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L'assemblée d'Éphèse :
divers stades dans son développement
Parmi les villes des nations où une assemblée chrétienne s'est établie, Éphèse est probablement celle qui a eu le plus de privilèges. Nous pouvons discerner, pour notre instruction, divers stades dans la formation et le développement de cette assemblée.
L'apôtre Paul arrive à Éphèse, se rend à la synagogue et discute avec les Juifs. Ils le prient de prolonger son séjour ; Paul refuse et prend congé d'eux : "Il faut absolument, dit-il, que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem ; je reviendrai vers vous, si Dieu le veut"
(v.
21). Il laisse Priscilla et Aquilas, de modestes faiseurs de tentes, à Éphèse pour qu'ils poursuivent l'œuvre. A la synagogue, ils font la connaissance d'Apollos, un Juif d'Alexandrie. Son éloquence et sa connaissance des Écritures frappent tous ceux qui l'entendent. Mais son message est incomplet et sa connaissance de la foi chrétienne a des lacunes. Il enseigne que Jésus est Seigneur, mais ne connaît que le baptême de Jean. Plutôt que d'intervenir publiquement pour compléter son message, Aquilas et Priscilla invitent Apollos chez eux et lui expliquent plus exactement la doctrine chrétienne
(v.
26). Le ministère d'Apollos, avec celui de Priscilla et d'Aquilas, est le point de départ du premier noyau de fidèles qui va former l'église d'Éphèse.
Comme application actuelle, nous pouvons déduire de ce récit que le témoignage de croyants, d'un couple ou d'une famille chrétienne, accompagné de l'enseignement de la Parole, est déterminant pour qu'une assemblée surgisse dans une localité. Ayant besoin de nourriture pour sa croissance, elle ne demande qu'à se développer.
Après plusieurs mois, l'apôtre Paul revient à Éphèse. Il rencontre une douzaine de croyants qui ont été baptisés du baptême de Jean, mais qui ignorent la présence du Saint Esprit, pourtant annoncé par Jean. Paul leur enseigne la doctrine chrétienne et ils sont baptisés "pour le nom du Seigneur Jésus". Si l'apôtre n'était pas intervenu, l'assemblée à Éphèse aurait vite rencontré des difficultés par la présence de croyants baptisés d'un autre baptême que celui réalisé au nom du Seigneur.
Pendant trois mois, Paul poursuit son enseignement dans la synagogue. Comme l'enseignement de Paul suscite l'opposition des Juifs, l'apôtre choisit de se retirer avec les disciples dans un autre bâtiment où se tient une école de philosophie. Pendant 2 ans, il y enseigne tous les jours. Cette démarche de l'apôtre montre que le témoignage chrétien peut être rendu en tous lieux et que la foi ne peut s'édifier que sur de solides bases doctrinales.
Satan dirige alors d'une autre manière ses attaques contre l'apôtre et les croyants. Des exorcistes juifs, impressionnés par les miracles qui accompagnent le témoignage de Paul, essayent de rivaliser avec lui en utilisant le nom de Jésus pour chasser les démons. Ces imposteurs sont démasqués quand ils deviennent les victimes de l'esprit malin qu'ils prétendent combattre. On ne prend pas le nom de Dieu en vain.
Dieu permet des combats pour fortifier la foi des siens et les préparer, individuellement ou collectivement, à des assauts plus violents. La jeune assemblée d'Éphèse les a soutenus avec fermeté, par exemple lors de l'émeute déclenchée par un commerçant qui tirait profit du culte rendu à la déesse Diane et craignait la faillite de son trafic idolâtre
(v.
22-41). Les chrétiens d'Éphèse ont même voulu être seuls dans la mêlée pour épargner l'apôtre
(v.
30).
Oui, la lutte pour l'évangile fortifie les croyants plutôt que de les affaiblir et leur permet de mieux résister aux attaques de Satan.
A la suite de l'émeute à Éphèse, l'apôtre quitte la ville. Il désire visiter une nouvelle fois les assemblées de Macédoine et de Grèce. Environ une année plus tard, ne pouvant s'arrêter à Éphèse en revenant d'Europe, Paul fait venir auprès de lui, à Milet, les anciens de l'assemblée d'Éphèse. Il leur fait des adieux chargés d'émotion car il sait qu'il ne les reverra pas. Après avoir fait le bilan de sa vie au service du Seigneur, Paul attire l'attention des anciens sur leurs responsabilités et les avertit des dangers à venir.
Rien n'est dit de ce qui s'était passé à Éphèse durant l'absence de l'apôtre, mais l'assemblée n'a pas été déstabilisée. Au contraire, elle s'est développée puisque le Saint Esprit y a établi des frères fidèles comme "surveillants"
(v.
28).
Ne cherchons donc pas à substituer l'action de l'Esprit par une institution humaine pour conduire l'assemblée, mais soyons attentifs à ce que l'Esprit nous montre pour faire régner l'ordre et la paix dans les églises locales.
Lors de la rencontre de Paul à Milet avec les anciens d'Éphèse, l'apôtre leur fait part de tous ses sentiments à leur égard. Il leur rappelle son travail et son dévouement au milieu d'eux et leur annonce des choses pénibles à entendre : "Après mon départ, leur dit-il, il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau ; et du milieu de vous-mêmes surgiront des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux"
(v. 29,
30). Cette prophétie, qui aurait pu troubler les frères, est assortie d'une parole de grâce : "Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d'édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés"
(v.
32). Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que cette prophétie se réalise. Quand, vers la fin du 1er siècle, Jean écrit à l'assemblée d'Éphèse, des faux docteurs ont déjà cherché à corrompre cette assemblée, mais sans succès.
Quand la foi les saisit, les promesses de Dieu qui accompagnent ces avertissements solennels permettent aux croyants de surmonter les épreuves annoncées.
Le discours de l'apôtre aux anciens d'Éphèse a dû avoir un effet salutaire sur l'assemblée entière. L'apôtre avait parlé au cœur des croyants. Donnés dans l'amour, reçus dans l'amour, les avertissements produisent ce que l'amour engendre toujours, l'obéissance.
Plusieurs années passent, l'apôtre Paul est maintenant en prison à Rome. Il est certainement tenu au courant de la situation des assemblées par les visiteurs qu'il est libre de recevoir.
L'assemblée d'Éphèse lui tient à cœur, car il a passé trois années dans cette ville. Il sait que les frères et leurs familles sont restés attachés au Seigneur, et il en rend grâces à Dieu. La lettre qu'il leur envoie depuis sa prison est imprégnée de sentiments de reconnaissance. Mais cela ne l'empêche pas d'insister particulièrement sur la nécessité de maintenir une croissance spirituelle régulière, à l'image de la croissance de l'enfant jusqu'à l'âge adulte. Les bénédictions célestes qui sont la part du racheté ne le dispensent pas de poursuivre son développement dans l'amour et dans la vérité jusqu'à Christ
(Eph. 4.
15). Pour cela, toutes les ressources de la grâce divine sont à sa disposition
(3.
16-19).
Soulignons les points essentiels de cette épître si importante :
- Bénédictions célestes assurées (Ch.
1)
- Salut parfait par la grâce de Dieu (Ch.
2)
- Révélation du mystère du corps de Christ et son effet sur tous (Ch.
3)
- Conditions à la croissance spirituelle individuelle et collective des croyants
(Ch.
4)
- Exhortations pratiques pour le croyant, le couple et la famille (Ch.
5)
- Instructions pour tenir ferme contre les ruses du diable (Ch.
6)
Cette lettre adressée à l'assemblée à Éphèse a une portée universelle, comme tous les écrits du Nouveau Testament. Les coutumes changent avec le temps et selon les lieux. Cependant les principes établis par la Parole restent applicables en tout temps et en tout lieu.
En partant pour la Macédoine, Paul laisse Timothée à Éphèse pour résister à l'influence de doctrines étrangères à la foi
(Ch.
1) et l'assemblée d'Éphèse est aussi confrontée à d'autres dangers : le rôle respectif des frères et des sœurs est mal compris
(Ch.
2), de sorte que l'apôtre doit préciser quelles sont les caractéristiques et les fonctions des frères, des sœurs, des anciens ou surveillants et des serviteurs ou diacres
(Ch.
3). Toute vie chrétienne doit être digne de Christ, et Timothée lui-même doit montrer l'exemple
(Ch. 4 à
6).
La présence de Timothée comme délégué de l'apôtre Paul constituait un frein au développement du mal, mais ne donnait pas de garantie absolue. Seul le Seigneur, par son Esprit, pouvait garder ces croyants, et cela par l'action de son amour dans les cœurs.
Il en est encore ainsi. Quelle que soit l'autorité établie, mais confiée à l'homme, quel que soit le niveau de connaissances bibliques de l'ensemble, rien ne remplacera l'amour divin qui devrait toujours remplir les cœurs. Si nous sommes vraiment occupés de l'amour du Seigneur pour nous, alors notre amour pour lui ne faiblira pas.
L'abandon du premier amour (Apoc. 2.
1-7)
Probablement trente ans se sont écoulés entre la rédaction de la première épître à Timothée et celle des sept lettres de l'apôtre Jean aux assemblées d'Asie. Le déclin a été rapide dans l'assemblée d'Éphèse. Connaissant l'état de chaque assemblée, le Seigneur en donne la raison initiale : l'abandon du premier amour.
Sur trois points essentiels, l'assemblée d'Éphèse restait toutefois remarquable : l'activité pour le Seigneur, la persévérance dans les épreuves, le maintien de la doctrine en pureté. L'assemblée avait été sensible aux avertissements de l'apôtre contre les faux docteurs, de prétendus apôtres : elle ne les tolérait pas en son sein.
Cependant, le véritable moteur qui faisait vivre cette assemblée avait été comme coupé. L'assemblée était active, mais ce qui l'animait n'était plus l'amour pour le Seigneur. Toute activité pour le Seigneur doit être motivée par l'amour pour le Seigneur pour qu'elle porte des fruits durables.
On dira peut-être : l'état spirituel de l'assemblée à Éphèse n'était pas mauvais - les œuvres, le travail et la persévérance caractérisaient les croyants - alors pourquoi des reproches sévères de la part du Seigneur et un appel pressant à la repentance ?
Les croyants sur la terre sont comparés à une ville située sur une montagne ; elle ne peut être cachée
(Matt. 5.
14). Mais pour être visible durant la nuit, ses lampes doivent être allumées. Si ce n'est pas le cas, le témoignage que le Seigneur est en droit d'attendre des siens se trouve annulé, et risque donc de leur être ôté pour être confié à d'autres croyants.
Prenons donc garde dans chaque église locale : le Seigneur ôte toute lampe qui ne remplit pas son rôle.
Retenons l'avertissement que Jésus nous adresse aujourd'hui : "Souviens-toi donc d'où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres"
(Apoc. 2.
5).
Écoutons la promesse adressée au vainqueur, à celui qui aura prouvé la réalité de sa conversion : "Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées : A celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l'arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu"
(Apoc. 2.
7).
F. Gfeller
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