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Marcher, courir, combattre

On dit fréquemment d'une personne qui vient de décéder qu'elle est morte comme elle a vécu. Ce constat est généralement bien à propos, tant il est vrai que la manière dont on termine sa vie est souvent significative de la manière dont on l'a traversée.

Quelques personnages bibliques

  • Jacob, selon Hébreux 11, est mort appuyé sur son bâton ; celui qui avait été si actif durant toute sa vie ne pouvait pas mourir dans la passivité. Il termine sa vie comme il l'a vécue : en adorant, appuyé sur son bâton.
  • Joseph, après avoir connu le déracinement, l'esclavage, la prison, la gloire, le tout dans une confiance inébranlable en son Dieu, s'est éteint doucement, " rassasié de jours ", et en formulant une prophétie concernant la délivrance d'Israël. Il a terminé sa vie comme il l'avait vécue : dans la confiance que Dieu réserve des jours meilleurs !
  • Samson, après toutes les catastrophes qu'il avait pu déclencher, est mort au cours de celle qui a dépassé toutes les autres. Il a terminé sa vie comme il l'avait vécue : dans un violent combat contre les Philistins.
  • Pierre, en exprimant les élans de son coeur, avait promis à Jésus qu'il le suivrait jusqu'au bout. En Jean 21, Jésus lui fait comprendre qu'il mourrait en martyr. L'histoire confirme ce fait : Pierre a été crucifié, comme son Seigneur. Celui qui était si entier dans ses sentiments et prompt à suivre son maître n'allait pas terminer sa vie en demi-teinte ; il l'a terminée comme il avait voulu la vivre : jusqu'au bout avec Jésus !

Le "paradoxe" d'Enoch

Le cas d'Enoch semble pourtant très différent.

Quatre versets nous parlent de sa vie (Gen 5, 21-24) :

"Hénoc vécut soixante-cinq ans, et il engendra Methushélah. Et Hénoc, après qu'il eut engendré Methushélah, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles. Et tous les jours de Hénoc furent trois cent soixante-cinq ans. Et Hénoc marcha avec Dieu ; et il ne fut plus, car Dieu le prit".

Un verset nous parle de sa fin (Héb. 11. 5) :

"Par la foi, énoch fut enlevé pour qu'il ne vît pas la mort ; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu l'avait enlevé ; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu".

Toute sa vie, Enoch a marché. Sa vie semble bien ordinaire, mais sa fin est tout à fait extraordinaire : il l'a termine sans passer par la mort !

Enoch est-il un cas exceptionnel, une vie ordinaire couronnée par une fin extraordinaire ? Probablement pas. Car l'ordinaire de la vie d'Enoch n'était pas fait de banalités. Il était en relation naturelle et permanente avec Dieu. Il n'est pas écrit qu'il a marché sous le regard de Dieu, ou en recherchant la volonté de Dieu, mais qu'il a marché avec Dieu, comme si Dieu était son compagnon de route, et cela pendant trois cents ans ! Il a dû s'en passer des choses entre Dieu et Enoch durant ces trois siècles... Comprenons que le compagnon de route d'Enoch n'était rien moins que le grand Dieu des cieux, Celui qui, par sa parole, avait créé l'univers tout entier ! Ainsi le passage de la terre au ciel était bien pour Enoch le prolongement de sa vie. Il a bien terminé sa vie comme il l'avait vécue : dans une merveilleuse communion avec Dieu.

Marcher

On peut certainement formuler le même à priori concernant notre propre vie que celle d'Enoch : elle est bien ordinaire. Mais, comme dans le cas d'Enoch, il n'appartient qu'à nous d'abandonner la banalité et la fadeur de notre vie. Car si le Seigneur devient notre compagnon de route de chaque instant, alors notre ordinaire sera aussi rempli d'une grande richesse.

Qu'est-ce qui détermine la qualité de notre marche ? Qu'est-ce qui lui donne sa dimension, sa valeur ?

Ce ne sont ni notre préparation, ni notre persévérance, ni la longueur de nos pas, ni la difficulté des obstacles à franchir, ni rien qui soit de nous-mêmes.

Ce qui détermine la qualité de notre marche, ce qui lui donne sa dimension, c'est la personne avec laquelle on marche.

Enoch a marché avec Dieu ; là est la richesse et la noblesse de sa marche.

Courir

Notre vie ne consiste pas seulement à marcher, mais aussi à courir.

"Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus" (Phil. 3. 14).

Qu'est-ce qui détermine la qualité de notre course ? Qu'est-ce qui lui donne sa dimension ?

Encore une fois, ce ne sont ni notre valeur propre, ni notre façon particulière de courir, ni nos compagnons de course.

Ce qui détermine la qualité de notre course, ce qui lui donne sa dimension, c'est le but vers lequel nous courons, le prix à remporter à l'issue de la course.

Paul courait pour gagner Christ, ayant fait la perte de tout ce qui risquait de le retenir ; c'était cela la richesse et la noblesse de sa course. Il avait compris quel était le seul but vraiment utile, Jésus Christ.

Il pouvait déjà dire : "Pour moi, vivre, c'est Christ" (Phil 1. 21), pourtant il reconnaissait n'avoir pas encore reçu le prix. Un peu plus loin, il affirme : "Non que j'aie déjà reçu le prix ou que je sois déjà parvenu à la perfection; mais je poursuis, cherchant à le saisir, vu aussi que j'ai été saisi par le Christ" (Phil. 3. 12).

L'apôtre Paul sentait encore sa faiblesse, l'action perverse de la chair en lui, et il aspirait à ce but qu'il poursuivait, à savoir être un jour dans la plénitude de Christ, être complètement identifié à lui.

Combattre

En plus d'une marche et d'une course, la vie est aussi un combat. Encore une fois, l'apôtre Paul constitue un bon exemple et nous fournit un enseignement précieux :

"Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de l'armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable... afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et, après avoir tout surmonté, tenir ferme (Eph. 6. 10-13).

Qu'est-ce qui détermine la qualité de notre combat ? Qu'est-ce qui lui donne sa dimension ?

Ce ne sont ni l'énergie que nous dépensons, ni notre courage, ni quoi que ce soit de nous-mêmes.

Ce qui détermine la qualité de notre combat, ce qui lui donne sa dimension, c'est l'ennemi que nous combattons.

Si nous nous battons contre les personnes, des incrédules ou même nos frères qui ne pensent pas comme nous, nous nous trompons d'ennemi. Notre combat est de nature spirituelle ; ce qui en détermine la qualité ce sont les armes utilisées, et ce qui lui donne sa dimension ce sont les ennemis que nous tenons en échec. Gardons-nous des fausses cibles, car notre véritable ennemi est Satan et sa puissance de méchanceté qui agit par le moyen des séductions du monde et de nos propres convoitises.

L'apôtre Paul insiste beaucoup sur le rôle de la prière dans notre lutte contre Satan : "Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps" (Eph. 6. 18). Nous avons raison de confier à Dieu nos soucis, de lui demander de résoudre les problèmes de ceux que nous aimons. Mais nous avons aussi un véritable combat à mener dans la prière ; et je pense au combat que Dieu mène contre le diable pour arracher des âmes à son emprise ; nous pouvons participer à ce combat par le moyen de la prière.

"Persévérez dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâces ; priant en même temps aussi pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la parole, pour annoncer le mystère du Christ" (Col. 4. 2-3). "Mais je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et par l'amour de l'Esprit, à combattre avec moi dans vos prières à Dieu pour moi" (Rom. 15. 30). "Epaphras... vous salue, combattant toujours pour vous par des prières, afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu" (Col. 4. 12).

Vivre

Ainsi, la vie du chrétien consiste à marcher, courir, combattre.

Selon quelles proportions ? Un tiers de marche, un tiers de course, un tiers de combat ?

En fait, la vie du chrétien est toujours une marche, toujours une course, toujours un combat.

Au cours de sa vie, le croyant

  • marche avec Dieu
  • court pour gagner Christ
  • combat contre Satan

Il s'agit là d'un programme très élevé, et nous comprenons facilement que la réussite de notre marche, de notre course et de notre combat ne dépend pas de nos propres efforts. C'est seulement dans une grande dépendance du Seigneur que nous pourrons les mener à bien. Dieu veut nous faire mener une vie à sa dimension, et elle est la nôtre depuis que nous lui appartenons. Et les moyens que Dieu met à notre disposition sont tout à fait suffisants pour nous faire réussir, n'en doutons pas. Enoch et Paul n'en ont pas douté, pour leur plus grand bonheur et pour la gloire de Dieu.

P.-Y. Duron

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