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Que
suis-je ?
Mon identité
Pleinement
conscient de son indignité, l'apôtre Paul peut pourtant dire : "Par la grâce
de Dieu, je suis ce que je suis" (1 Cor. 15. 10). Exhortant chacun à
"ne pas avoir une haute pensée de lui-même, au-dessus de celle qu'il
convient d'avoir" (Rom. 12. 3), le même apôtre dit aussi : "Que,
dans l'humilité, l'un estime l'autre supérieur à lui-même" (Phil. 2.
3). Deux dangers
apparemment contradictoires guettent le croyant au sujet de l'appréciation de
lui-même, et spécialement lorsqu'il commence à se comparer aux autres :
Ce que l'apôtre
Paul dit de lui-même en 1 Cor. 15 est un modèle d'équilibre. Il souligne
d'abord sa propre indignité : "Je suis le moindre des apôtres" (v.
9). Ensuite, il relève ce que la grâce divine a fait de lui : "Par la grâce
de Dieu, je suis ce que je suis" (v. 10a). Puis ce que cette grâce a fait
par lui : "J'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous" (v. 10b). Enfin,
il souligne que lui-même n'y est pour rien, en ajoutant : "Non pas moi
toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi" (v. 10c). Une juste appréciation
de l'identité que Dieu nous donne quand nous recevons sa grâce permet de
prendre conscience de notre rôle comme membre du corps de Christ. Nous
comprenons aussi que chaque croyant reçoit une fonction particulière de la
part de Dieu et qu'il en est responsable pour lui-même. Animé par un esprit de
grâce, il découvre alors chez ses frères du fruit supérieur au sien, produit
par le Saint Esprit. Mon activité
Lorsque la grâce
de Dieu a été reçue dans le coeur, l'Esprit Saint, par le moyen de la Parole,
communique une vie nouvelle, dont l'origine et la nature sont divines : "A
tous ceux qui l'ont reçu (c'est-à-dire Christ, vraie lumière venue dans le
monde) il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu... lesquels sont nés...
de Dieu" (Jean 1. 12, 13). C'est ce que Jésus dit à Nicodème en parlant
de nouvelle naissance : être nés d'eau et de l'Esprit (Jean 3. 3-8). Le
croyant est une création nouvelle. Il possède une vie nouvelle, il est
"en Christ" (2 Cor. 5. 17). C'est sa nouvelle condition et c'est ainsi
que Dieu le considère. Toutefois, ce qui
agissait précédemment dans mon être n'a pas été ôté : ma volonté propre,
mes pulsions naturelles, toujours enclines à agir de façon contraire à la
volonté divine. C'est ce que la Parole appelle "la chair" qui reste
soumise à "la loi du péché" (Rom. 7. 23). Bien que cette
"chair" soit toujours présente, ce n'est plus elle qui caractérise
et domine le croyant (Rom. 6. 14-22 ; 8. 2-9). Pour mieux faire
comprendre ce sujet difficile, essayons de l'expliquer sous la forme d'une allégorie,
malgré son inévitable imperfection : Un atelier mécanique
reçoit une machine automatique pour l'usinage de pièces particulières. Les
premiers essais ne donnent pas les résultats escomptés. Divers réglages et
modifications s'avèrent insuffisants : toutes les pièces fabriquées doivent
être retouchées et beaucoup finissent au rebut. Une nouvelle
machine est mise en place. Elle donne entière satisfaction. La vieille machine
est déconnectée et rayée de l'inventaire, mais on la laisse dans l'atelier
avec un panneau bien visible : "Hors service". Un ouvrier
consciencieux n'alimentera que la nouvelle machine, c'est évident. Un ouvrier négligent
sera peut-être tenté de faire marcher l'ancienne. On comprend aisément le préjudice
porté à la production, surtout du fait qu'on est habitué maintenant à un
usinage précis avec la nouvelle machine. Il est presque
superflu d'expliquer comment cet exemple s'applique à la vie du croyant.
Faisons-le quand même en quelques mots : La première
machine défectueuse, c'est notre "première manière de vivre", notre
"vieil homme" ou notre "chair" qui ne peut que se corrompre
en suivant ses convoitises trompeuses (Eph. 4. 22). Le panneau
"Hors service" est la condamnation portée par Dieu lui-même et exécutée
à la croix de Christ où le péché dans la chair a été condamné (Rom. 8.
3), notre "vieil homme" crucifié (Rom. 6. 6) et notre
"chair" aussi (Gal. 6. 6) quand Jésus "est mort une fois pour
toutes au péché" (Rom. 6. 10). La nouvelle
machine dont la fonction répond aux exigences de fabrication, c'est la vie du
"nouvel homme... selon l'image de celui qui l'a créé" (Col. 3. 10). La nouvelle
source d'énergie, c'est le Saint Esprit qui verse l'amour de Dieu dans nos
coeurs (Rom. 5. 5) et qui seul nous constitue vainqueurs en rendant inopérantes
les convoitises de la chair (Gal. 5. 16). L'ouvrier
responsable d'alimenter la nouvelle machine en laissant l'autre en repos, c'est
le croyant lui-même auquel la Parole dit : "Tenez-vous donc vous-mêmes
pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus"
(Rom. 6. 11). Il en résulte la production régulière du "fruit de
l'Esprit" avec ses neuf caractéristiques, à la gloire de Dieu. F.
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