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Lot, un croyant "remorqué"

La Parole de Dieu relate la vie de nombreuses personnes, parmi lesquelles plusieurs sont remarquables par leur foi, leurs actions, leur engagement pour Dieu ; nous nous plaisons à relire et à méditer leur histoire. D'autres personnes sont décrites sans complaisance, avec tous leurs défauts et leurs manquements. Nous avons tendance à ne pas nous arrêter sur ces récits, estimant que cela "n'édifie pas".

Considérant Romains 15 v 4 : "Toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction...", nous réalisons qu'il y a un intérêt particulier à étudier aussi la vie de ces personnages-là, non avec une curiosité malsaine, mais pour en tirer les leçons voulues.

Le neveu d'Abraham (Gen. 13. 1-5)

S'il est dit de Noé qu'il marchait avec Dieu (Gen. 6. 9), il n'en est pas de même de Lot, le neveu d'Abraham. Abraham avait reçu personnellement l'appel de Dieu, mais on ne sait pas très bien pour quelle raison Lot l'a suivi.

Lot marche par la vue alors qu'Abraham marche par la foi : c'est toute la différence entre ces deux personnes, pourtant issues de la même famille.

Nous voyons constamment Lot rester dans le sillage d'Abraham, et tant qu'il y reste, il participe à la bénédiction qui touche son oncle.

Lot est l'image de ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui "un chrétien à la remorque".

Le Lot moderne est "tiré" spirituellement, soit par un conjoint fidèle, soit par des parents solidement établis en Christ, ou des enfants engagés pour le Seigneur, soit encore par des frères et surs dans la foi. Mais lorsqu'il est seul, il perd tout élan, et il cède très facilement au découragement.

Oncle et neveu se séparent (Gen. 13. 6-13)

Pour révéler l'état réel des coeurs et des pensées intimes, Dieu va faire en sorte que Lot soit obligé de se séparer de son oncle Abraham. Ce qui avait été une bénédiction, l'énorme prolifération de leurs troupeaux, va devenir une pomme de discorde, et c'est la dispute inévitable entre les bergers pour l'usage de pâturages devenus trop petits pour leur bétail (Gen. 13. 4-7).

Lot doit choisir, et au mépris de toute bienséance, au lieu de laisser son oncle plus âgé choisir le premier, il porte ses yeux sur le visible, la voie facile, la plaine fertile.

Lot s'installe donc dans la vallée et il s'approche de Sodome sans réticence (13. 12). Il n'y entre pas, certes, mais il plante ses tentes jusqu'à Sodome, un nid de péché...

Après toutes ces années bénies en compagnie d'Abraham, il vit maintenant à proximité de ce lieu souillé. La Parole nous avertit : "les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs" (1 Cor. 15. 33).

Lot dans Sodome (Gen. 14. 12)

Plus tard, c'est la guerre qui entraîne Lot : il est alors remorqué par l'ennemi (14. 12). Ensuite, après la délivrance miraculeuse opérée par Abraham et ses 318 hommes (14. 16), Lot se réinstalle tranquillement à Sodome. L'avertissement n'a pas suffi, et il semble que la conscience de Lot soit bien cautérisée.

Mais que peut bien faire Lot à Sodome ?

2 Pierre 2. 8 dit que ce pauvre homme se tourmentait lui-même en regardant ce qu'il ne devait pas voir, et en entendant ce qu'il ne devait pas entendre ! Alors, au lieu de déménager, il reste là, parce qu'il n'a pas la force, ni l'énergie de partir.

Triste descendant de l'intègre Noé, égaré dans une ville méritant le jugement, Lot est bien l'ancêtre de certains chrétiens d'aujourd'hui, qui préfèrent souffrir d'un coupable compromis avec le mal plutôt que de fuir le péché.

Bien que n'étant pas de Sodome, puisque l'Ecriture l'appelle un juste, c'est pourtant là que Lot vit, et qu'il reste.

Certains chrétiens, sans vivre d'une manière mondaine, gardent au plus profond d'eux-mêmes l'amour du monde (1 Jean 2. 15). Cependant il est merveilleux de constater que Dieu aime Lot et veut le sauver malgré tout.

Lot et les anges (Gen. 19. 1-23)

Au chapitre 19, nous retrouvons Lot installé cette fois-ci à l'intérieur de Sodome. Il ne s'est pas contenté de rester aux abords de la ville. Aussi dans la nuit tragique qui suit la visite des anges, Lot est pris entre deux pièges :

  • s'il ne satisfait pas la foule, il en est fait de sa réputation,
  • s'il cède, il perd son honneur aux yeux des deux anges qu'il abrite.

Alors, il calcule et propose l'ignoble marchandage d'un père qui préfère perdre l'honneur de ses deux filles plutôt que sa propre réputation (v 8).

Lot avait dit aux anges : "Mes seigneurs..." (v 2), et il dit aux gens de Sodome : "mes frères..." (v 7). Il est habile à changer de personnes, mais sa position est inconfortable, parce qu'elle résulte d'un compromis !

Devant une telle situation, le monde est rapide à dénoncer l'hypocrisie. Les Juifs ont dit à Pierre, le disciple camouflé : "Ton langage te fait reconnaître..." (Mat. 26. 73).

En conséquence, Lot se fait traiter d'étranger par ceux qu'il appelle ses frères (v 9). Lot a proposé un mal pour en éviter un autre. C'est l'échappatoire d'un homme qui, connaissant Dieu, n'a pas marché personnellement avec Lui. Depuis le début de sa vie, il s'est toujours fait "remorquer", et voilà comment il agit quand il est seul.

La Parole nous enseigne à nous séparer du mal : "Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Bélial ? ou quelle part a le croyant avec l'incrédule ?" (2 Cor. 6. 14).

La situation est devenue très grave, et Lot n'hésite pas à sortir pour avertir ses gendres de la catastrophe imminente qui va fondre sur la ville. Mais voilà qu'ils croient à une plaisanterie (v 14). On est alors en droit de se poser deux questions :

  • Ou bien Lot était connu comme un plaisantin, et son intervention nocturne n'est pas assez "anormale" pour être prise au sérieux. Il devait s'agir d'une nouvelle "blague" de sa part ! A cet égard méfions-nous aussi de l'humour !... (Eph. 5. 4) On conçoit mal que Lot ait pu annoncer cette nouvelle tragique sans être bouleversé et donner tous les signes extérieurs de détresse.
  • Ou bien les gendres de Lot, incrédules et sans le moindre respect pour Dieu, font preuve d'une conscience absolument insensible... Mais alors, comment Lot a-t-il pu donner ses filles en mariage à ces individus ?

Au verset 15, Lot est encore chez lui. Dans la nuit, il est allé voir ses gendres avec empressement, mais à présent il tarde. Pourtant le temps est court, très court. L'échéance arrive à terme...

Lot a tant de peine à quitter ce qu'il aime. Doute-t-il que Dieu puisse exécuter ses plans ? (v. 16).

Alors qu'Abraham a la conviction que Dieu accomplit ce qu'il promet (Rom.4. 21), Lot est passif et nonchalant dans une telle situation, et il n'a pas conscience du jugement inéluctable.

Lot va-t-il bondir, empoigner ses gendres et ses filles selon l'ordre du verset 12 et les arracher de là comme Abraham l'avait enlevé, lui, lorsqu'il avait été emmené comme prisonnier (14. 16) ?

Non, Lot est figé sur place. Il tarde, tiraillé, calculant, cherchant encore un compromis avec Dieu pour habiter dans une petite ville, Tsoar (v. 20).

L'un des deux envoyés de Dieu est obligé de saisir Lot d'une main et sa femme de l'autre. Le second saisit avec ses deux mains les deux filles de Lot. Pour les gendres, il n'y a plus de main disponible. Au lieu que Lot entraîne toute sa famille loin de Sodome, c'est lui qui se fait remorquer, traîner hors de la ville.

Conclusion

En conséquence, Lot, amateur de confort et de vie facile, se retrouve veuf avec ses deux filles dans une caverne, car il a peur d'habiter dans une ville (v. 30).

Il est sauvé, oui, mais de justesse, et il a tout perdu. Nous voyons aussi que l'esprit d'immoralité de Sodome avait gagné ses deux filles qui ne vont pas tarder à tomber dans l'inceste, à l'origine de deux peuples ennemis acharnés d'Israël : Moab et Ammon.

Voilà la triste histoire, laissée pour notre instruction, d'un croyant qui s'est laissé traîner toute sa vie.

"De même aussi, comme il arriva aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais au jour où Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du souffre du ciel, qui les fit tous périr ; il en sera de même au jour où le fils de l'homme sera manifesté" (Luc 17 v 28-30).

"Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l'avance, prenez garde, de peur qu'étant entraînés par l'erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté ; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ" (2 Pi. 3. 17-18).

J.-P. Blairy

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