de l'image en général, non seulement nous mange notre temps, mais aussi nous influence et nous imprègne plus que nous ne pensons (1 Jean 2. 15-17 ; Rom. 12. 2, 3).
  • L'égocentrisme : si nos pensées ne sont pas occupées de Christ et de ce qu'il aime (Phil. 4. 8, 9), elles seront centrées sur nous-mêmes. Ainsi l'indifférence envers autrui va souvent de pair avec un excès d'intérêt pour sa propre personne ou pour ses propres pensées que l'on prend pour la pensée du Seigneur.
  • De mauvaises compagnies (1 Cor. 15. 33).
  • La routine
  • L'abondance des bénédictions divines, terrestres ou célestes, qui peut nous amener à une douce somnolence. Voici trois exemples tirés de l'Ecriture :

"Josaphat eut beaucoup de richesses et de gloire ; et il s'allia par mariage avec Achab" (2 Chr. 18. 1). Josaphat s'était jusque-là fortifié contre le roi d'Israël, dont la vie déshonorait Dieu. Mais les richesses et la gloire ont détourné son coeur. Le relâchement l'a conduit à s'allier avec celui dont il refusait le contact à cause de l'Eternel son Dieu.

Salomon a bien commencé sa vie, il a eu tout en abondance. Il n'a pas suffisamment veillé sur son coeur et s'est laissé détourner.

Laodicée, assemblée d'Asie mineure, déclare : "Je suis riche (riche de bénédictions spirituelles)... je n'ai besoin de rien" (Apoc. 3. 15-18) ; c'est l'indifférence totale.

  • Les péchés non jugés qui entraînent d'autres péchés et créent une indifférence aux ordonnances de Dieu. L'exemple de David est significatif. Au lieu d'être au combat avec son armée, il laisse son général seul et se repose. La conséquence est un adultère, suivi d'un meurtre pour cacher le premier péché (2 Sam. 11. 2, 4, 15).
  • Le manque d'engagement pour le Seigneur.
  • Le manque de courage qui nous amène, par exemple, à laisser notre meilleur ami se fourvoyer dans un mauvais chemin sans rien oser lui dire. [ Note ]

Ses conséquences ou ses effets

Le Seigneur n'a plus la première place.

Le sommeil spirituel nous gagne et nous avons moins d'entrain pour le service du Seigneur. On attache de plus en plus d'importance à la forme extérieure, au détriment de l'état du coeur ; on aime se rattacher à une tradition confortable sans vraiment examiner les Ecritures comme le faisaient les Juifs de Bérée (Act. 17. 11). Du sommeil, on tombe dans le péché.

Le mépris de l'amour de Dieu : "vous dites : en quoi nous as-tu aimés... vous méprisez mon nom" (Mal. 1. 2, 6). "Ce peuple s'approche de moi de sa bouche,... et ils m'honorent de leurs lèvres, et... leur coeur est éloigné de moi" (Es. 29. 13). Ce qui est normalement dû à Dieu, la reconnaissance, ne lui est pas rendu. Le souvenir tangible que Jésus nous a laissé de ses souffrances et de sa mort (Luc 22. 19, 20) est oublié.

Le mépris des autres dont on ne comprend pas le zèle scrupuleux à mettre la Parole en pratique. Puis on se livre aux critiques et aux médisances. On ne s'intéresse pas aux besoins ou aux souffrances des autres, mais on se plaint de leur manque d'amour.

Mauvaise conscience et tristesse s'ensuivent, car on est tiraillé entre ce que l'on voudrait être et ce qu'on est réellement.

On régresse et on perd le discernement et le bon sens. Le chrétien indifférent n'est plus un homme équilibré. Il tombe, soit dans le légalisme, imposant aux autres ce qu'il n'a pas la force de vivre lui-même, soit dans le laxisme, sans conscience de péché, ignorant ce qu'est la vraie grâce de Dieu (1 Pi. 5. 12).

Ressources et remèdes contre l'indifférence

Quand un médecin veut soigner un malade, il établit d'abord le diagnostic, ensuite il propose un traitement. De même pour guérir l'indifférence, il faut en premier lieu prendre conscience du problème, le reconnaître, l'exprimer et ne pas avoir peur du traitement qui remet en cause sa manière de vivre ou de penser.

Voici quelques remèdes :

  • en parler à Dieu, et si on ne sait pas formuler notre prière, l'Esprit Saint nous aidera (Rom. 8. 26),
  • en parler à un ami chrétien en qui on a confiance (Prov. 17. 17), prier avec lui sachant que, comme le dit le Seigneur, "si deux... sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux" (Matt. 18. 19),
  • accepter d'être aidé en se laissant "laver les pieds" (Jean 13), c'est-à-dire se laisser rafraîchir, encourager, ranimer dans ses affections pour Christ. Ceci est possible quand ceux qui me connaissent et m'entourent ne sont pas eux-mêmes atteints par l'indifférence. "Si vous savez ces choses (dit Jésus à propos du lavage des pieds), vous êtes bienheureux si vous les faites" (Jean 13. 17),
  • avoir le courage de confesser son péché à Dieu, et aux hommes si nécessaire, avec vérité et en se rappelant que le temps ne règle jamais les problèmes,
  • mettre sa foi en activité, en relisant les promesses de Dieu dans sa Parole, et en se les appropriant, afin d'être convaincu de la fidélité et de la puissance de Dieu. L'épître aux Ephésiens ou la première épître de Jean, par exemple, sont remplies de ces richesses mises à notre disposition : intercession du Seigneur, amour immuable de Dieu, puissance de l'Esprit qui crée en nous une réponse à cet amour.
  • une discipline personnelle et un coeur bien disposé pour trouver, chaque jour, un moment et un lieu pour rencontrer le Seigneur par la lecture de la Bible et la prière.

Résultats

Le traitement approprié bien suivi apportera des résultats rapides :

  • Une croissance harmonieuse dans la grâce de Dieu (2 Pi. 3. 18 ; 1 Pi. 5. 10),
  • un esprit de louange et de reconnaissance avec une joie retrouvée,
  • un désir de lire la Parole et d'y conformer sa vie, avec dévouement et esprit de service,
  • une conscience sensible à la gravité du péché dans le sentiment du prix payé par le Seigneur à la croix,
  • un amour toujours plus fort pour le Seigneur,
  • un but plus net dans la vie, à l'image de Paul qui courait "droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu" (Phil. 3. 14),
  • le retour du Seigneur attendu, non comme un événement historique, mais comme la rencontre avec le Sauveur tant désiré (1 Thes. 1. 3),
  • de la compassion et de l'intérêt pour autrui, qui nous pousse à faire l'oeuvre d'un évangéliste,
  • l'amour pour tous ceux de la famille de Dieu.

Pour éviter le piège de l'indifférence, il est surtout nécessaire de saisir pour soi-même, chaque jour, que Dieu nous aime.

Ph. Calame

Note de la rédaction : Pour nous, les aînés, il y a risque de pousser quelqu'un vers l'indifférence quand, avec maladresse et peu de grâce, nous émettons des critiques ou formulons des blâmes sur ses paroles ou ses activités. [ retour ]

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