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Les deux fonctions du chrétien

En Israël, sous la loi

Quand Dieu a fait sortir d'Egypte son peuple, il l'a établi pour être un peuple de sacrificateurs, une nation sainte (Ex. 19. 6). Le prophète Esaïe, après plusieurs siècles d'histoire mouvementée en Israël, lui rappelle le rôle qu'il devait remplir dans le monde :

  • "Vous êtes mes témoins, dit l'Eternel" (Es. 43. 10, 12)
  • "J'ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange" (Es. 43. 21).

Les siècles se sont succédés au cours desquels l'infidélité d'Israël s'est manifestée de plus en plus. Le jour vint où Israël dut être déporté à Babylone. Revenu dans sa terre, il n'a plus pu retrouver son rôle précédent, ni n'a pu être témoin de Dieu ou raconter ses louanges.

Dans la période actuelle

Avant que le Seigneur ressuscité ne remonte au ciel, il a confié à ses disciples une mission particulière. Laissés dans le monde en l'absence de leur Maître, ils ont reçu un rôle, et nous avec eux : "Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre" (Actes 1. 8). Témoins d'une oeuvre et d'une Personne, tels sont les chrétiens qui ont foi en la Parole de Dieu.

Où en sommes-nous quant à ce témoignage ? Chacun y est impliqué personnellement et participe aussi à la responsabilité collective de la chrétienté ; or qu'en est-il à ce sujet ? Quelle image de la foi chrétienne avons-nous donnée au monde ? Si l'Evangile a eu si peu d'impact parmi les nations du tiers-monde, n'est-ce pas à cause de la misère morale qui caractérise l'occident chrétien ? Nous n'avons donc pas mieux fait que le peuple d'Israël. Mais tout n'est pas perdu, car Dieu n'abandonne pas son projet à cause de la défaillance des hommes.

Une sainte sacrificature

Parmi l'ensemble de ceux qui portent le nom de chrétiens, nombreux sont ceux qui ont la véritable foi du coeur. Dispersés dans les divers cercles de la chrétienté, Dieu les connaît et il les voit selon leur unité réelle. Ils sont ensemble ce que la Bible appelle "la maison de Dieu, l'Assemblée du Dieu vivant" (1 Tim. 3. 15). Cette maison est une maison spirituelle, formée de pierres vivantes, et sa fonction est celle d'une "sainte sacrificature pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu, par Jésus Christ" (1 Pierre 2. 5). En Israël, ce rôle était dévolu à une classe particulière, les descendants d'Aaron. Actuellement, il n'est plus réservé à quelques-uns seulement, mais chaque vrai croyant est appelé à remplir le rôle de sacrificateur pour offrir à Dieu la louange : "Offrons donc par lui, sans cesse à Dieu, un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom" (Hébr. 13. 15). C'est un service surtout collectif, mais s'il n'est pas réalisé par chacun dans le particulier, il ne pourra guère être rempli harmonieusement au moment du culte. Les voix de tous doivent s'unir pour exalter leur Sauveur et dire devant Dieu la gratitude de leur coeur.

Ainsi groupés ensemble, les croyants ont conscience que plusieurs de leurs frères dans la foi se trouvent en d'autres lieux, voire isolés. La vraie "maison de Dieu" n'est pas un groupe particulier, c'est tous les vrais chrétiens dont les péchés ont été lavés dans le sang de Jésus Christ. Ils sont tous ces "pierres vivantes" établies sur le solide fondement posé par Dieu, Jésus Christ, maîtresse pierre du coin, élue et précieuse (1 Pierre 2. 6 ; Es. 28. 16). Lorsque des croyants sont rassemblés, ils ont le privilège de pouvoir réaliser, même dans une mesure restreinte, ce qui est la part de l'ensemble. La louange monte alors devant Dieu, comme l'encens offert sur l'autel d'or ; c'est le parfum du nom de Jésus que Dieu reçoit avec satisfaction. "Sacrifie à Dieu la louange, et acquitte tes voeux envers le Très-haut... Celui qui sacrifie la louange me glorifie" (Ps. 50. 14, 23).

Une sacrificature royale

Une double fonction est dévolue au chrétien : Pierre parle d'une double sacrificature. La sainte sacrificature est accompagnée de la sacrificature royale : "Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale... pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière" (1 Pierre 2. 9). C'est le rôle des témoins de Jésus qui ont été lavés par son sang, arrachés aux ténèbres morales où le péché les avait plongés, et transportés dans la lumière de l'Evangile qui rayonne de la croix du Calvaire.

Nous sommes laissés dans le monde pour y être ses témoins en attendant que le Seigneur vienne nous chercher. Comme Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, ainsi le Fils y envoie ses rachetés (Jean 17. 18). Nous sommes ses représentants, ses ambassadeurs sur la terre (2 Cor. 5. 20). Chacun a reçu ce rôle pour le remplir selon les nombreuses occasions placées devant lui. Notre "témoignage" consiste à proclamer autour de nous les vertus de notre Sauveur, démontrer par notre vie entière, par nos actes et par nos paroles, ce que Jésus est pour nous et ce qu'il a fait de nous. Ce témoignage est d'abord individuel, mais il est aussi collectif ; parfois ce ne sont que de petits groupes, même deux par deux. Chaque groupe de croyants est responsable devant Dieu, mais aussi devant le monde auquel il s'adresse. N'oublions pas que la défaillance de l'un porte préjudice au groupe entier.

Cette sacrificature royale est un trait d'union entre le roi du ciel et la terre des humains. Son message est un message royal, c'est l'invitation du roi qui veut offrir un festin à ses sujets (Matt. 22. 1-12). Le festin de la grâce est libre d'accès, l'invitation s'adresse à tous, car tout est prêt et la place est suffisante. Que nul ne s'y dérobe ! Soyons fidèles au mandat qui nous est confié afin de proclamer bien haut la bonne nouvelle du salut par Jésus Christ :

"Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3. 16).

F. Gfeller

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