|
Les
3 mondes
Le texte
ci-dessus donne la clé de nos relations avec le monde. Des dangers guettent le
croyant, même désireux de plaire au Seigneur. Veillons donc de ne pas tomber
dans les deux grands pièges suivant :
Non, le croyant
est comme un bateau qui doit voguer, sans laisser l'eau (le monde) pénétrer à
l'intérieur. Mais, qu'est-ce
que le MONDE dans le langage biblique ? Nous trouvons au moins trois sens bien
différents de ce mot qui pourtant est le même dans la langue originale (en
grec "kosmos"). 1. Le monde
physique
C'est l'univers :
"Le monde est à moi (dit Dieu) et tout ce qu'il contient" (Ps 50,
12)". "Dieu a établi le monde par sa sagesse" (Jér 10, 12).
"Dieu... a fait le monde et toutes les choses qui y sont" (Actes
17.24). Ce monde-là est un témoignage à la grandeur de Dieu. "Les cieux
racontent la gloire de Dieu, et l'étendue annonce l'ouvrage de ses mains"
(Ps 19, 1). Nous n'avons pas à fermer les yeux sur lui, mais nous sommes plutôt
invités à nous pencher sur les merveilles de la création pour en apprendre
des leçons : "Va vers la fourmi, paresseux" (Prov 6, 6).
"Regardez les oiseaux du ciel... Etudiez les lis des champs" (Matt 6,
26 et 28). "Es-tu allé aux trésors de la neige ?" (Job 38, 22). 2. Le monde des
personnes
Dieu l'a
tellement aimé, qu'il a donné son Fils ! En lisant Matt 5,
14-16, nous apprenons que nous sommes la lumière de ce monde-là. Il ne s'agit
pas de le fuir, de s'isoler et de cacher sa lampe. Non, notre lumière doit
luire devant les hommes, en sorte qu'ils voient nos bonnes oeuvres et glorifient
notre Père. Donc pas question
de nous retirer dans un endroit protégé pour une vie monacale. Non, notre vie
devrait être une vie pleine de rencontres. Ce serait une erreur de s'isoler
dans une tour d'ivoire. "Je ne fais
pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal"
(Jean 17, 8). Seulement,
attention ! A force de côtoyer des incrédules, de travailler avec eux ou de
les inviter, il se pourrait que nous soyons influencés, pour ne pas dire imprégnés
de l'esprit du monde, que nous commencions à penser comme lui.. Et voilà le
deuxième piège... celui de prendre l'eau ! 3. Le monde des
idées, l'esprit du monde
Bien des croyants
ont fait la triste expérience qu'en étant très bien intégrés dans le monde,
par exemple par leur position sociale élevée, ils ont souvent été piégés
par lui. Esther
(voir Esther ch. 4) se trouve dans un pays étranger dont le gouvernement n'est
pas soumis à Dieu. Et la voilà choisie comme reine. Elle pouvait difficilement
rêver d'une position plus élevée (et plus dangereuse...) Abdias
(voir 1 Rois 18), a une position élevée à la cour du roi Achab. Il a même réussi
à sauver 100 prophètes de Dieu en les cachant à Jézabel. Sa position lui a
permis de faire cela sans être inquiété. Maintenant, Elie lui demande un
autre service : annoncer sa venue à Achab. Abdias prend peur. Il commence par
refuser en prétextant qu'Achab est si redoutable qu'une simple erreur lui fera
perdre la vie. Ainsi, le fait de vivre dans la proximité d'Achab n'aide pas
Abdias à faire confiance à Dieu, mais plutôt le pousse à craindre Achab. Abraham et
Isaac (voir Gen. 12 ; 20 ; 26), tous deux, ont cherché de l'aide auprès
d'un grand de ce monde (le Pharaon ou Abimélec). Ce faisant, ils se sont laissés
aller au mensonge par peur. La confiance en Dieu, pourtant grande chez ces
patriarches, s'en était allée pour laisser la place à la crainte d'un homme. Pierre est
tombé en se mêlant à un groupe d'incrédules convaincus que Jésus devait être
condamné. Devant le nombre, courant le risque d'être malmené, il choisit de
se préserver et renie son Sauveur et Maître (Luc 22, 55-60). Quelle tristesse
! Que dire de Lot
? Ayant mal choisi d'habiter dans Sodome, une ville corrompue, il a si peur
qu'il est prêt à sacrifier ses deux filles (Gen. 19, 8). Pour préserver
l'estime de notre chef au travail, de notre collègue ou de notre voisin, nous
sommes peut-être tentés de dire un petit mensonge, de faire une entorse à la
morale... En faisant ainsi, nous donnons la victoire au monde. Parfois, il vaut
la peine d'annoncer tout de suite la couleur, de dire clairement que nous ne
voulons pas mentir, ni tricher, ni médire, ni nous venger. Le monde cherche à
nous absorber. Résistons fermement. Le compromis est le début de la défaite. Cette attitude
de faiblesse apparente n'est pas une fatalité : Dès le début, Daniel
et ses 3 amis ont montré toute fermeté à l'égard des mets délicats (Dan.
1), puis à propos de la statue d'or (Dan. 3), et enfin Daniel l'a fait pour la
prière (Dan. 6). Les sages-femmes
du pays d'Egypte ont refusé de tuer les bébés mâles, de même que les
parents de Moïse. Moïse à
son tour refusa d'être appelé fils de la fille du Pharaon. Outre la peur,
le monde peut nous faire tomber par imitation. 1 Jean 2, 16 nous
apprend que ce qui caractérise le monde que nous ne devons pas aimer, c'est la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l'orgueil de la vie. Salomon,
le roi de gloire, s'est laissé conduire par la convoitise de la chair et celle
des yeux pour prendre 1000 femmes, dont plusieurs adoraient d'autres dieux. Il a
ensuite montré une grande tolérance envers le culte idolâtre, puis son coeur
s'est laissé détourner, et enfin il a collaboré activement au faux culte en
construisant des hauts lieux pour les idoles de ses femmes. Pourtant, Salomon
lui-même avait écrit "Garde ton coeur plus que tout ce que l'on garde,
car de lui sont les issues de la vie" (Prov. 4, 23). Si lui est tombé, le
danger est aussi bien réel pour nous. Le chemin du
croyant est donc étroit. D'un côté il
peut tomber, comme les pharisiens, dans le danger de mépriser ou de fuir les
gens du monde, de les regarder de haut... Et de l'autre, il
peut se laisser influencer par le monde et absorber par ses idées, soit parce
qu'il a peur de prendre position, soit parce qu'à la longue "les mauvaises
compagnies corrompent les bonnes moeurs" (1 Cor. 15, 33). Quelqu'un a aussi
dit : "Qui s'assemble finit par se ressembler". Revenons au
Seigneur lui-même. Dans la maison de Simon le pharisien, il mange à sa table,
en contact avec "le monde". Mais dès que Simon s'engage sur la voie
de la médisance et du mépris, Jésus lui répond en s'opposant avec force à
l'esprit du milieu où il se trouve, et il apporte la lumière de la vérité.
(Luc 7, 40). Assez de grâce
pour s'approcher des gens (et les aider), assez de vérité pour ne pas
participer à la corruption qui est dans le monde. Quel exemple ! Et quel
programme ! J.-Ph.
Chavey |
|